Attendue comme le plus grand moment golfique de l’année 2023, la Ryder Cup se déroulera en Italie au cœur de l’automne (29 septembre – 1er octobre) sur le parcours du Marco Simone Golf & Country Club que nous avons eu le plaisir de découvrir en fin d’année 2022. Visite guidée…
David Charpenet,
Après la France en 2018, c’est l’Italie qui va accueillir la Ryder Cup en Europe continentale en 2023. Le parcours romain du Marco Simone Golf & Country Club a été choisi pour être le théâtre de la plus grande compétition de golf mondiale, qui met aux prises l’Europe et les États-Unis tous les deux ans en alternance. Découverte d’un tracé remodelé qui doit encore s’adapter pour répondre aux exigeants standards de la Ryder Cup, avec la complicité de Jean-Baptiste Gonnet, ancien joueur du DP World Tour qui a joué les deux dernières éditions de l’Italian Open sur ce tracé romain et récemment propulsé pro au golf Old Course de Cannes-Mandelieu depuis le début de l’année 2023…
Ouvert en 1989, c’est en 2015 que le Marco Simone Golf & Country Club est nommé pour accueillir la Ryder Cup 2022, finalement disputée en 2023 suite au décalage de l’édition 2020 en 2021, à cause du covid-19. Le tracé romain a fait peau neuve entre 2018 et 2021, sous la houlette de Tom Fazio, le fils de l’architecte d’origine Jim Fazio, peu après le décès de la propriétaire des lieux et reine du cachemire, Laura Biagiotti, dont l’héritage est maintenant assuré par sa fille Lavinia. Le baptême de l’Open d’Italie 2021 a prouvé que le parcours était prêt à accueillir la Ryder Cup, tout en pointant quelques détails toujours à finaliser au niveau des infrastructures après l’édition 2022. «C’est un parcours qui a été redessiné pour la Ryder Cup, expliquait Jean-Baptiste Gonnet, ancien joueur du DP World Tour pendant une dizaine d’années. Les spectateurs pourront bénéficier de nombreuses buttes le long des fairways pour suivre les matchs avec des départs surélevés et des fairways en contre-bas. Le parcours peut aussi être très différent en fonction de sa préparation. En 2022, il était déjà plus difficile qu’en 2021 avec des roughs plus épais et des fairways plus étroits. Il est varié, il offre plusieurs options de jeu et il peut être très différent en fonction de la manière dont il est préparé.»
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— Ryder Cup USA (@RyderCupUSA) January 23, 2023
Un tracé remodelé pour une Ryder Cup spectaculaire
Le Marco Simone Golf & Country Club a subi de nombreuses transformations ces dernières années, notamment au niveau des départs. Le par 4 du trou numéro 11 sera ainsi attaquable en 1 par les bombardiers du circuit et peut-être également celui du 16, même s’il faudra être particulièrement téméraire pour braver les obstacles d’eau de ce petit par 4 d’à peine plus de 300 mètres. Les longs frappeurs américains pourraient être avantagés sur ces quelques trous, même si certains des plus réputés sont empêtrés avec des pépins physiques (Bryson DeChambeau) ou simplement dissidents sur le circuit du LIV (Brooks Koepka et Dustin Johnson notamment).
Après une mise en route délicate sur les trois premiers trous, il faudra surtout serrer le jeu lors du difficile enchaînement du 7 au 15, là où la différence se fait souvent en match play. Les bunkers de fairway ne sont pas très nombreux, mais toujours bien placés de manière à vous offrir la possibilité d’attaquer les doglegs en passant par dessus ou bien de jouer la sécurité en restant court de ses accueillantes fosses de sable. «Il y a des trous très challenging comme le 2 ou le 3 où on peut essayer de couper les doglegs, continuait l’auteur d’un incroyable retour en 2019 après deux ans de pré-retraite. Mais le rough ou les bunkers peuvent être vite pénalisants en fonction du setup. Par exemple, je devais souvent rester court des bunkers de fairways, alors que Rory McIlroy pouvait passer au-dessus systématiquement. Il y a donc plusieurs stratégies possibles, notamment en fonction de ses possibilités individuelles…»
Le premier rendez-vous avec un obstacle d’eau se fera dès le trou numéro 5, qu’il faudra jouer complètement différemment en fonction du vent. Si le très difficile par 5 du trou numéro 8 reste en par 4 comme lors de l’Open d’Italie, ce pourrait être un des juges de paix du tracé. Il n’y aurait d’ailleurs que trois par 5 dans ce cas de figure. Trois vraies occasions de birdies et d’attaque !
