Sept tournois joués en 2022-23, trois cuts franchis avec pour résultat référence une… 50e place le 22 janvier à Abu Dhabi. Le bilan n’est guère fameux pour le quintuple vainqueur sur le DP World Tour, absent des fairways durant onze mois pour cause de hernie discale. Les six prochains mois seront déterminants pour Alexander Levy. Interview vérité.
Propos recueillis par Lionel VELLA
Deux mois et demi après votre retour à la compétition, comment va votre dos ?
Tout va bien. Après mes quatre premiers tournois de la saison, j’ai eu une petite douleur au coude gauche qui s’est réveillée. J’ai dû faire une infiltration. Je n’ai donc pas pu m’entraîner pendant une dizaine de jours avant de revenir pour disputer les trois derniers tournois en Afrique (Kenya et Afrique du Sud). Les résultats ont été moyens mais au moins je suis débarrassé de la moindre douleur. Je vais pouvoir repartir vers l’avant…
Parce que vous aviez encore quelques douleurs à votre retour en janvier ?
Non ! C’est juste que la reprise du jeu en compétition a déclenché d’autres petits signaux dans mon corps. Mais là, au final, je n’ai plus rien. C’est cool.
En termes de résultats, ce n’est pas exceptionnel. Même chose en ce qui concerne le fond de jeu. Je ne suis pas non plus très content de mon swing
Comment pourriez-vous qualifier votre début de saison après onze mois d’arrêt en raison d’une hernie discale ?
Ce qui a été rassurant, c’est que physiquement, je n’ai ressenti aucune douleur à mon dos. En revanche, au niveau du jeu, ça n’a pas été flamboyant. J’ai néanmoins réussi à faire deux-trois bonnes choses comme à Abu Dhabi. Voilà. En termes de résultats, ce n’est pas exceptionnel. Même chose en ce qui concerne le fond de jeu. Je ne suis pas non plus très content de mon swing. Il va falloir mettre des choses en place. Ces trois semaines de repos vont être, à ce titre, très importantes pour la suite.
Allez-vous durant cette période disputer le Championnat de France professionnel au Médoc, prévu du 7 au 9 avril ?
Oui ! Ce sera le seul tournoi que je jouerai durant ce break. Mon staff sera d’ailleurs là, avec moi.
Sur quoi allez-vous travailler plus précisément avec Alain Alberti, votre coach ?
J’ai perdu un peu en distance, surtout au drive. La manière dont je swing n’est pas bonne. A la reprise, j’ai galéré un peu dans le secteur du chipping. Ce n’est pas flamboyant ce que je fais. Il va falloir aller plus haut…
Je dois me préparer à être le plus affûté physiquement car les trois-quatre prochains mois constitueront une période charnière
Etes-vous suivi régulièrement pour votre dos ?
Tous les matins et tous les soirs, je suis obligé de faire une demi-heure de stretching. C’est une routine quotidienne que je suis en train de prendre. C’est positif. J’ai la chance aussi que François (Teissedre-Dalou, son ostéopathe) soit venu en Afrique du Sud (au SDC Championship). Il a pu voir que bio-mécaniquement, ça ne fonctionnait pas comme je le voulais sur le parcours.
Vous êtes-vous fixé une date butoir pour récolter les fruits de ce travail que vous êtes actuellement en train d’accomplir ?
Je vais pas mal jouer en Europe, où les déplacements sont moins longs et où on se fatigue moins. Ces trois semaines off vont me permettre de faire du jus, de me reposer aussi… Je dois me préparer à être le plus affûté physiquement car, pour répondre à votre question, les trois-quatre prochains mois constitueront une période charnière.
Quel va être votre calendrier à venir après la fin de ces trois semaines de repos ?
J’irai au Japon et en Corée du Sud (20-30 avril). J’enchaînerai avec l’Italie (4-7 mai) et très certainement la Belgique (11-14 mai). Je n’ai pas prévu de prendre part aux qualifications sur 36 trous de l’US Open (16 mai) à Walton Heath (Angleterre). Ce n’est pas ma priorité aujourd’hui même si on sait que tout peut aller vite au golf. Après, il y aura le KLM Open (25-28 mai), le Porsche European Open (1er-4 juin) et la Suède (8-11 juin). Je ferai aussi le BMW International Open (22-25 juin) et le British Masters (29 juin-2 juillet). En revanche, je ne sais pas encore si je vais sauter ou pas le Danemark (6-9 juillet)… J’irai également aux Etats-Unis pour le Barbasol Championship (13-16 juillet) et le Barracuda Championship (20-23 juillet).
Sauf si vous vous qualifiez entre temps pour The Open à Liverpool…
(Pas franchement convaincu) Oui, bien sûr… Pour l’instant, j’ai un calendrier fixe. Si ça évolue dans le bon sens, bien évidemment qu’on ira là-bas !
J’ai déjà connu des saisons durant lesquelles je n’avais pas bien démarré avant d’inverser les choses à partir du mois d’avril. Après, si ça continue comme ça, il ne faudra pas se leurrer. Cela deviendra de plus en plus compliqué
Pensez-vous déjà à cette éventualité de ne pas conserver vos droits de jeu pour 2024 ?
Quand on revient d’une longue blessure, on appréhende en effet ce genre de scénario. J’ai déjà connu des saisons durant lesquelles je n’avais pas bien démarré avant d’inverser les choses à partir du mois d’avril. Après, si ça continue comme ça, il ne faudra pas se leurrer. Cela deviendra de plus en plus compliqué. Mais pour l’instant, il n’y a pas d’inquiétude à avoir, même si, je le répète, le fond de jeu actuellement n’est pas celui dont je rêve.
Qu’est-ce qui pourrait se révéler comme être un déclic positif ? Un top 10 très bientôt sur le DP World Tour ?
Je pense que le résultat est anecdotique. On sait comment ça fonctionne. Je pense qu’au-delà du résultat, le plus important, ce sont les sensations de jeu. Et là, même à l’entraînement, je ne me sens pas terrible. Je sens que ce n’est pas ce que j’ai connu. Tout passera par ça en priorité. Le problème n’est pas d’ordre mental, car je me sens bien sur le terrain. C’est juste un problème technique.
Est-ce la période la plus difficile que vous avez eu à traverser depuis votre passage chez les professionnels en 2010 ?
J’ai connu des périodes bien plus dures personnellement. Rien ne peut plus m’affecter que ce que j’ai vécu dans ma vie privée. Je dirais plutôt que c’est un défi qui se présente à moi. Ce n’est pas une période compliquée. C’est juste que c’est fatiguant. En tant que compétiteur, je n’arrive pas en ce moment à faire ce que je voudrais. Depuis le début de l’année, mon niveau de jeu n’est pas bon du tout. J’ai pourtant réussi à faire quelques résultats sans être à 50 % de mes moyens. Je pense ici à mes deux 68 (-4) lors des deux premiers tours à Abu Dhabi qui me permettent de franchir le cut. A Dubaï, la semaine d’après, je manque le cut pour un point. J’aurais pu faire le cut sur les deux premiers Rolex Series de la saison sans jouer divinement. Je ne tire donc pas la sonnette d’alarme mais quand vous avez connu le haut niveau, en termes de frappe de balle notamment, c’est dur d’admettre ça. Il ne faut pas oublier que je ne peux plus réaliser le même swing qu’avant. Bref, à moi d’être patient.
Photo : STUART FRANKLIN / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP