La prise de parole de Jay Monahan, le commissaire général du PGA Tour, mardi en conférence de presse avant le Players Championship, était très attendue. Comme prévu, il a évoqué les principaux sujets qui secouent le monde du golf depuis plusieurs mois, mais sans jamais prononcer le terme LIV Golf…
Commissioner Jay Monahan speaks with the media before @THEPLAYERSChamp. https://t.co/7TrCC8g7ra
— PGA TOUR (@PGATOUR) March 7, 2023
Dans sa déclaration préalable à la séance de questions/réponses Jay Monahan a tenu à évoquer mardi, en conférence de presse du Players Championship, la mémoire de John Paramor, ex-arbitre en chef du DP World Tour, décédé récemment : « C’était un géant de notre sport et il a travaillé en liaison étroite avec notre équipe lors de nombreuses éditions du Players Championship. Nous pensons à sa famille et à toute la famille du golf dont il faisait partie », a dit Monahan.
Designated Events, juste pour les meilleurs…
Pour justifier les évolutions en cours et à venir, le Commissioner du PGA Tour a attaqué très fort d’entrée, avec quelques chiffres significatifs : « Quel pourcentage de joueurs du top 10, top 20, top 30 mondial se retrouvent dans un Majeur ? Plus de 95 %. Et combien en moyenne dans un tournoi du PGA Tour ? Moins de 40 %. Je répète : moins de 40 %. »
Evidemment, tout a déjà commencé à changer en 2023, avec les tournois « boostés ». Les plateaux étaient très relevés en début d’année, avec la quasi-totalité du gratin mondial au Phoenix Open, au Genesis Invitational et au Arnold Palmer Invitational la semaine dernière, trois tournois dotés de 20 millions de dollars de prix. Avec en prime une lutte permanente pour le trône de numéro 1 mondial entre Rory McIlroy, Scottie Scheffler et Jon Rahm.
Est-ce que vous trouvez vraiment que c’est la même chose ?
Quand il est question du LIV et des similitudes entre les futurs tournois sans cut à champ limité du PGA Tour avec les épreuves du circuit “rebelle”, Jay Monahan se montre très offensif : « Est-ce que vous trouvez vraiment que c’est la même chose ? »
Et insiste sur le système de sélection basé sur la méritocratie, l’un des piliers du PGA Tour. « Les tournois de l’an prochain, avec ce nouveau format (sans cut), seront réservés à des joueurs ayant gagné le droit d’y participer, en terminant dans les 50 premiers de la FedEx Cup, ou en jouant très bien pendant l’automne, ou sur le Florida Swing. »
Nicklaus, Palmer et Woods, 66 victoires dans des tournois no-cut
Autre argument massue, déjà évoqué quelques heures plus tôt par Rory McIlroy, à la même tribune : « Je ne sais pas si vous le savez, mais le PGA Tour a toujours eu des tournois à champ de joueurs limité, sans cut. Jack Nicklaus a gagné 17 fois dans ce format, Arnold Palmer 23 fois et Tiger Woods 26 fois. Et le format ne diminue en rien la valeur de leurs victoires. »
Les fans vont aimer voir les meilleurs joueurs s’affronter plus souvent, en étant encore là le week-end
Conscient du peu d’enthousiasme provoqué par cette décision chez les fans, Jay Monahan est convaincu que les passionnés de golf qu’ils vont apprécier « voir les meilleurs joueurs se battre plus souvent les uns contre les autres, en étant encore là le week-end. »
Selon lui, « il y aura toujours autant de cuts », d’une manière ou d’une autre, notamment dans la séquence finale de la FedEx Cup, avec des éliminés à l’issue de chaque étape et un seul champion à la fin.
Pour conserver son droit de jeu, après la FedEx, il y aura encore les sept ou huit tournois à l’automne, une fois le Tour Championship achevé. Et encore les trois premiers tournois du Florida Swing, dont uniquement les cinq premiers seront qualifiés pour les “Designated Events” qui suivent, selon le nouveau projet de calendrier expliqué mardi matin aux joueurs du Players, à partir de 7h30 du matin, une semaine après sa ratification par le Board du PGA Tour.
La fin des WGC
Monahan a également confirmé la fin du WGC Match-Play dont la dernière édition aura lieu à Austin dans 15 jours. Il espère qu’un tournoi de Match Play sera à nouveau inscrit au calendrier dans les prochaines années, mais de façon certaine ce ne sera pas en 2024.
Concernant les WGC, il explique que pendant 25 ans ces épreuves ont été de grands rendez-vous mais que leurs modes d’entrée étaient peu lisibles, pas très clairs.
Selon lui, les “Designated Events” ne remplacent pas les WGC puisqu’ils sont réservés aux joueurs du PGA Tour alors que les WGC étaient ouverts à beaucoup de joueurs de circuits annexes.
Enfin, toujours sur ce thème, Monahan n’a malheureusement pas évoqué, comme l’a fait Rory McIlroy la semaine dernière, la possibilité que des Designated Events voient le jour à l’étranger et notamment en Europe…
Oui, c’est étrange, mais il (Cameron Smith) a pris sa décision et nous avons quand même un plateau incroyable cette semaine ici
Sans jamais citer le LIV Golf, Monahan a parlé de l’absence de Cameron Smith, vainqueur l’an dernier et évoluant désormais dans le camp “ennemi”. « Il a très bien joué en 2022 et méritait ses victoires ici et à The Open à St Andrews.» Mais il a aussitôt ajouté qu’avec le plateau très relevé réuni pour ce 49e Players, « nous allons encore couronner dimanche un champion très méritant. »
Même si Cam Smith, qui habite à proximité du parcours, a déclaré réfléchir à venir voir le tournoi « Oui, c’est étrange, mais il a pris sa décision, et nous avons quand même un plateau incroyable cette semaine ici, avec 144 joueurs en quête d’histoire et de tradition. »
Toujours porte close
Autre question lancinante, ces dernières semaines, autour de certains joueurs du LIV Golf qui auraient des regrets, ou des remords, et voudraient revenir sur le PGA Tour… si on les y autorise :
« J’ai beaucoup entendu ça récemment, je ne sais pas vraiment d’où ça vient. Mais les joueurs qui sont sur ce Tour ont signé des contrats qu’ils doivent respecter. Donc je pense que vos hypothèses ne sont pas pertinentes. Et vous savez parfaitement que j’ai horreur des hypothèses. Sur ce point, notre position n’a pas changé ». Traduction instantanée : si des joueurs de LIV Golf veulent revenir, Monahan ne leur fera aucun cadeau.
Les joueurs qui sont sur ce Tour ont signé des contrats qu’ils doivent respecter
Trop d’écrans publicitaires
Enfin, autre sujet évoqué lors de cette conférence-fleuve (plus d’une heure), la quantité de spots publicitaires qui avaient haché la retransmission télévisée du Arnold Palmer Invitational le week-end dernier, et même fait rater quelques coups importants aux téléspectateurs.
Cette fin de semaine, « les 22 heures de retransmission prévues ne donneront lieu qu’à un nombre limité d’interruptions commerciales », a promis Monahan, très heureux aussi que pour PGA Tour Live on ESPN+, ses équipes aient prévu de produire « plus de 150 heures de retransmission en direct, grâce à quatre canaux de streaming. »
Conscient de la “grogne” suscitée par la faible qualité des retransmissions du PGA Tour il a voulu rassurer les fans qui souhaitent « voir le plus possible de coups en direct. »
Avec aussi, sur ESPN+, une base de 25 millions d’abonnés dont 60 % ont entre 18 et 44 ans. D’où l’intérêt de les fidéliser, par exemple en leur proposant dès l’an prochain une Saison 2 de « Full Swing », le documentaire de Netflix inspiré de « Drive To Survive », la série devenue culte sur la Formule 1. C’est signé, le tournage commence…
Photo : David Cannon Collection / Getty Images via AFP