Lauréate il y a deux semaines du LPGA Drive On Championship pour devenir la Française la plus titrée de l’histoire du LPGA Tour à seulement 29 ans, Céline Boutier a accordé quelques minutes à Golf Planète avant le premier Majeur de la saison, le nouveau Chevron Championship !
Propos recueillis par David Charpenet
Golf Planète : Comment avez-vous géré la fin de votre dernier tour du LPGA Drive On Championship, alors que Georgia Hall était leader au club house à -20 depuis plus d’une heure ?
Céline Boutier : Je savais que la dernière journée était scorable et que je devais faire des birdies. Après le parcours aller (Ndlr, achevé en -1), je sentais qu’il fallait mieux faire. J’ai réussi deux bons birdies au 11 et au 13 pour me remettre dans le coup à -19. Au 14, j’ai manqué une belle opportunité. Les 15, 16 et 17 sont des trous difficiles, donc j’ai fait des bons pars solides. Et au 18, j’ai rentré le birdie qu’il fallait ressentir sans trop de pression. C’était plutôt une sensation agréable. Ce putt au 18 m’a bien boostée pour la suite ! J’étais super contente de partir en play-off.
Avec ce birdie au 18, vous avez réussi à arracher le play-off face à votre partenaire de double en Solheim Cup en 2019 et 2021 ! Ça devait être une sensation étrange…
C.B. : C’est vrai que c’était assez difficile de me battre contre l’Anglaise Georgia Hall. C’est une partenaire de Solheim Cup avec qui j’ai joué des doubles et notamment en 2019 où on a gagné nos trois matches. On s’entend très bien et j’ai beaucoup de respect pour elle. C’était une position assez inconfortable au début du play-off. Mais on se recentre très vite sur son jeu et ce qu’on doit faire. On était toutes les deux là pour gagner. Et je sais très bien qu’il n’y a aucune rancune de sa part d’avoir perdu contre moi. J’espère qu’on se retrouvera en Solheim Cup toutes les deux. On aura une belle équipe d’Europe. J’ai hâte d’y être. Elle a d’ailleurs terminé encore deuxième la semaine suivante à Los Angeles et encore sixième à Hawaï ! Elle joue vraiment bien en ce moment et j’espère que ça va sourire bientôt pour elle.
Je ne suis pas du tout rentrée dans une spirale négative parce que je n’ai pas réussi à gagner l’année dernière
Après trois victoires en Europe et aux États-Unis de 2017 à 2019, puis à nouveau deux fois fin 2021, vous n’avez pas gagné en 2022 en manquant quelques belles occasions. C’est quelque chose qui commençait à vous agacer ?
C.B. : J’entendais pas mal de critiques sur le fait que je n’avais pas gagné en 2022. Mais c’est tellement dur de gagner. Moi, je savais que mon jeu était là et qu’il me fallait une bonne semaine. Il faut un peu de chance aussi. Parce que deux ou trois coups en quatre tours, ce n’est rien du tout. Je ne suis pas du tout rentrée dans une spirale négative parce que je n’ai pas réussi à gagner l’année dernière. C’est comme ça, voilà tout. J’ai déjà été dans cette position de leader plusieurs fois et je sais que la meilleure chose à faire pour moi et de me concentrer sur moi-même et pas sur ce que font les autres. Cette fois, j’ai vraiment réussi à rester focaliser sur mon propre jeu. C’était vraiment la journée parfaite puisque après cette victoire en play-off, je pensais vraiment que j’allais manquer mon avion. Mais finalement, j’ai réussi à le prendre. Donc c’était la journée parfaite !
C’est votre troisième trophée sur le LPGA Tour et vous devenez déjà la Française la plus titre de l’histoire du circuit américain, alors que vous n’avez pas encore trente ans ! Vous voyez ça comme un passage de témoin ?
C.B. : Anne-Marie Palli (Ndlr, qui partageait son record avec deux victoires en 1983 et en 1992) était là pour fêter la victoire avec moi. C’était très sympa. C’est difficile tout de même de parler de passage de témoin. Je n’ai pas assez de recul. Mais elle est géniale en tout cas et elle est toujours là à Phoenix pour saluer les Françaises. Elle a gagné à Phoenix elle aussi et c’est un autre parallèle rigolo. On a beaucoup de chance d’avoir une championne comme elle en France.
Three-time LPGA Tour winner @celineboutier 🏆🏆🏆 pic.twitter.com/tSyL7Ad7By
— LPGA (@LPGA) March 27, 2023
Avec ses bons résultats récents, Georgia Hall vient de vous passer devant au classement de la Race to CME Globe. Vous êtes deuxième à l’entame du premier Majeur de la saison. C’est une fierté et un objectif de fin de saison ?
C.B. : C’est super d’être en tête ou deuxième de la Race to CME Globe. Mais la saison ne fait que commencer. Ça ne veut encore rien dire. Il est trop tôt pour parler d’objectif de gagner la Race. Je vais juste essayer de continuer à faire du mieux possible pour me mettre en position de gagner. Mais si en fin de saison je suis à la lutte pour gagner la Race, bien sûr que je ferais tout pour y arriver. Mais ce n’est pas encore un véritable objectif en soi.
Après cinquante ans à Mission Hills et quarante éditions en tant que Grand Chelem, le premier Majeur de la saison débute cette semaine dans le Texas avec le Chevron Championship. Vous connaissez le parcours ?
C.B. : C’est vrai que ça va faire bizarre de quitter le mythique Mission Hills pour aller à Carlton Woods, près de Houston. Je ne connais pas du tout le parcours et il faudra bien le reconnaître. Ça va être un premier Majeur inédit pour tout le monde.
Je devrais jouer le Lacoste Ladies Open de France
Votre jeu est forcément bien en place puisque vous venez de gagner. Y a-t-il néanmoins des compartiments de votre golf que vous avez travaillé avec succès ces derniers mois ?
C.B. : Je me suis beaucoup améliorée au putting l’année dernière et je sens que ça reste sur la même lancée cette année. Au driving, je ne serai jamais parmi les plus puissantes du circuit, mais ma distance me va. Je ne changerai pas mon jeu juste pour gagner quelques mètres. Sincèrement, au niveau de mon jeu, je suis plutôt satisfaite.
Cette victoire va-t-elle modifier votre calendrier et serez-vous au Lacoste Ladies Open de France cet automne ?
C.B. : Je vais enchaîner comme prévu Hawaï, le Chevron et Los Angeles. La France n’est pas qualifiée pour l’International Crown, donc je me reposerai la semaine suivante. Normalement, je devrais jouer le Lacoste Ladies Open de France et la Solheim Cup en septembre, si je suis qualifiée. Juste avant, il y a pas mal de gros tournois en Europe regroupés cet été avec Evian, le British et le Scottish. Ça permet de revenir un peu plus facilement en France voir la famille. C’est bien.
Photo : Meg Oliphant / Getty Images via AFP