En tête après un tour au Masters, battu d’un coup par Xander Schauffele au PGA Championship, Bryson DeChambeau s’est enfin imposé dans le 3e Majeur de la saison. Son préféré apparemment puisqu’il avait déjà décroché l’US Open en 2020, à Winged Foot. Morceaux choisis en conférence de presse à Pinehurst.
Dans quel état d’esprit êtes-vous là, maintenant ?
Je ne voulais pas finir une fois encore deuxième. Au PGA (Championship), ça a été dur. Alex (Schauffele) a joué magnifiquement. Je voulais que ça se passe autrement cette fois, surtout ici, dans un endroit si spécial qui compte tellement pour moi… Mon père, ce que Payne (Stewart) signifiait pour lui, le 1 000e championnat de l’USGA. Tout ça quoi… Cette photo que j’ai prise dans le bunker juste après (la victoire) est la photo de ma vie. Je serai toujours reconnaissant d’avoir des wedges plus longs pour pouvoir les frapper plus loin, les placer là-bas, juste à côté du trou. Mais bon, je ne sais pas quoi penser. J’ai eu un peu de chance. Rory (McIlroy) n’a pas réussi quelques putts qu’il aurait pu faire. Il y a eu des hauts et des bas complètement incroyables. Je ne sais pas quoi dire d’autre. C’est un rêve devenu réalité.
Pouvez-vous nous parler de votre lie au 18. Qu’est-ce qui vous est passé par la tête quand vous avez vu votre balle reposée près d’une racine ?
En fait, j’avais peur de me blesser. J’ai essayé de placer la balle à gauche du bunker, de la faire remonter sur le green et de m’offrir un deux putts. Mais ça n’a pas marché comme je le souhaitais. La balle a fini sa course dans le bunker, l’un des pires endroits que j’aurais pu imaginer. G-Bo (son caddie, Gregory Bodine) m’a alors dit : « Bryson, on a eu des hauts et des bas. Mais là, tu n’as pas le choix. Je t’ai vu faire des sorties complètement dingues de 50 mètres dans un bunker… » Je lui ai répondu : « C’est vrai, tu as raison. J’ai besoin d’un 55 degrés. Alors faisons-le. »
De temps en temps, je pouvais entendre des cris… « Rory, Rory » ! Je savais ce qui se passait dans sa partie, en me basant sur les clameurs que j’entendais. C’était en fait plutôt amusant parce que cela m’a permis de savoir ce que je devais faire.
Pouvez-vous nous décrire vos émotions lors des quatre derniers trous, avec tout ce rugissement autour de vous ?
Sur le 15, j’ai été un peu agressif, sur un putt d’un mètre. C’est quelque chose qu’on ne fait pas le dimanche lors d’un dernier tour de Majeur. Mais bon, ça peut arriver. J’ai mal lu la ligne et c’est passé sur le bord… Mais il fallait tout de suite redresser la barre. Faire un bon drive. Frappez un superbe deuxième coup… Le jeu de fer a été fantastique aujourd’hui. De temps en temps, je pouvais entendre des cris… « Rory, Rory » ! Je savais ce qui se passait dans sa partie, en me basant sur les clameurs que j’entendais. C’était en fait plutôt amusant parce que cela m’a permis de savoir ce que je devais faire. Au fond de moi, mon père (décédé), c’est comme s’il était avec moi, à me pousser. Payne (Stewart) était également dans mon esprit. Je voulais le faire pour eux.
La façon dont vous interagissez avec les fans est assez unique. Pensez-vous que le golf a besoin de plus de joueurs comme vous ?
Je l’espère. Ma mission est de continuer à développer le jeu, à le développer à l’échelle nationale mais aussi mondiale. YouTube m’a vraiment aidé à accomplir une partie de cela. Je pense que les gens ont vu qui je suis sur YouTube. Les gens disent simplement des choses qui me font interagir et m’engager. Quand sort le prochain club junior ? Une autre vidéo du set du club junior. Ce sont des conversations directes avec des personnes qui s’intéressent vraiment à ce que je fais. C’est une plateforme tellement géniale car je peux montrer qui je suis vraiment. Ces fans m’ont vraiment aidé aujourd’hui. Même quand les choses ne se passaient pas bien, je pensais à eux… Même quand je me retrouve dans un bunker, les fans scandent toujours mon nom. Cela m’a donc toujours inspiré.
