Céline Boutier dispute cette semaine son 8e US Women’s Open. Son 37e tournoi Majeur depuis le British 2013. Pour l’occasion, la Française enclenche la machine à remonter le temps et nous fait partager ses bons et ses moins bons souvenirs du plus prestigieux des cinq tournois du Grand Chelem féminin.
Lionel VELLA
Céline Boutier est arrivée dimanche à Lancaster, en Pennyslvanie, hôte de ce 79e US Women’s Open, le second ici sur le Lancaster Country Club après 2015 où la Sud-Coréenne In Gee Chun s’était imposée trois coups devant l’Anglaise Charley Hull et sa compatriote Amy Yang. Cette dernière qui, d’ailleurs, va partager entre jeudi et vendredi les deux premiers tours avec la Française qui prend le départ de son 8e US Women’s Open.
« J’ai vraiment hâte d’y être, souligne l’actuelle n°3 mondiale. C’est toujours particulier de prendre le départ d’un US Open. C’est un tournoi très symbolique, qui a beaucoup d’histoire. On sait que les conditions vont être optimales. Ce sont des parcours préparés toujours au top… C’est un grand tournoi qu’on a envie de remporter. »
Parfois, je n’ai pas été loin mais j’ai eu du mal à maitriser au même moment tous les secteurs de mon jeu. Au niveau performance, ce n’est pas ce que j’espérais.
Céline Boutier
La Française âgée de 30 ans débarque dans ce deuxième Majeur de la saison avec un esprit de revanche décuplé. Elle n’a pas franchi le cut il y a un gros mois au Texas pour le Chevron Championship et ses dernières sorties sur le LPGA Tour ne l’ont guère convaincue. Dix tournois joués, une deuxième place à Singapour début mars, deux tops 15… Et puis c’est tout.
« Cela n’a pas été un début de saison idéal, reconnait-elle. Je n’ai pas réussi à trouver mon jeu jusqu’à présent. Parfois, je n’ai pas été loin mais j’ai eu du mal à maitriser au même moment tous les secteurs de mon jeu. Au niveau performance, ce n’est pas ce que j’espérais. C’est donc une déception. Mais je sais que la saison est encore longue. J’espère revenir en forme le plus rapidement possible… »
Lancaster 2015 effacé de sa mémoire…
Il y a neuf ans, encore amateure, elle disputait son deuxième US Women’s Open après celui de Pinehurst l’année précédente où elle n’avait pas passé le cut pour sa grande première dans le plus ancien des cinq Majeurs féminins. De son passage à Lancaster en 2015, elle n’en garde pas un souvenir impérissable. C’est le moins que l’on puisse écrire…
« Je n’ai aucun souvenir de ce parcours, souffle-t-elle. Je me souviens du premier US Open, à Pinehurst mais de celui-là… C’est certainement parce que j’avais mal joué (Ndlr, elle avait posté deux cartes de 76 (+6) et 73 (+3)). Je l’ai effacé de ma mémoire (rires). »
Chaque US Open est très différent de l’autre. C’est toujours un peu une découverte. Chaque année, c’est un nouveau challenge.
Céline Boutier
L’US Women’s Open, créé en 1946, est le plus prestigieux des cinq tournois du Grand Chelem de la saison. C’est incontestablement le tournoi que toute joueuse professionnelle ou amateure (un petit clin d’œil à Catherine Lacoste, la seule à l’avoir dompté en 1967) rêve un jour de remporter…
« C’est mon 8e US Open, ça commence à faire beaucoup mais je n’ai pas l’impression de jouer le 8e, souligne Céline Boutier. Chaque US Open est très différent de l’autre. C’est toujours un peu une découverte. C’est pour cela que ça rend sympa ce tournoi. Chaque année, c’est un nouveau challenge. Il faut constamment s’adapter aux nouvelles particularités du parcours. »
« Aux Etats-Unis, c’est le tournoi Majeur qu’on veut gagner, poursuit-elle. Maintenant, en tant que Française, je place Evian avant. Et une Britannique placerait très certainement le British devant tous les autres. Mais comme je le disais, l’US Open est clairement à part des quatre autres Majeurs de la saison. »
Houston en décembre 2020, un US Open sans en être un vraiment
De ses différentes expériences dans ce rendez-vous à 12 millions de dollars de dotation (2 millions pour la vainqueur), la lauréate de l’Amundi Evian Championship 2023 s’arrête quelques instants sur l’édition 2020 organisée du… 10 au 13 décembre à Houston, en pleine pandémie de Covid-19. Pas son meilleur souvenir…
« Pour moi, ce n’était pas vraiment un US Open, lâche-t-elle. C’était totalement différent de ce que l’on rencontre habituellement. Il s’était joué à huis clos sur deux parcours tout sauf homogène en termes de difficultés… Il y avait zéro ambiance. Il n’y avait pas de rough. En fait, il n’offrait aucun standard d’un US Open. C’est pour moi une édition à part. C’était très bizarre. Et puis le fait que j’avais raté le cut n’arrange rien aux souvenirs que je peux avoir de cette semaine… »
Il y a cet état de fait que l’on va affronter souvent un parcours difficile, on sait que rien ne va être simple… Se dire cela, tout le temps, peut être un frein, notamment par rapport à la performance.
