Dans un long article publié sur le site golfchannel.com, le consultant de la chaine golf américaine Brandel Chamblee donne son avis dans le débat qui anime golfeurs professionnels et amateurs : réguler la distance des coups et la longueur des parcours.
Depuis des décennies, les générations de golfeurs débattent du bien-fondé de gagner quelques mètres sur chaque coup. A-t-on intérêt à taper plus fort ? Les parcours vont-ils devenir obsolètes ? Sont-ils devenus trop courts ? Le matériel est-il devenu trop performant ? Le sujet est revenu sur la table avec fracas ces derniers mois avec la prise massive de muscle de Bryson DeChambeau dans le but avoué de gagner en vitesse de swing, et donc en distance.
Se basant sur un rapport de 2019 sur les longueurs des coups des joueurs du PGA Tour, publié par l’USGA et le R&A, Brandel Chamblee renverse plusieurs idées reçues.
Deux coups de moins en moyenne en 40 ans
D’abord en 40 ans, la longueur des drives du PGA Tour a en effet augmenté de 15% passant de 256.5 à 296.4 yards de moyenne. Indéniablement, les scores moyens ont baissé de 72.59 à 70.56, soit 2.03 coups de moins (-2.7%). Cet ancien joueur (une fois vainqueur sur le PGA Tour en 1998), utilise également d’autres données quantitatives pour poursuivre son argumentaire :
Il montre notamment que les joueurs touchent un peu plus de greens (2,4 greens de plus en régulation sur 72 trous) avec un pourcentage de fairways touchés en léger déclin (62,55% de fraiways en régulation en 1980 contre 60,22% en 2020) malgré le gain de 40 yards (36 mètres) au drive. Les joueurs professionnels ont également gagné en moyenne un putt par tour avec des approches légèrement mieux réalisées.
Le rough, le facteur X
Ces données montrent des progrès négligeables et qui n’expliquent pas le gain de plus de 2 coups en moyenne sur le PGA Tour. Alors, le consultant ajoute un élément à son analyse, le rôle important que joue la hauteur du rough selon lui.
Depuis cette zone, les professionnels touchent en moyenne 12% de plus de greens que leurs camarades qu’il y a 40 ans. « Ce qui est logique, étant donné que les joueurs utilisent des clubs beaucoup plus ouverts et peuvent traverser l’herbe haute avec un angle d’attaque plus vertical, explique le journaliste. Mais cela représente moins de trois greens de plus touchés en régulation sur 72 trous ».
Avec des roughs à 4 inches (10 cms), louper le fairway équivaut à perdre plus d’un demi coup par trou
Celui qui a participé au Masters en 1999 (T19) poursuit son analyse. Avec l’aide du rapport des instances dirigeantes, Brandel Chamblee explique qu’aujourd’hui, louper un fairway coute en moyenne 0,3 coup sur le PGA Tour avec des roughs d’une hauteur de 2 inches (5 cm environ). En d’autres termes, les professionnels américains perdent un coup depuis le rough qu’une fois sur trois.
Inévitable selon Jacquelin
Or, les résultats ne sont pas les mêmes avec des roughs plus haut. « Avec des roughs à 4 inchs, louper le fairway équivaut à perdre plus d’un demi coup par trou », ajoute Chamblee.
« Il y a moyen, je pense, de se servir de la préparation des parcours pour éviter de parler de distance tout le temps, réagit Raphaël Jacquelin. Ça me paraît inévitable si on veut retrouver un jeu un peu plus stratégique ».
« C’est clair que les joueurs tapent plus fort, confirme Antoine Rozner. Aujourd’hui rétrécir les fairways, épaissir les roughs et raffermir les green, c’est pour moi le critère numéro 1 pour durcir un parcours ».
Des fairways plus haut ? Pas une solution pour Rozner
Brandel Chamblee suggère aussi de rendre les fairways moins roulants comme dans les années 80 lorsque les balles parcourraient entre « 6 et 12 mètres » de moins. Avec cette proposition, plus besoin de rallonger les trous ni de changer la réglementation des balles ou des clubs (les ingénieurs trouveraient vite le moyen de contourner les restrictions de toute façon).
« Augmenter la hauteur, non parce qu’on se retrouverait presque pénalisé sur le fairway, à pouvoir mettre moins de spin sur la balle et ça, j’en vois pas l’intérêt, s’oppose tout de même le vainqueur du Golf in Dubai Championship 2020. Ça serait beaucoup moins de plaisir pour le golfeur à jouer dessus et visuellement à la TV. À la limite, tondre dans le sens contraire du trou, pourquoi pas ».
Des balles qui roulent moins loin et un rough plus pénalisant rendraient le jeu moins physique et favoriserait l’aspect mental.
En revanche, pour les joueurs « du dimanche », le rough doit être moins sévère pour préserver le plaisir du jeu et raccourcir la durée des parties.