La Ryder Cup… Un truc énorme! Bien sûr, c’est le sommet de la pyramide du golf. C’est beau, grandiose, plein d’émotion et de drapeaux de toutes les couleurs. Personne n’a rien contre, les dames du golf non plus.
Agglutinées autour des greens de l’Albatros pour partager les rires et les larmes de leurs jules à l’Open de France, ou devant une télé pour ne rien manquer, les mêmes disjonctent dès qu’on parle de leur golf et de la place qui leur est réservée dans ce sport.
Elite internationale ou amateur à haut handicap, la golfeuse n’est visiblement pas contente de son sort et le dit tout net, bien qu’en France nous n’en soyons pas au niveau de considération dans laquelle les mâles britanniques ou américains les ont longtemps tenues dans de nombreux clubs.
Le panneau “No women, no dogs” a disparu, mais un certain état d’esprit flotte encore au-dessus des marmites de club-houses centenaires.
Golfeuse d’hier En Grande-Bretagne, ça finit par bouger enfin. Les clubs sont obligés de donner aux Dames les mêmes droits qu’aux Messieurs. Pendant longtemps, le sexe faible a ainsi été interdit de bar (112 ans au Gloucester Conservative Club…) ou n’a pas eu le droit de voter lors des assemblées.
Par exemple, à Troon où s’est déroulé le plus récent des British Opens, une femme ne pouvait pas jouer le parcours principal sans y être accompagné d’un homme. En revanche, le parcours secondaire leur était réservé, celui qui est dévasté par le village de tentes ou le parking du grand tournoi.
Combien de fois cette proette anglaise s’est-elle entendu dire qu’elle devait utiliser les tees avancés, ne pouvant décemment jouer depuis les jaunes très masculins au Royal Mid Surrey, près de Londres, ce saint-des-saints ne lui étant ouvert qu’une fois par semaine, accompagnée d’un monsieur.
Et, aux Etats-Unis, ce n’est pas beaucoup mieux. Les dames maintenant acceptées sur le parcours d’Augusta National, hôte du Masters, ne jouissent pas encore d’une vraie reconnaissance avant ou après une partie.
Venez nombreuses !
Si on vous rapporte ces faits, Mesdames, c’est pour mettre un peu de baume sur vos bobos.
Après tout, sans vous, nos club-houses seraient bien misérables, comme nos parties dominicales. Et, sans clubs des dames qui n’existent pas partout, les fairways du milieu de semaine seraient bien tristes. Oui, c’est vrai, d’une façon insidieuse, nos dames ne sont pas encore traitées de façon vraiment égale.
Ce n’est plus dû à un vilain machisme, mais une question de nombre. Faites-vous plus nombreuses et vous verrez la différence, d’autant qu’il n’y a pas de swing aussi photogénique que le vôtre, Madame, quand vous vous mêlez de bien jouer au golf.
A tort, les sponsors ne se bousculent pas vraiment pour soutenir le LET, le circuit européen féminin. Donc, dès qu’elles le peuvent, les meilleures le désertent pour le LPGA américain où leurs tournois ont une autre dimension. Patron de l’Evian Championship le plus huppé des tournois majeurs, Franck Riboud ne ménage pas ses efforts à ce sujet, mais il reste bien et trop seul.
Philippe Hermann
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