Arrivé samedi à St Andrews, Victor Perez, le seul français engagé dans ce 150e The Open de l’histoire, est un peu comme chez lui. Domicilié à Dundee, à moins de trois-quarts d’heure en voiture, il avait ouvert son compteur en octobre 2019 au Dunhill Links Championship, sur ce même Old Course. Cela peut-il en faire un favori ?
Propos recueillis par Lionel VELLA, à St Andrews (Ecosse)
C’est le 150e The Open de l’histoire. Ce tournoi est-il différent des autres Majeurs que vous avez disputés ?
Pour moi, l’Open britannique à St Andrews est en haut de la pyramide. Après, dans la hiérarchie, c’est tous les Masters, tous les autres British, les US Open, etc. De le jouer ici, c’est toujours spécial. C’est tous les cinq ans. Et pour habiter dans le coin, on voit combien la ville change pendant une semaine.
Vous avez gagné ici le Dunhill Links Championship à l’automne 2019. Est-ce que cela vous redonne un peu de confiance alors que vous restez sur cinq cuts manqués d’affilée dans un tournoi du Grand Chelem ?
J’ai fait de bons résultats sur les tournois en amont (victoire fin mai au Dutch Open sur le DP World Tour). Et puis quand on regarde bien, je n’ai pas joué beaucoup de Majeurs avec du public. J’ai fait deux Masters à huis clos ou presque, même chose à l’US Open… En fait, c’est quasiment mon premier Majeur avec des gens autour de moi, avec une vraie ambiance… Mais je ne me mets pas trop la pression non plus du fait que le tournoi est plus important. Moi, je veux surtout performer toutes les semaines.
Le parcours est différent de celui qu’on a l’habitude de jouer au mois d’octobre durant le Dunhill, avec un vent qui est censé souffler contre de la gauche sur l’aller et avec sur la droite au retour
Vous venez de jouer dix-huit trous ce mardi après en avoir joué neuf dimanche. Que pouvez-vous nous dire sur ce parcours du Old Course ?
Il y avait pas mal de vent aujourd’hui (Ndlr, des rafales entre 32 et 40 km/h). Le parcours est différent de celui qu’on a l’habitude de jouer au mois d’octobre durant le Dunhill, avec un vent qui est censé souffler contre de la gauche sur l’aller et avec sur la droite au retour. Cela équilibre pas mal le parcours qui est assez ferme. En tout cas, c’est le sens de vent dans lequel j’avais gagné ici en 2019. Après, le parcours en octobre était beaucoup plus souple, on joue beaucoup plus long. Là, tout est déjà bien grillé alors qu’on est en début de semaine. Avec l’arrivée du public, il ne devrait pas y avoir trop de rough… Ici, j’ai toujours l’impression, quand c’est ferme, qu’il y a du vent et que c’est un peu « cramé », que c’est plus dur de placer la balle près des drapeaux. Et donc de faire des birdies. Même avec des clubs plus courts à taper. En revanche, quand c’est souple, on peut piquer au drapeau et la balle s’arrête… De toute façon, tous les trous avec vent avec, ils vont placer les drapeaux en début de green et ceux avec vent contre, ils auront les drapeaux en fond de green. Je pense qu’on va être super loin des drapeaux, c’est ce qu’ils ont prévu apparemment afin de mieux protéger le parcours.
Jouer des longs coups avec le putter, l’essence même des links, cela vous convient-il ?
J’aime bien. C’est un coup que j’ai l’habitude de faire car j’habite ici. C’est un coup que l’on utilise beaucoup. Ce sera donc d’abord des sensations, du feeling de loin pour arriver à se donner des putts car s’il y a du vent, on n’a pas envie de passer sa journée à batailler à deux-trois mètres.
On a beau faire la meilleure préparation, connaître les lieux mieux que tout le monde, si vous vous trouvez dans le mauvais draw (tirage) et que vous vous faites décalquer par le vent, ça ne changera rien
Quelle sera la clef du succès cette semaine ?
Pour moi, ce sera d’abord d’éviter les bunkers au départ (122) car on devrait être tous sur les mêmes positions et ensuite enchaîner deux putts. Il faudra essayer de prendre les deux-trois occasions sur les deux pars 5 et faire quelques points. Le 9 va être drivable, le 18 aussi… Si on fait deux bons départs, ça peut faire deux birdies… Il faudra donc optimiser cela et faire aussi un maximum de par.
Etes-vous d’accord pour dire que ce Majeur est certainement le plus difficile à se projeter en termes de pronostics tant la météo peut être totalement différente entre le matin et l’après-midi ?
On a beau faire la meilleure préparation, connaître les lieux mieux que tout le monde, si vous vous trouvez dans le mauvais draw (tirage) et que vous vous faites décalquer par le vent, ça ne changera rien. Et inversement, on peut très vite se retrouver en haut du leaderboard…
Quand je me suis réveillé le samedi avant le début du Scottish, j’avais l’œil droit complètement rouge. Je suis allé voir un opticien puis j’ai été à l’hôpital. Résultat, j’ai un ulcère sur le haut de l’œil
Pour quelle raison portez-vous des lunettes de vue cette semaine ?
Quand je me suis réveillé le samedi avant le début du Scottish, j’avais l’œil droit complètement rouge. Il y a eu un peu de panique. Je suis allé voir un opticien puis j’ai été à l’hôpital. Résultat, j’ai un ulcère sur le haut de l’œil, ce qui n’est pas évident pour moi. Je ne peux plus porter de lentilles pendant six semaines. Forcément, ce n’est pas l’idéal. A l’arrivée, j’ai réussi à trouver une paire de lunettes claires. En quinze ans de lentilles, c’est la première fois que cela m’arrive. On pense que j’ai attrapé une bactérie. Pas de chance !
Quel regard portez-vous sur le LIV Golf ?
Je n’ai pas tendance à mettre le nez dans des histoires… A savoir le pourquoi du comment… Ce que certains pensent et vice-versa… Cela ne va pas m’aider à mieux jouer au golf. J’ai toujours eu cette perspective, que je sois ici en Europe, là-bas ou en Asie, peu importe… La seule chose qui permet à ma carrière d’évoluer, c’est que je joue bien.
Etes-vous plus attaché au DP World Tour qu’à un autre circuit ?
Cette semaine, je joue le British Open. Cela ne va pas changer ma vie d’en parler. Je trouve que ça fait plus polémique qu’autre chose. C’est seulement ma quatrième année sur le Tour, je n’ai pas forcément mon mot à dire sur ce genre de question !
Photo : Kevin C. Cox / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP