Années avec, années sans… Au golf comme ailleurs et pour tout un chacun. Prenez, par exemple, le monde de l’horlogerie pointue. Covid 19 ou pas, vit en sinusoïdales « avec » ou « sans » des accords signés ou perdus quelquefois de façon peu prévue.
On est en juin 2011 quand, prenant par surprise tout le saint-frusquin du golf mondial, la PGA of America annonce son un nouveau partenariat avec Omega, laissant Rolex sur le flanc, la fameuse marque genevoise lui étant liée depuis 1967. Connaissant son omniprésence et son implication au plus haut niveau du golf mondial, la nouvelle ne manquait pas d’intriguer quoiqu’une saine concurrence fasse partie du jeu et Omega étant un animateur tout à fait honorable du sport et du chronométrage de précision aux Jeux Olympiques.
Le golf est sa maison
Jusque-là, Rolex vivait donc une liaison des plus agréables avec la PGA of America, la plus grande association sportive avec ses 28 000 membres liés à l’enseignement comme à la direction de clubs aux Etats-Unis ou ailleurs. Dans son rôle faitier, ce pouvoir est, en quelque sorte, le pendant professionnel de l’USGA, fédération américaine régissant le golf amateur aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique, à la tête d’une longue liste de grands championnats dont les US Opens, majeurs masculins, féminins et seniors.
De Woods à Evian
Depuis 1967 et la rencontre impromptue au Japon d’Arnold Palmer et André Heiniger, alors Président de Rolex, la marque genevoise est entrée de plein pied dans le monde du golf, devenant au fil des décennies LA montre emblématique de ce sport. Aujourd’hui, il est difficile de trouver une organisation, un circuit, un tournoi, un joueur ou joueuse de haute volée dont Rolex ne serait pas partenaire. Piqués dans une liste sans fin ou presque, le R&A, l’USGA, le PGA Tour, le Masters, le championnat amateur d’Asie, Tiger Woods, Phil Mickelson, Annika Sorenstam, Jack Nicklaus, l’Evian Championship, etc… etc…
De nouvelles couleurs
Cette date de juin 2011 s’avère être une journée noire pour la marque à la couronne, un cauchemar. Pour résumer, à la date du renouvellement contractuel, Rolex USA (New York) bute sur une fin de non-recevoir de la PGA of America dressée sans doute à l’idée d’une gloire du golf en bisbille avec la présidence de Rolex, associée à l’intérêt privé de responsables de cette PGA, voire son regret de ne pas être traitée au niveau d’un PGA Tour et un autre gros partenariat avec Rolex en faveur de la Presidents Cup.
Grosses secousses
Mais, quelle que soit l’agitation des uns et des autres, le contrat discrètement signé avec Omega en coulisse fait barrage, mettant à la disposition de la marque en rouge Omega les trois US PGA Championships (des majeurs) et les éditions américaines de la Ryder Cup en 2002 et 2006, marquant à vif Rolex et ceux qui, par leur fonction, sont pris dans ce maelström, d’autant que, un peu plus tard, la célèbre couronne, encadrée de vert et d’or revivra une avanie de même type au passage en douce du Concours Hippique International de Genève et de la fédération équestre mondiale chez Longines, membre du groupe Swatch comme Omega…
One Up
En 2021, près de dix ans plus tard, Rolex retrouve une place forte qu’elle n’aurait jamais dû perdre. Ça doit « escagasser » son ennemie intime qui signait encore à mi-2020 un autre contrat de cinq ans avec la PGA. Alors, pourquoi en sort-elle? Considérons donc que cette partie se lit « Rolex, one up ». Il ne reste plus qu’à souhaiter que Covid 19 s’évacue bien vite, vaccins aidant, et arrête de mettre en l’air notre vie commune, celle de tous les sports, en particulier ceux de plein air qui se demandent bien pourquoi… « Ils ne meurent pas tous, mais tous sont frappés » disait Jean de La Fontaine. Il n’avait pas tout faux.
Philippe P. Hermann