Interdit aux femmes en tant que membres il y a encore cinq ans, Muirfield accueille cette semaine pour la première fois de son histoire un British Open féminin. Une décision qui remet en selle le mythique parcours écossais dans la rotation de The Open.
Lionel VELLA
Hôte de seize Open britannique entre 1892 et 2013, Muirfield était devenu « persona non grata » aux yeux du Royal and Ancient, qui détermine les sites qui reçoivent chaque année le plus ancien des Majeurs de golf. La célèbre institution n’avait en effet pas digéré ce vote de mai 2016 où les membres du vénérable Company of Edinburgh Golfers avaient écarté l’idée de l’entrée des femmes en tant que membres du club. A 14 voix près…
Prenant acte de cette décision d’un autre temps, le R&A avait alors « oblitéré jusqu’à nouvel ordre » le nom de Muirfield dans la rotation de The Open. Un sérieux coup de semonce – Muirfield est, rappelons-le, le 3e site le plus visité par The Open après St Andrews (30) et Prestwick (24) – qui obligea ses mêmes membres, exclusivement masculins bien sûr, à revoir leur copie avant de procéder à un second vote en mars 2017.
Nos enfants et les enfants de nos enfants ne comprennent pas pourquoi nous jouions dans un club réservé aux hommes
Vote qui acceptait enfin la gent féminine en son sein. « Nos enfants et les enfants de nos enfants ne comprennent pas pourquoi nous jouions dans un club réservé aux hommes. Le passé est le passé. Le progrès guide nos pas… », expliquait alors Douglas Connon, membre du Conseil d’administration du club.
Ce « retour en grâce » n’a pourtant pas été suivi de fait puisque Muirfield n’apparait toujours pas dans le calendrier des futures destinations de The Open. Le Royal Liverpool recevra l’événement en 2023. On ira ensuite à Troon en 2024 avant une nouvelle escapade vers Portrush en 2025, six ans seulement après la victoire de Shane Lowry en Irlande du Nord.
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Quid de Muirfield ? Il se murmure que 2027 pourrait lui être attribué. Quatorze ans après le succès de Phil Mickelson. En attendant, et pour bien montrer que le parcours de Gullane (East Lothian) est désormais solidement ancré dans le XXIe siècle, il reçoit entre jeudi et dimanche la 22e édition en mode Majeur du AIG Women’s Open.
Après l’US Women’s Open (10 millions de dollars de dotation) et le KPMG Women’s PGA Championship (9 millions de dollars de dotation), le British féminin est le mieux doté avec 7,3 millions de dollars. L’an passé, le prize-money était de 5,8 millions alors qu’en 2020, il ne dépassait pas les 5 millions (4,5 millions). Cette sensible réévaluation (26 % d’augmentation) permettra à la vainqueur d’empocher un sympathique chèque de 1 095 000 dollars (contre 870 000 en 2021).
Anna Nordqvist is loving being back in Scotland, a year after claiming the AIG Women’s Open at Carnoustie!@JennyDrummond1 caught up with the defending Champion at Muirfield as Anna looks to become only the fourth golfer to win back-to-back AIG Women’s Opens!#WorldClass pic.twitter.com/EeBcPK3hWG
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Victorieuse l’an passé à Carnoustie, la Suédoise Anna Nordqvist va tenter le doublé, exploit que seule la Taïwanaise Yani Tseng avait réalisé en 2010 et 2011. Toutes les meilleures spécialistes sont au départ. Du top 20 mondial au 1er août 2022, seules la Sud-Coréenne Min Jin Park et l’Américaine Danielle Kang, respectivement numéro 15 et 16 mondiale, sont absentes.
On suivra évidemment la Canadienne Brooke Henderson, n°5 mondiale, victorieuse à Evian il y a quinze jours mais aussi les nombreuses golfeuses coréennes comme Jin Young Ko (n°1 mondiale), Hyo Joo Kim (n°8), In Gee Chun (n°11 et lauréate du dernier PGA Championship) et Sei young Kim (n°12), ou encore la Néo-Zélandaise Lydia Ko, dans la forme de sa vie avec cinq tops 5 lors de ses six derniers départs.
29e Majeur pour Céline Boutier
Trois Françaises sont également engagées dans cet ultime Majeur de la saison. Deuxième au Scottish Open le week-end passé, Céline Boutier, 17e mondiale, a repris confiance après sa désillusion à Evian (cut manqué). La Francilienne installée à Dallas (Texas) dispute son 29e tournoi du Grand Chelem, son 8e British Open. Elle reste sur deux cuts manqués d’affilée dans cette compétition mais avait terminé 6e à Milton Keynes en 2019.
Perrine Delacour, 125e mondiale, prend part à son 3e British. La Picarde, qui avait animé les trois premiers tours à l’Amundi Evian Championship avant de craquer le dimanche, n’a jamais manqué un cut. Elle avait fini 39e en 2020 à Troon avant de prendre la 34e place l’an dernier à Carnoustie.
Enfin, qualifiée ce lundi à North Berwick (Ecosse) après trois trous de play-off, Céline Herbin, 39 ans, s’élance dans son 5e British où elle a franchi à deux reprises le cut (61e en 2018, 51e en 2020).
Photo : Mark Runnacles/R&A/R&A via Getty Images