Aperçue à plusieurs reprises sur le putting-green et le practice du Golf National en fin de semaine dernière alors que le tournoi olympique homme battait son plein, Céline Boutier s’élance ce mercredi pour ces deuxièmes Jeux olympiques après Tokyo en 2021 où elle avait terminé à la 34e place, à quinze coups de l’Américaine Nelly Korda. La Française, victorieuse à Evian en 2023, fait incontestablement partie des favorites pour l’or.
Propos recueillis par Lionel VELLA, au Golf National
Après avoir passé deux nuits au village olympique, Céline Boutier s’est rapprochée du Golf National. « Cela fait une trotte depuis là-bas… », avoue-t-elle dans un sourire. Quelques semaines auparavant, nous avions rencontré l’actuelle n°7 mondiale lors d’une journée media organisée le 6 juillet dernier au Golf National par la Fédération française de golf (ffgolf) regroupant les quatre représentants tricolores engagés dans ces Jeux 2024.
GOLF PLANETE : Quel souvenir gardez-vous de votre première expérience à Tokyo ?
Céline BOUTIER : Je me souviens qu’il faisait super chaud (rires). C’était très difficile à gérer. C’était une édition assez spéciale par rapport aux mesures prises contre le Covid. C’était un peu bizarre comme ambiance. Mais malgré tout, ça reste une belle expérience. Cela m’a permis d’avoir une bonne image des Jeux olympiques et cela m’a permis également de solidifier mes objectifs pour 2024.
G.P. : Aviez-vous pu participer à la cérémonie d’ouverture ?
C.B. : Non. Je ne dis pas que c’est un regret mais le tournoi de golf féminin étant placé à la fin des Jeux, avec le Covid, on ne savait pas quoi faire entre les deux. C’était juste compliqué au niveau de la logistique. Je ne pense pas que j’aurais pu le faire mais cette année, c’est quelque chose d’important d’y prendre part.
G.P. : Serez-vous à la cérémonie de clôture des Jeux de Paris ?
C.B. : Non. On a un tournoi juste après (Ndlr, Scottish Open du 15 au 18 août puis l’AIG Women’s Open du 22 au 25 août à St Andrews).
Je pense que cela aurait été cool d’avoir une dimension par équipes. C’est ce qui fait la particularité des Jeux, un tournoi mixte ou en double par exemple…
Céline Boutier
G.P. : Quel est pour vous le meilleur format de jeu pour le golf aux Jeux ?
C.B. : Je pense que le Stroke Play est le meilleur test pour un Majeur ou un événement de cette envergure. Après, je pense aussi que cela aurait été cool d’avoir une dimension par équipes. C’est ce qui fait la particularité des Jeux, un tournoi mixte ou en double par exemple…
G.P. : Justement, pour les Jeux de Los Angeles en 2028, on envisage l’instauration d’un tournoi mixte, peut-être sur 36 trous avec deux formules de jeu différentes… Vous en pensez quoi ?
C.B. : Oui, ce serait une super addition.
G.P. : En parlant de ça, vous voir en fin d’année en Floride avec Matthieu Pavon au Grant Thornton Invitational (12-15 décembre), c’est possible ?
C.B. : On m’a dit que oui mais je n’ai pas eu de confirmation officielle. Jouer avec lui, ce serait sympa. Je ne le connais pas trop personnellement mais avec ses performances cette saison, ce serait top.
L’Albatros est un parcours très exigeant. Du départ au green, du 1 au 18, on n’est jamais relâchée, on est toujours un peu stressée jusqu’à la fin.
Céline Boutier
G.P. : Evoluer en France aux Jeux olympiques, cela représente quoi pour vous ?
C.B. : C’est difficile à réaliser. Participer à des Jeux dans son pays, c’est une expérience que très peu d’athlètes ont vraiment la chance de vivre. Je me sens très honorée de pouvoir y participer, chanceuse aussi. Et puis avoir cette opportunité de remporter une médaille chez-soi, ce serait un rêve absolu.
G.P. : Vous allez évidemment avoir la pression du résultat. Abordez-vous cet aspect différemment depuis votre victoire à Evian en 2023 ?
C.B. : J’espère que je la gère mieux en tout cas. Après, on ne sait jamais comment on va réagir sur une situation ou une autre tant qu’on n’est pas dedans. On peut faire le mieux possible dans sa préparation mais après, quand le tournoi s’élance, il faut se faire confiance ! Etre une joueuse française dans un tournoi en France, ce n’est pas toujours facile à gérer, mais c’est inévitable. J’espère utiliser mon expérience que je vis à Evian chaque année (Ndlr, la Francilienne installée à Dallas a pris la 39e place cette année en Haute-Savoie) pour pouvoir performer le mieux possible.
G.P. : Les Jeux olympiques, est-ce selon vous le summum d’une carrière ou est-ce un événement qui passe après la Solheim Cup ?
C.B. : C’est difficile de répondre à cette question. Le fait que les Jeux se déroulent tous les quatre ans et que le golf n’a pas été dans l’histoire des Jeux pendant 120 ans (1904-2016), cela rend chaque année spéciale et unique. Je dirais que c’est au même niveau qu’un Majeur. Les Solheim, c’est différent. J’en ai disputé trois déjà. Les Jeux, je n’ai pas gagné de médaille. Je n’ai pas encore vécu cette expérience (de monter sur le podium). Au niveau émotionnel, c’est difficile de battre une Solheim. Juste parce qu’on partage tellement de choses avec les autres joueuses et d’autres personnes au sein du staff. Les Jeux, c’est une expérience différente, vous représentez d’abord votre pays.
G.P. : Au fait, qu’est-ce que vous pourriez nous dire sur le parcours de l’Albatros ? Le connaissez-vous aussi bien que cela ?
C.B. : Je l’ai joué beaucoup, surtout quand j’étais amateure. J’étais au Pôle ici (au Golf National) pendant un an. On le jouait tous les jours, quasiment. Après, c’est vrai que cela fait quelques années que je ne l’ai pas joué de manière régulière. Je vis aux Etats-Unis maintenant. Il y a quelques bunkers de plus, un peu plus de rough, il est plus étroit par endroit… Mais de manière générale, ça reste le même. L’Albatros est un parcours très exigeant. Du départ au green, du 1 au 18, on n’est jamais relâchée, on est toujours un peu stressée jusqu’à la fin.
Photo : Philippe Millereau / KMSP