De ses débuts à l’US Open en 2012 à cette 123e édition en passant par ses succès, Brooks Koepka est revenu en conférence de presse sur ses liens avec les Majeurs.
N.C.
C’était en 2012, Brooks Koepka s’était qualifié à l’issue d’un barrage en mort subite pour l’US Open à l’Olympic Club de San Francisco. Le jeudi, l’amateur alors âgé de 22 ans était en tête du tournoi grâce à un score de -1, sans bogey, sur ses neuf premiers coups. « J’ai vu mon nom sur le tableau des leaders et j’ai tout gâché sur les neuf trous suivants », se remémore l’Américain.
Il s’était en effet effondré sur le retour en jouant 42 pour un total de 77 (+7). « J’ai tout de suite compris l’ampleur de la difficulté de cet événement. C’était comme à Augusta il y a quelque mois », a-t-il ajouté, dans une référence pleine d’autodérision au Masters de cette année où il a perdu son avance lors du dernier tour après un 75 (+3).
Je m’assois, je réfléchis pendant deux ou trois jours, et je suis vraiment honnête avec moi-même
Un an plus tard, lors du championnat 2013 de la PGA, ironiquement à Oak Hill où Koepka a remporté le tournoi le mois dernier, il a de nouveau été exposé à la pression. Lors du dernier tour, alors qu’il jouait avec Tiger Woods, il a concédé de nouveau un 77 (+7).
« J’ai été initié à beaucoup de choses très tôt, explique le quintuple vainqueur de Majeurs. J’ai l’impression d’être très doué pour apprendre de mes erreurs. Je m’assois, je réfléchis pendant deux ou trois jours, et je suis vraiment honnête avec moi-même sur les raisons pour lesquelles les choses se sont passées comme elles se sont passées. »
Il a appris assez rapidement et a obtenu son premier top 5 dans un Majeur en 2014 à Pinehurst, lorsque l’Allemand Martin Kaymer a gagné l’US Open avec huit coups d’avance. « Il nous a tous époustouflés, nous jouions tous pour la deuxième place. Mais j’avais l’impression d’être dans la course tout de même. »
J’aime le chaos
Le Floridien a été en mesure de déterminer exactement ce qui a fait tilt pour lui entre son désastre de 2012 et l’US Open de 2017 à Erin Hills, où il a remporté son premier Majeur avec quatre coups d’avance. « J’aime le chaos », a répondu Koepka sans détour.
Invité à donner un exemple de ce qu’il entendait par là, Koepka a cité l’US Open 2018 à Shinnecock Hills où il a défendu avec succès son titre alors qu’un grand nombre de joueurs se plaignaient de la configuration du parcours lors du troisième tour.
« Tout le monde râlait, se plaignait, se souvient-il. Ils étaient tous tellement concentrés sur le parcours qu’ils en oubliaient ce qui se passait, à savoir qu’ils étaient là pour jouer un Majeur. Si vous vous retrouviez avec des putts en montée, ce n’était pas trop compliqué. »
Koepka a également découvert qu’il aimait l’épreuve masochiste de l’US Open dont l’organisateur, l’USGA, a la réputation de torturer les meilleurs joueurs du monde avec des fairways étroits, des roughs épais et des greens rapides.
« J’aime bien quand un joueur gagne proche du par. La majorité de mes victoires se sont déroulées à 10 sous le par ou moins, ce qui est adapté aux grands championnats. J’ai l’impression que je peux surpasser tout le monde lorsqu’il s’agit d’avoir à affronter les parcours difficiles où il faut se battre. »
Tranquillement au bar
Pour quelqu’un qui aime le chaos, il n’y a jamais eu de meilleur moment dans le golf professionnel que la semaine dernière avec le rapprochement du PIF, qui finance le LIV où il joue, et le PGA Tour. Mais Koepka n’a pas vraiment prêté attention à ces révélations.
« J’étais assis au bar de The Grove (le parcours de golf exclusif de Michael Jordan à Jupiter, en Floride) en train de prendre mon petit-déjeuner, et je l’ai vu à la télévision. J’ai regardé un peu l’interview et c’est tout, a-t-il déclaré. Ensuite, je suis allé m’entraîner. Je n’allais pas perdre de temps avec les informations. Il y a quatre semaines par an qui me tiennent vraiment à cœur. C’est sur celles-là que l’on est vraiment jugé. L’US Open est l’un d’entre elles et je veux bien y jouer. »
Objectif 10
Lorsque le jour de la fin de sa carrière viendra, Brooks Koepka a un chiffre avec lequel il se sentirait à l’aise : 10 victoires en Majeurs. Avec deux années de blessures et d’opérations derrière lui, il estime qu’il est possible d’en gagner cinq de plus. « Les deux chiffres, c’est ce que j’essaie d’atteindre, espère l’homme passé par le Challenge Tour. Je ne pense pas que ce soit hors de portée. Je n’ai que 33 ans, j’ai donc encore pas mal de temps devant moi. »
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