Les par 3 sont tous difficiles et le birdie reste un exploit. Si c’est un peu moins vrai pour le 13, ça l’est tout particulièrement pour le 17, qui pourrait bien sceller de nombreux matchs. Ce trou numéro 17 est particulièrement attendu puisque son départ surélevé permet de voir le dôme de la Basilique Saint-Pierre du Vatican. Les greens quant à eux sont très souvent vallonnés. Il faudra donc bien putter… mais c’est toujours le cas au golf ! «Les greens sont vallonnés, notamment les premiers, rappelait Jean-Baptiste Gonnet. Et si les avant-greens sont rapides, les balles peuvent vite s’échapper en fonction des positions de drapeaux. Ça peut miner le moral d’un joueur dès le début… »
Cent hectares pour accueillir un nombreux public
Avec un parcours 18 trous étalé sur 100 hectares (le Golf National propose 140 hectares pour 45 trous) le site propose de nombreux espaces pour des tentes d’hospitalités, comme entre le 6 et le 8 ou entre le 1 et le 18 où les places seront chères ! Et le club-house est suffisamment grand pour gérer l’afflux du public (il y avait 250 000 spectateurs sur la semaine en 2018). Mais il y a d’indéniables efforts à fournir, notamment au niveau des alentours immédiats au golf qui ne sont pas encore au niveau d’une Ryder Cup, notamment les routes d’accès sous-dimensionnées, les transports en commun encore en question ou encore les hôtels. L’Italian Open 2022 a été une réussite, mais la Ryder Cup est un défi bien plus ambitieux à relever pour les organisateurs.
On peut par contre être rassuré sur l’entretien du parcours puisque c’est Lara Arias, la compagne de Alejandro Reyes, greenkeeper du Golf National lors de la Ryder Cup 2018, qui est aux manettes ! La très compétente superintendante du parcours romain peut ainsi bénéficier de l’expérience de son compagnon pour concocter un tracé de qualité… certainement taillé pour les Européens.
Si près, si loin de Rome…
Pour se rendre au Marco Simone Golf & Country Club, il faut forcément terminer sur une route de campagne étroite jusqu’au double portail d’entrée… tout aussi étroit. Comptez une demi-heure depuis le centre-ville de Rome ou depuis l’aéroport international de Ciampino. L’aéroport principal de Fiumicino est pour sa part à un peu moins d’une heure. Le Port de Civitavecchia, où accostent notamment les paquebots Costa Croisières, sponsor principal de la 44e Ryder Cup, est à près d’une heure et demie. «Le parcours n’est pas loin de Rome, mais avec la circulation, ça peut se compliquer, surtout s’il n’y a que la petite route pour accéder au golf, concluait Jean-Baptiste Gonnet. Mais il doit y avoir un autre accès ou ils vont peut-être procéder à des aménagements… »
Si Jean-Baptiste Gonnet n’a aucune chance de participer à cette Ryder Cup, puisqu’il a officiellement décidé à 40 ans d’arrêter (une nouvelle fois) sa carrière, cette fois définitivement (a priori), on espère tout de même avoir un Français au départ en Italie et pourquoi pas Victor Perez, troisième de l’Italian Open 2022 et vainqueur du Abu Dhabi HSBC Champions. L’Italian Open 2023 au printemps sera en tout cas une dernière occasion de se jauger sur ce parcours qui devrait être à la hauteur des attentes pour un tel événement.
Photos Golf Planète