Golf Planète, toujours proche du monde du golf français, et d’abord de ses pros enseignants, continue à se balader dans l’hexagone (par téléphone !) pour aller à leur rencontre. Comme la semaine dernière, nous vous proposons de découvrir trois pros en plein confinement. Direction Valbonne, Bénodet et Biarritz.
Alexandra Lucquin (Valbonne / Sofia Antipolis)
Voilà plus de 30 ans que je joue au golf. J’ai appris du côté d’Aix-Marseille où j’ai été membre pendant plus de 10 ans. J’ai eu la chance de faire ensuite un sport/études à Fontainebleau sous la houlette de grands professeurs comme Jean-Étienne Lafitte et surtout Jean-Pierre Hirigoyen qui m’a tout appris.
Je suis rentré dans le sud où j’ai poursuivi des études supérieures, un IUT puis un master Management/Marketing dans les métiers du sport. Ce qui est bien mais qui m’a aussi empêché de me lancer sur le circuit pro. J’ai alors passé mes diplômes pour enseigner le golf… en ayant aussi deux enfants et en entrainant les filles U12 de la Ligue PACA. Mon mari, Jean-François Lucquin, ayant été forcé à une retraite sportive à cause d’une blessure, nous nous sommes installés à Cagnes-sur-Mer et j’ai commencé une carrière d’enseignante au Provencal Golf, un joli 9 trous dessiné par Michel Niedbala et propriété de JJ Gonzales, tout en poursuivant à mi-temps une carrière d’organisateurs d’événements golf pour la société Plein Swing de Jacques France (Pro-am des Parfumeurs, Pro-am WK, Richard Mille Invitational etc).
À Sophia-Antipolis, avec Nathalie Oneglia et son mari Joël, nous avons 90 élèves à l’école de golf dont 35 filles.
L’espoir de mieux rebondir demain
Le confinement ? Tout se passe bien ; je suis confinée avec mon mari Jeff et ma fille.
Nos élèves sont des enfants : il est donc impossible de leur donner des leçons à proprement parler par internet. Nous privilégions les jeux et quelques exercices physiques. Ils nous envoient des vidéos de trickshots assez amusants. Quant à nous, on se consacre à améliorer le petit jeu dans notre jardin : on a même organisé un concours entre nous deux avec une repas à la clé. C’est Jeff qui mène pour l’instant mais ce n’est pas fini.. Par ailleurs, on profite de ce confinement pour regarder un maximum de reportages sur le sport de haut niveau et les entrainements qui vont avec, comme Intérieur Sports : ça va du kering au Japon ou au fleuret en passant par le rugby qui me passionne, surtout depuis que mon fils y joue… Je relis aussi les livres de Nilsson/Marriott et de Bob Rotella.
Quant au côté économique, j’avoue avoir beaucoup de chance car je suis salariée dans mes deux mi-temps. Je suis donc au chômage partiel avec 85% environ de mes salaires.
Je profite de l’occasion pour d’abord adresser un salut amical à tous mes collègues qui ne sont pas salariés et qui connaissent aujourd’hui des jours difficiles. Nous avons un merveilleux métier qui est fait de contacts, de relations humaines et de passion sportive. Aujourd’hui tout est arrêté et on ne sait pas encore quand on va reprendre. Une situation anxiogène qui ne doit nous empêcher de garder espoir pour mieux rebondir demain.
Christophe Chassende (Golf de l’Odet)
Pro au golf de l’Odet depuis 1997, c’est donc ma 23e année dans ce club Bluegreen de Bretagne après avoir été joueur professionnel du temps de Levet, Lamaison, Remezy puis avoir enseigné en région parisienne. Je suis revenu en Bretagne vers ma famille qui est originaire de Brest.
Je vis seul dans ma maison qui est à trois kilomètres du golf de l’Odet et ce confinement me permet d’abord de faire des travaux de rénovation que je n’avais pas le temps de faire jusqu’alors. J’ai peu d’informations du golf qui est entretenu par quelques green-keepers. Il est bien entendu complètement fermé à toute personne. Pas de contacts non plus avec mes élèves sinon avec quelques amis proches. D’autant que je ne m’occupe pas de l’école de golf. Cette période est donc une période de coupure totale avec le golf concret. Heureusement, la télé et internet sont là : je profite des rediffusions proposées par Canal mais aussi de tous les cours qu’on trouve sur le net. La retransmission des Masters gagnés par Woods au début des années 2000 a éveillé chez moi une grande surprise : le nombre de joueurs qui étaient avec lui et qu’on a complètement oubliés alors quel lui est toujours là ! Autre surprise : une vidéo pour augmenter sa distance au drive ! Enfin, j’ai revu le merveilleux film de Pierre Schoendoerffer « Le Crabe-Tambour » aux forts accents bretons.
La chance d’être salarié !
Question économique, je suis en chômage partiel avec plus 80% du salaire. Je mesure ma chance par rapport à mes amis pros en profession libérale. Voilà, cette situation n’est pas un libre choix, c’est une contrainte. Autant la vivre avec philosophie.
Cathy Lespinasse (Biarritz)
Je vis à Biarritz sur la Côte basque où je suis pro et où je suis confinée. J’avais commencé ma carrière en Lot-et-Garonne et voilà maintenant 30 ans que j’enseigne. Le golf a joué et joue un rôle important dans notre vie : mon mari Éric qui est un grand sportif est 2 d’index, mon fils ainé Léo est pro sur l’Alps Tour et mon second Simon qui est coach physique est 0 de handicap.
Le confinement se passe bien car nous vivons dans une maison agréable à Biarritz dotée d’un jardin mais mon premier regret est d’avoir du annuler plusieurs voyages dont l’Irlande et le Maroc où je devais donner des cours. Tous les jours, avec mon mari, on s’entraine : on tape des pleins coups sur un vieux matelas qu’on a mis sur un mur dans le jardin, on utilise le trackman pour nous corriger, on fait du putting… Quant à mes relations avec mes élèves, j’ai créé un groupe Whatsapp et je leur conseille les tutos de la fédé qui sont très bien faits. J’ai aussi des contacts hebdomadaires avec la ligue Nouvelle-Aquitaine où je suis membre de l’équipe technique régionale. Je passe aussi du temps à ma propre formation en suivant des cours adaptés. Enfin, j’ai repris un entrainement physique intense avec footing et exercices quotidiens. Et des cours informatiques de mise à jour !
Repartager enfin nos moments sportifs et festifs autour du golf !
Sur le plan économique, comme je suis 100% libérale, je n’ai aucun revenu. Heureusement, j’ai pu bénéficier de l’aide de l’État de 1500 euros comme beaucoup de nos collègues. Je reste très lucide : personne n’est malade dans notre famille et c’est quand même la meilleure des infos. Autre info qu’on attend avec impatience : c’est la reprise du golf ! Que l’on puisse enfin repartager ces moments festifs et sportifs autour de notre passion !