Les règles sont faites pour être suivies. Au golf comme ailleurs, mais au golf, c’est de bonne grâce pour autant qu’elles soient édictées pour tous ses pratiquants, la caste minoritaire des pros mise à part.
La chronique de Philippe Hermann
Sur l’Albatros du Golf National où se dispute le Cazoo Open de France, on note les dégâts causés par une technologique pointue exacerbant la créativité des cellules R&D des grosses marques se battant pour que le driver Callaway passe en tête des ventes, avant d’être éclipsé par le TSR de Titleist qui chavire quand débarque le Stealth de Taylor Made juste le temps pour que le nouveau venu PXG fasse savoir qu’il est le meilleur. Point final, dit sa pub. Et ça recommence ad libitum avec plein d’autres marques participant à cette course à l’échalotte.
300 mètres, une distance qui interroge
Toujours plus loin sont les maîtres mots. Libérés au moins à titre provisoire des nouvelles règles destinées à encadrer leurs longueurs, le R&A et l’USGA, avec le concours contraint des associations de touring pros plutôt à la chasse d’un grand requin blanc ces temps-ci, les drivers continuent à étonner le public, à satisfaire l’ego du joueur, voire à déclasser le parcours. Large leader après deux tours et son 62, record du parcours égalé, le Danois Rasmus Højgaard, n°61 européen, tape ses drives à 270 mètres en moyenne. C’est bien et ceci explique cela, direz-vous. Mais c’est son petit jeu qui fait la différence et il y a bien plus long que lui. L’Anglais Richard Mansell claque ses drives à près de 300 mètres, co-leader au classement des plus longs, mais finit loin du cut et reste toujours aussi méconnu. La seule longueur n’explique pas tout.
Un encadrement souhaité
Faire face à de tels chiffres, déjà prêts à être améliorés en 2023, nécessite des mesures contraignantes, pour éviter d’allonger les parcours, ceux des Majeurs en particulier, ou des trous comme l’icône du n°13 à Augusta déclassés par la puissance des clubs actuels, de ne plus jouer les parcours historiques très courts pour un tournoi de référence, de réaménager la position les obstacles que les balles survolent facilement, etc.
Assurer le bien du golf
Justement la balle… Ses jours sont maintenant comptés dans sa définition actuelle, dit-on dans les milieux autorisés de St Andrews et Far Hills. Mais on a tout faux… La balle n’est pas la grande fautive. En revanche, collée aux grosses têtes et aux shafts graphite en perpétuel renouveau, elle fait du bruit. Ceci dit, pourquoi la condamner et revenir à sa conception passée, alors qu’il serait plus facile de juste revoir les dimensions des têtes de drivers, entraînant de fait des longueurs réduites ce qu’il faut pour ne pas prétériter la qualité du spectacle.
Alors admettons une nouvelle balle à portée réduite imposée chez les pros et uniquement pour leurs tournois et pas les nôtres. Pas question de ruiner notre plaisir. Sur un par 4, l’amateur moyen que nous sommes n’aimera pas échanger driver-fer 7 pour driver-fer 3, ou être dorénavant plus court de dix à trente mètres.
PTMP*
Que les édiles gardent bien à l’esprit que les règles s’adressent d’abord au plaisir de jouer de 99 % des pratiquants plutôt qu’au 1 % restant, soit le petit monde des pros. Aussi, au moment des décisions en attente, il est à souhaiter que ces messieurs-dames prennent bien en compte cette évidence au risque d’éloigner du jeu une nouvelle tranche de néo-intéressés dans le cas contraire.
(*) Pas Toucher Mon Plaisir