Céline Boutier
Depuis 2021, ses prestations à l’US Women’s Open se sont, on va dire, normalisées. Après un seul cut franchi en quatre tentatives, la Francilienne domiciliée à Dallas (Texas) est toujours parvenue à se qualifier pour le week-end. Même si sa meilleure performance depuis demeure une modeste 34e place à Southern Pines (Caroline du Nord) en 2022.
« Les premières fois que tu joues l’US Open, tu es très intimidée, avance-t-elle doucement. Tout est plus grand en fait. L’organisation, l’ambiance, l’atmosphère, on sent que les joueuses s’entraînent un peu plus encore, elles arrivent sur le site dès le vendredi ou le samedi précédents. On ressent plus de pression, il y a beaucoup plus de monde autour de vous, au sein de l’organisation, les spectateurs aussi… Ce n’est jamais simple à gérer. Et puis il y a cet état de fait que l’on va affronter souvent un parcours difficile, on sait que rien ne va être simple… Se dire cela, tout le temps, peut être un frein, notamment par rapport à la performance. Cela s’apprend avec l’expérience. Et au fil des années, on arrive à faire la part des choses et à mieux se concentrer sur ce que l’on doit faire sur le parcours… Alors oui, j’ai peut-être un peu mieux réussi à gérer tout cela ces dernières années. C’est peut-être une raison pour laquelle j’ai passé le cut lors des trois derniers US Open. »
Charleston 2019, un résultat très difficile à encaisser…
Quand on lui pose la question de savoir quel est son meilleur souvenir d’un US Open, on s’attend à ce qu’elle nous réponde quasi instantanément Charleston en 2019. Elle s’était retrouvée co-leader à l’aube du dernier tour avant de finir cinquième. Et bien, pas du tout !
« Sans hésitation, je dirais Olympic Club, en 2021, assène-t-elle. C’était un parcours incroyable, préparé de manière optimale. C’est ce que l’on attend d’un US Open. C’était dur, avec une exigence décuplée sur le contrôle de la balle pour envisager de gagner là-bas. C’était un super test. »
« Dans le sens inverse, je vais dire Charleston en 2019. Le résultat final a été très difficile à encaisser. C’était un parcours qui se rapprochait plus des links. Ce fut une édition évidemment un peu spéciale pour moi car j’ai eu l’opportunité de gagner un Majeur. C’était la première fois. J’ai beaucoup appris cette semaine-là même si ce fut aussi très douloureux. Cela a été une semaine très importante dans ma carrière de golfeuse professionnelle. »
On se retrouvait sur des trous et on se disait : « C’est là que Tiger (Woods) a fait ce coup-là ! » Cela rend ces tournois encore un peu plus spéciaux. Un peu plus magiques aussi.
Céline Boutier
Il y a un an, Céline Boutier a également défier le magnifique parcours du Pebble Beach Links où est sortie victorieuse l’Américaine Allisen Corpuz grâce à quatre cartes sous le par. Un souvenir incroyable sur un tracé très souvent visité par les hommes. C’est pour cela aussi que l’US Women’s Open – et un peu également l’AIG Women’s Open – est un tournoi à part car il s’organise sur des parcours où les meilleurs joueurs ont écrit très souvent l’histoire du golf moderne.
« C’était sympa de jouer un parcours qui est habituellement joué par les hommes, dans des rendez-vous mythiques, conclut-elle. C’était super cool comme sensation. On a eu aussi la chance de jouer à Troon ou à St Andrews d’autres parcours que les hommes jouent régulièrement, mais Pebble c’est toute l’histoire du golf aux Etats-Unis. On se retrouvait sur des trous et on se disait : « C’est là que Tiger (Woods) a fait ce coup-là ! » Cela rend ces tournois encore un peu plus spéciaux. Un peu plus magiques aussi. Même si j’avais été un peu déçue de ma performance cette semaine-là (45e). Mais oui, un US Open, c’est toujours incroyable… »
Photo : Getty / AFP