Joueur relativement anonyme du PGA Tour, Brian Harman est entré dans l’histoire en remportant à 36 ans le plus prestigieux Majeur de la saison au Royal Liverpool. 26e mondial avant le tournoi, le natif de Georgie, qui n’avait jusqu’ici remporté que deux tournois dans l’élite en 15 ans de carrière chez les pros, succède à Cameron Smith après avoir dominé tous les ténors de la planète golf. Petite déception pour les Français, puisqu’après avoir joué les premiers rôles toute la semaine, Antoine Rozner a été obligé de se contenter d’un top 20.
Lionel VELLA à Hoylake
On pensait que la météo qui avait commencé à se déchainer vers 12h30 locale (13h30 en France) en déversant une pluie continue sur le Royal Liverpool allait rebattre les cartes de ce 151e The Open de l’histoire avant même les départs des leaders, programmés entre 13h45 et 14h15 (14h45 et 15h15 en France).
Mais de suspense, il n’y en a pas eu vraiment. L’écart de cinq points pris la veille par Brian Harman par rapport à ses plus proches adversaires n’a jamais été comblé. Certes, on y a cru quelques minutes quand l’Américain âgé de 36 ans partait deux fois à la faute aux trous 2 et 5 et voyait son avance se réduire à trois points après un birdie de Jon Rahm quelques minutes plus tôt sur ce même green du 5.
Relentless from Brian Harman.
A 40 foot masterstroke from the long-time leader.
He is now on the verge. pic.twitter.com/NXEOg0kk0X
— The Open (@TheOpen) July 23, 2023
Mais le natif de Savannah (Georgie), dont le dernier succès remontait au 7 mai… 2017 au Wells Fargo Championship (PGA Tour), a su réagir instantanément à chaque fois qu’il a senti le vent du boulet sur sa nuque. Comme par exemple aux trous 6 et 7 (putt ici pour un birdie de 7,20 mètres), suffisant pour reprendre le large en termes comptable.
Sans broncher, d’un calme olympien et armé d’un putting en béton armé (+2,30 au stroke gained putting ce dimanche, +11,57 sur les quatre tours), Brian Harman n’a rien laissé transparaitre. Imperméable au sens propre comme au sens figuré face à la pression d’un tel événement et devant un public pas vraiment acquis à sa cause, préférant soutenir à chaude voix un Rory McIlroy, l’idole de tous les Britanniques, ou un Tommy Fleetwood, le régional de l’étape.
Listen to that roar.
The fans have braved the elements.
They have been rewarded with a brilliant Rory McIlroy birdie. pic.twitter.com/GLMc2K4Ik6
— The Open (@TheOpen) July 23, 2023
Pour la petite histoire, ces deux-là ont respectivement pris la 6e et la 10e places à -6 et -4, loin du « nouveau Champion Golfer of the Year », imbattable avec son -13 final et son ultime 70 (-1) du jour, tout en contrôle. McIlroy s’offrant toutefois ici son 8e top 10 lors de ses… dix derniers départs en Majeurs. Affolant, mais pas suffisant pour stopper neuf ans de sécheresse en Grand Chelem.
Vainqueur sans partage, Harman laisse à six points derrière le Sud-Coréen Tom Kim, l’Autrichien Sepp Straka, l’Australien Jason Day et l’Espagnol Jon Rahm, le Basque signant ici son 2e top 3 sur ses dix derniers Majeurs, hors succès à l’US Open 2021 et au Masters 2022 bien sûr.
Un exploit XXL donc pour un golfeur qui restait sur trois deuxièmes places sur le PGA Tour cette saison (World Wild Technology le 6 novembre puis RSM Classic le 20 novembre et Travelers Championship le 25 juin), trois 3 tops 10 et deux tops 15 (dont une 12e place au Scottish Open le 16 juillet dernier).
Birdie for Jon Rahm.
He’s looking to make one final push. pic.twitter.com/nhvMPlgsGo
— The Open (@TheOpen) July 23, 2023
« Je suis aux anges, lâche celui qui succède au palmarès à l’Australien Cameron Smith, 33e à +1. Les trois derniers jours ont été vraiment difficiles. Je suis tellement content de la façon dont je me suis accroché ces derniers jours. J’ai pris un mauvais départ (samedi et dimanche) mais j’ai su renverser la situation. Donc, je suis vraiment content de ça. »
Il y a eu des pensées négatives tout au long de la journée, mais je me suis dit que je n’allais pas laisser mon cerveau être pollué par ça
« Il y a eu des pensées négatives tout au long de la journée, mais je me suis dit que je n’allais pas laisser mon cerveau être pollué par ça. A chaque fois que je sentais que ça venait, je pensais à autre chose. Honnêtement, l’idée de gagner The Open ne m’a traversé qu’au 18. Quand la balle reposait sur le green… »
« J’ai déjà hâte de revenir dans ce tournoi pas comme les autres, maintenant que j’ai gagné. Etant évidemment un grand fan de golf, je regardais toujours The Open Championship à la télévision. Nous nous levions tôt pour ça. Je ne savais pas à quel point j’apprécierais ça jusqu’à la première fois lorsque je suis venu ici en 2014. Je ne savais tout simplement pas à quoi m’attendre. Quand tu grandis en Georgie, c’est d’abord le Masters… Mais quand je suis venu ici, je me suis dit, wow, mec, c’est incroyable. Les supporters sont supers. Tout le monde comprend le golf ici. Quel plaisir de jouer un tel tournoi ! »
Les Français dans le dur…
Quatrième ex aequo après 54 trous, on aurait espéré voir Antoine Rozner se mêler à la lutte, notamment au sein de ce fameux top 10 qualificatif pour la 152e édition prévue au Royal Troon en 2024. Mais le Racingman, associé à Jason Day, n’a jamais su trouver la bonne carburation, virant à +1 (deux bogeys, un birdie du 6 au 8), avant de coincer sur le retour avec un bogey au 16 et surtout un double bogey au 18 pour un lourd 75 (+4).
L’élève de Benoit Ducoulombier signe néanmoins sa meilleure performance pour son troisième départ seulement en Grand Chelem (cut à l’USPGA 2021, 59e à The Open 2021) mais cette 20e place à -1 total lui laisse clairement un goût d’inachevé. Pour ne pas dire plus…
Ambiance quasiment identique pour Romain Langasque, plombé par trois bogeys sur ses trois premiers trous, qui doit se contenter de son côté d’une 33e place à +1 après un ultime 74 (+3). En fait, l’embellie toute relative, certes, est venue de Victor Perez, auteur d’un dernier 70 (-1). Un résultat qui lui permet de rentrer chez lui à Edimbourg (Ecosse) avec une 41e place à +2. Mais qui très certainement scelle la fin de ses ambitions de viser une place qualificative directe pour la Ryder Cup fin septembre à Rome !
Le leaderboard
Photo by Glyn KIRK / AFP