En pleine canicule et alors que la majeure partie des golfs du pays peuvent arroser de manière limitée et uniquement leurs greens, certains parcours restent bien verts à l’instar du Golf Bluegreen Sainte-Maxime (83) qui utilise des eaux usées.
Certains golfs s’en sortent mieux que d’autres avec une politique de gestion de l’eau différente de celle à laquelle la plupart des parcours sont soumis. Explication.
Situé dans le Var (83) le Golf Bluegreen Sainte-Maxime détonne dans une région particulièrement touchée par la sécheresse. Fairways verts, greens et départs en parfait état mais comment est-ce possible ?
L’eau usée en solution miracle
Pour avoir un parcours dans cet état en août, ce 18 trous aux belles vues sur le Golfe de Saint-Tropez peut se permettre d’arroser abondamment ses greens, mais aussi ses fairways et ses départs. « À 99% c’est de l’eau usée de récupération, car on a également de l’eau de ruissellement qui vient alimenter notre lac mais en majorité ce ne sont que des eaux usées », explique le directeur du golf Stéphane Hassler.
En d’autres termes, le golf qui bat pavillon Bluegreen utilise les eaux usées traitées par la station voisine d’épuration pour arroser son parcours. « C’est de l’eau qui est rejetée dans la mer habituellement. On a mis ça en place en 2006 avec la station d’épuration de Sainte-Maxime. On a établi un contrat avec la mairie et Veolia (qui gère la station). Ils se sont occupés des investissements pour acheminer l’eau à notre lac. De notre côté, on a mis en place une station de pompage, car le lac est au point le plus bas. Ainsi on peut pomper l’eau et arroser tout le parcours ».
On utilise aussi beaucoup moins d’engrais car lorsqu’on analyse notre eau traitée on se rend compte de sa forte teneur en nutriments. L’herbe pousse beaucoup plus qu’avant. D’un côté on fait des économies d’engrais et d’eau mais on consomme un peu plus d’essence car on tond plus fréquemment
Écologique et économique
Le golf dispose donc d’eau en abondance sans risque de restriction. De l’eau moins cher et plus riche en nutriments, l’équation est une réussite. « On fait des économies d’eau car elle coûte moins cher que l’eau potable, donc on a divisé la facture par au moins deux, poursuit le directeur. L’investissement pour la réalisation de la station de pompage a été assez important. On utilise aussi beaucoup moins d’engrais car lorsqu’on analyse notre eau traitée on se rend compte de sa forte teneur en nutriments. L’herbe pousse beaucoup plus qu’avant. D’un côté on fait des économies d’engrais et d’eau mais on consomme un peu plus d’essence car on tond plus fréquemment ».
Des petites contraintes
Au-delà de la surconsommation d’essence qui pourrait être compensée avec l’emploi des machines électriques, des légères contraintes existent. « Tous les mardis on a quelqu’un de Veolia qui vient tester l’eau en sortie de station et dans le lac pour être sûre que l’eau est conforme aux normes, énumère Stéphane Hassler. Pour l’instant on n’a quasiment jamais eu de soucis, et le peu de fois où il y en a eu, Veolia a fait un traitement directement en station et nous bloque la livraison pour un ou deux jours, sachant qu’avec notre lac on a 2/3 jours de réserve. Et de toute façon s’ils n’arrivent pas à nous livrer en 48 heures, en dernier recours, ils livrent de l’eau potable mais cela n’est jamais arrivé depuis 2006 ».
Cette eau usée n’est cependant pas la panacée. « Il y a un point point négatif. Cette eau est un peu trop salée par rapport à une eau considérée comme “optimale”pour l’arrosage d’un golf. Sur une période comme en ce moment, avec une forte sécheresse qui nous oblige à beaucoup arroser, c’est évident que l’on a un sol qui se compacte énormément, mais on a un parcours qui est vert en plein mois août ».
De légers désagréments qui au final ne pèsent pas très lourds au regard des nombreux avantages que procure l’emploi de ces eaux usées. Ils n’ont en tout cas pas fait hésiter le directeur au moment de signer un nouveau contrat de 20 ans avec Veolia pour prolonger l’expérience.
Sur 100 dossiers de réutilisation de l’eau, il doit y en avoir deux qui sont acceptés.
Stéphane Hassler
Économique et écologique pourquoi son utilisation en France reste-t-elle ultra-minoritaire ?
Comme nous l’expliquait Gérard Rougier, Directeur Territoires Environnement et Équipements de la ffgolf, les réglementations freinent la mise en place de ces accords entre les golfs et les stations d’épuration.
Ce que confirme Stéphane Hassler : « En France, sur 100 dossiers de réutilisation de l’eau, il doit y en avoir deux qui sont acceptés. Ça prend deux ou trois ans, et les démarches administratives en france sont parfois très compliquée. C’est un blocage pour beaucoup de dossiers. Vont-ils être obligés d’assouplir le cahier des charges ? Certainement car les golfs ne vont pas avoir d’autres choix que de se tourner vers cette solution à l’avenir. De notre côté, ça a été très fastidieux à mettre en place ».
©Golf Bluegreen Sainte-Maxime