Plus tôt cette semaine, vous avez mentionné que depuis le décès de votre père, vous avez l’impression d’avoir beaucoup grandi en tant que personne. Dans quelle mesure avez-vous spécifiquement l’impression d’avoir grandi ?
Je dirais avant tout que je respecte et comprends les opinions des gens. J’ai été assez durement mis en cause en 2022 pour de nombreuses raisons. J’ai eu la chance d’avoir des amis autour de moi qui m’ont toujours soutenu. Mon swing de golf ne se portait pas bien. La frappe de balle était terrible. Le putting n’était pas génial. Paul Casey, qui fait partie des Crushers (sur le LIV Golf), avec Anirban Lahiri et Charles Howell, continuait à me pousser dans la bonne direction. Cela a été d’une aide considérable, cela m’a aidé à retrouver un bon état d’esprit à un moment où ça n’allait pas trop dans ma vie. Au fur et à mesure que j’ai grandi, j’ai réalisé qu’il y avait bien plus dans la vie que le golf. Je ne suis pas parfait. Je suis humain. Tout le monde est humain. Il est certain que ces moments difficiles ont contribué à établir un nouvel état d’esprit chez moi. Mais pour répondre franchement à la question, qu’ai-je appris ? Avoir les bonnes personnes autour de moi.
Quand j’étais enfant, j’avais l’habitude de lancer des balles de golf dans les pires lies en dehors du fairway et j’ai simplement appris à frapper dans les pires situations pour voir ce que je pouvais faire.
Vous êtes connu pour être quelqu’un qui tente toujours de résoudre la moindre équation. Dans ce dernier tour, vous vous êtes retrouvez à plusieurs reprises dans des zones difficiles. Comment arrivez-vous à gérer tout cela ?
Quand j’étais enfant, j’avais l’habitude de lancer des balles de golf dans les pires lies en dehors du fairway et j’ai simplement appris à frapper dans les pires situations pour voir ce que je pouvais faire. Cela a stimulé une grande partie de ma créativité. J’y retournais et je travaillais très dur sur la mécanique. Dans certaines situations où je n’ai aucun contrôle sur ce qui va se passer, il faut simplement trouver comment le vouloir et le faire. Cette créativité est stimulée. Quand les greens ne sont pas parfaitement plats, qu’il y a quelques petites bosses et ainsi de suite, il faut être imaginatif, voir comment la balle va se faufiler… c’est ce sur quoi je me concentre. Il y a donc un peu de créativité en moi, même si j’essaie d’être mécanique.
Pensez-vous que cette semaine va changer beaucoup de choses pour vous, sur votre popularité, peut-être aussi sur la façon dont le golf va évoluer ?
J’espère que nous pourrons comprendre les choses rapidement. J’espère que cela pourra combler le fossé entre un jeu divisé. Tout ce que je veux faire, c’est divertir et faire de mon mieux pour le golf, exécuter et offrir un divertissement génial aux fans. C’est ce que veulent les fans, et ils le méritent.
Au fait, pouvez-vous comprendre ce que Rory (McIlroy) ressent en ce moment ?
Oui, Rory est l’un des meilleurs golfeurs de notre époque. Pouvoir lutter contre un grand joueur comme lui, c’est assez spécial. Qu’il rate ce putt, je ne le souhaiterais à personne. Il se trouve que cela s’est déroulé de cette façon. Il remportera plusieurs autres Majeurs, j’en suis persuadé. Il n’y a pas de doute là-dessus. Je pense que ce feu en lui va continuer à grandir. Je n’ai que du respect pour la façon dont il joue au golf parce que, pour être honnête, lorsqu’il avait deux coups d’avance, je ne faisais pas le fier. Mais heureusement, les choses se sont déroulées favorablement pour moi.
Photo : Chris Keane/USGA