Figure d’un professionnalisme à temps partiel, l’Américain John Barnum est pourtant doublement entré dans les tablettes de l’histoire grâce à sa victoire obtenue en 1962, au Cajun Classic Open Invitational.
Par Sébastien Brochu
Au début des années 1960, le circuit américain était encore composé de pros qui partageaient leur temps entre l’enseignement et les tournois. Il y en avait même pour qui les compétitions locales suffisaient à leur bonheur pour peu que l’on ne s’éloigne pas trop souvent du cocon familial.
Né en 1911, l’obscur John Barnum fait partie de cette catégorie dotée de suffisamment de talent pour obtenir le droit de participer aux grands rendez-vous, mais préférant un salaire d’enseignant plus confortable et plus sûr , en l’occurrence dans son club de Blythefield, près de la ville de Grand Rapids dans le Michigan.
Deux décennies sans victoire significative
Grand et costaud, « Big Jim » a commencé sa carrière au début des années 1940, ne parvenant jamais à remporter de tournois d’envergure. Bon, il est vrai qu’il n’en disputait pas souvent… En 25 ans de carrière il a participé à 179 tournois dont 11 Majeurs seulement, avec pour meilleur résultat une 16e place au PGA Championship 1958.
Connu pour ses excès de vitesse en voiture
Mais quand l’envie lui prenait, il pouvait prendre sa voiture, avaler les kilomètres pour se rendre à toute berzingue sur le lieu de compétition. Un jour, selon l’anecdote rapportée par l’écrivain Herbert Warren Wind, la police l’attendait de pied ferme sur les tees de départ pour lui remettre une contravention pour excès de vitesse ! Sacré Barnum…
Un champion du Michigan
C’est avec beaucoup moins de rapidité qu’il remporta son premier et unique tournoi officiel du PGA Tour en 1962 au Cajun Classic en Louisiane… à l’âge de 51 ans ! Multiple vainqueur des principaux tournois de son Etat, le Michigan Open (4 fois) et le Michigan Open PGA Championship (3 fois), il profita du champ limité de très bons joueurs en fin de saison pour s’imposer avec 6 coups d’avance sur Gay Brewer.
Un premier titre PGA à 51 ans
En ce jour de fête de l’Armistice, le 11 novembre 1962, il signe une première dans l’histoire du golf : remporter son premier tournoi PGA à plus de 50 ans. A l’époque, l’exploit fit la Une des journaux en rejoignant aussi le cercle alors très fermé des quinquagénaires victorieux. Et pour cause : il n’y en avait qu’un, le légendaire Jim Barnes, 4 fois titré en Majeurs. Aujourd’hui, ce « Club des plus de 50 » ne comporte que 8 membres : on y retrouve aussi Sam Snead, Art Wall Jr., Craig Stadler, Fred Funk, Davis Love III et Phil Mickelson.
Le premier vainqueur Ping
Le putt victorieux de John Barnum ne fut pas commenté outre mesure par la presse alors que son putter allait entrer dans les annales et, quelques années plus tard, dans le coffre-fort d’une marque bien connue. Le bonhomme est tout simplement le premier joueur professionnel à remporter un tournoi avec un putter Ping.
Des répliques en or !
Pour le fondateur Karsten Solheim, les années de vaches maigres sont enfin révolues. Avec la victoire de Barnum, il prouve que ses conceptions sont gagnantes et la suite va si bien le confirmer qu’il a, dans les années 1970, l’idée de rendre hommage à ses champions en fabricant deux répliques plaquées or avec notamment le nom du lauréat gravé sur la face. L’une est remise à ce dernier, l’autre déposée dans une salle du siège social.
Un Fort Knox des putters
Au fur et à mesure des années, le stock s’est agrandi… tant est si bien qu’il a fallu déménager de pièce plusieurs fois et surtout assurer leur protection grâce à un immense coffre-fort où à l’intérieur, l’or scintille de mille feux. Aujourd’hui il se trouve à Phoenix en Arizona.
La société Ping annonce en conserver près de 3 000 exemplaires dans ce qui est désormais appelé The Gold Putter Vault, le coffre-fort des putters en or. Le fameux modèle Anser y règne en maître avec plus de 500 exemplaires. Toutes les catégories sont représentées, hommes et femmes confondus, si bien que la marque peut s’enorgueillir d’en avoir plus d’une centaine ayant remporté un Majeur.
Des wedges aussi…
Quelques wedges complètent la collection, notamment ceux de Bob Tway et Bubba Watson dont les approches respectives au PGA Championship 1986 et Masters 2012 sont rentrées dans l’Histoire.
Mais le putter – modèle 69 – de John Barnum y occupera toujours une place spéciale. La première.
©Ping