C’est une véritable bombe qui a explosé mercredi, suite à la ratification mardi soir par le Conseil d’administration du PGA Tour d’une nouvelle approche radicale pour le calendrier 2024, avec des champs réduits et l’absence d’un cut après 36 trous sur la plupart des gros tournois…
Pour les tournois concernés par ces nouvelles mesures ratifiées mardi par le PGA Tour, il n’y aura que 70 à 78 joueurs au départ et aucun cut. Mais certains continueront comme avant, c’est-à-dire sans aucun changement, à commencer par les Majeurs, le Players Championship et ceux de la phase finale de la FedEx Cup.
L’exclusivité des premières fuites a été réservée à Golfweek par deux sources proches du « board » du PGA Tour, responsable cette année de la création des tournois « boostés » (elevated events) dotés de 20 millions de dollars minimum, pour faire face à la concurrence du circuit LIV Golf : 14 épreuves à 25 millions de dollars de dotations, en moyenne, pour 48 joueurs répartis en 12 équipes de quatre.
Ecosystème fermé ?
Cette première mesure, décidée dans l’urgence, n’avait pas permis d’aller jusqu’à la réduction du champ de joueurs. Ce sera chose faite en 2024, quand le PGA Tour reviendra à une année calendaire. Et cela va faire des vagues parmi les joueurs « moyens » dont le programme va être limité par les champs réduits. Même si un joueur de haut niveau, parlant à titre anonyme, juge que ce plan permettra aux membres du PGA Tour de choisir parmi des épreuves désignées, sans pour autant créer un écosystème fermé, réservé aux meilleurs joueurs.
Nous voulons les meilleurs joueurs et les joueurs les plus excitants
Source interne au PGA Tour
« Nous voulons les meilleurs joueurs et les joueurs les plus excitants », a révélé une source interne au PGA Tour. Pour ce qui est des meilleurs joueurs, sur les épreuves désignées, il s’agira des 50 premiers du BMW Championship lors des play-offs de la FedEx Cup, la saison précédente, ajoutés aux 10 meilleurs joueurs non-éligibles au classement par points de la FedEx Cup. Il y aura aussi cinq places réservées à des joueurs ayant obtenu des bons résultats dans des tournois non-désignés.
Alternance entre les tournois « désignés » et les autres…
Le futur calendrier verrait alterner deux tournois désignés avec trois non-désignés, et ainsi de suite. Avec les cinq meilleurs joueurs des trois tournois « normaux », aux points, qualifiés pour les deux prochains « elevated events ». Et chaque vainqueur sur le Tour autorisé, automatiquement, à jouer tous les tournois désignés jusqu’à la fin de la saison.
La première réaction, positive, est venue de Max Homa, en conférence de presse, avant le Arnold Palmer Invitational qui débute jeudi. « C’est fait pour les fans, pour permettre aux meilleurs joueurs de participer aux plus gros tournois et de se battre le dimanche en fin d’après-midi, comme Scottie (Scheffler) et Jon (Rahm) au Phoenix Open », a déclaré Homa, membre du Conseil des joueurs du PGA Tour. Et il s’est dit convaincu que les champs réduits, dans les tournois désignés, permettront aux tournois non-désignés de bénéficier d’un plateau plus relevé, avec de meilleurs joueurs, « des gars qui jouent très bien au golf et que les fans connaissent. »
Max Homa speaks on the new changes to the TOUR schedule 🔊 pic.twitter.com/Nv6mFadFrR
— PGA TOUR (@PGATOUR) March 1, 2023
Un autre critère de qualification sera l’Official World Golf Ranking (OWGR), avec en priorité le Top 30 mondial, pour permettre de repêcher par exemple un joueur revenant de blessure et lui permettre de jouer les tournois désignés. Il y aura toujours des « sponsor exemptions », avec des critères plus stricts, pour permettre à une légende vivante comme Tiger Woods de pouvoir encore jouer le tournoi qu’il veut, quand il veut.
40 % de renouvellement, d’une année sur l’autre
Les responsables du PGA Tour ont procédé à de nombreuses simulations par rapport à leur modèle de départ. Les meilleurs joueurs du monde, lors d’une réunion l’été dernier dans le Delaware, avaient demandé des champs réduits et l’absence de cut, mais leurs critères auraient garanti à 80 % des joueurs leur participation aux « elevated events », d’une saison à l’autre. La structure ratifiée mardi par le PGA Tour n’assurerait qu’à 60 % des joueurs leur présence la saison suivante, avec donc 40 % de renouvellement au lieu de 20 % dans le projet des joueurs.
Un porte-parole du PGA Tour a refusé de confirmer les détails de ce plan à Golfweek. Un memo détaillant tous ces changements a été envoyé à tous les membres du PGA Tour mercredi, aussitôt partagé par le journaliste Dan Rapaport (Golf Digest, Sports Illustrated).
Il y est notamment indiqué qu’il n’y aura pas de participation obligatoire à un tournoi et que le Player Impact Program (PIP), qui récompense les joueurs les plus actifs dans les médias et sur les réseaux sociaux, sera réduit de 100 millions de dollars, pour 20 joueurs, à 50 millions pour 10 joueurs. Les 50 millions économisés seront reversés à d’autres programmes de rémunération des joueurs.
Here’s the memo sent to players by the PGA Tour outlining next year’s schedule.
Notice no mandatory participation. Also PIP shrinking from 20 players and $100 million to 10 players and $50 million. That $50 million being moved to FedEx Cup and Comcast Business bonus. pic.twitter.com/f6we0UrYyY
— Dan Rapaport (@Daniel_Rapaport) March 1, 2023
Une chose est déjà sûre, Greg Norman, le grand manitou du LIV Golf, va pouvoir continuer à se moquer de Jay Monahan, son homologue du PGA Tour. Car des champs réduits et aucun cut, sur des épreuves aux dotations « boostées », ça va furieusement ressembler au circuit rebelle dirigé par l’ancien n°1 mondial australien et financé par les Saoudiens…
— Greg Norman (@SharkGregNorman) March 1, 2023
« L’imitation est la plus haute forme de flatterie », a immédiatement tweeté Norman à l’intention de ses 123 000 abonnés, en citant Oscar Wilde. « Félicitations au PGA Tour. Et bienvenue dans le futur », a ajouté le grand requin blanc, ravi de se voir copié par ses grands rivaux.
Photo: Cliff Hawkins/Getty Images/AFP