Il n’y a pas eu de miracle, de la même façon qu’il n’y a pas eu de match. L’armada américaine a littéralement écrasé une bien faible équipe européenne à des années-lumières de ce à quoi elle nous avait habitués ces deux dernières décennies. L’histoire retiendra que c’est Collin Morikawa qui a inscrit le demi-point décisif de la victoire des hommes de Steve Stricker. Tout un symbole à l’heure de l’avènement d’une nouvelle ère.
4h45 c’est le temps qu’il aura fallu aux joueurs américains pour faire entendre raison à leurs homologues du vieux continent. Le temps que le match 5, celui de Collin Morikawa et de Viktor Hovland, les deux plus jeunes joueurs de chaque camp, s’achève par un nul au 18.
la première pierre d’une longue histoire avec cette compétition
Bryson DeChambeau
Quelques minutes auparavant le Californien vainqueur de l’US PGA et de The Open au cours des 14 derniers mois avait ”tué le game” (comme disent ceux qui n’ont pas encore 25 ans) d’un coup de fer magistral de 200 mètres au 17 lui assurant virtuellement le 1/2 point du match nul avant même le redoutable 18 du splendide parcours de Whistling Straits.
Le tableau de score passa alors à 14,5 à 6,5 et Padraig Harrington, dont on devinait qu’il était résigné depuis longtemps, pouvait enfin capituler.
À nouvelle ère, nouvelle génération
La tactique d’un autre temps de l’Irlandais qui consistait à lancer d’entrée ses meilleurs éléments pour réduire rapidement l’écart afin d’entretenir l’espoir d’un impossible exploit venait de faire “pschittt”.
À l’image de la fantomatique et vieillissante équipe européenne complètement dépassée pendant 3 jours par une formation américaine affichant une insolente moyenne d’âge de 29 ans.
Stricker le visionnaire
La Ryder Cup venait elle d’entrer dans une nouvelle ère que Steve Stricker avait lui parfaitement anticipée.
3 semaines auparavant quand le Skipper Américain complétait sa sélection, dans laquelle s’étaient qualifiés 4 joueurs nés après 1990, avec 4 autres joueurs de moins de 30 ans parmi lesquels 3 rookies, “Paddy” misait sur la veille garde européenne en sélectionnant Sergio Garcia (41 ans), Ian Poulter (45 ans) et son compatriote Shane Lowry (34 ans).
Les Espagnols jettent l’éponge
Dimanche Garcia, le recordman de matchs gagnés (25) et au nombre de points marqués (28,5) dans l’histoire de la compétition, a semblé impuissant face à la toute-puissance de Bryson DeChambeau auteur d’un eagle au 1 après avoir pris le green sur sa mise en jeu de ce par 4 de 341 mètres.
Jamais l’Espagnol ne reviendra au score et s’inclinera au 16, 3&2. Une défaite logique pour un joueur certainement éreinté nerveusement et physiquement par ses joutes aux côtés de son compatriote Jon Rahm pour ramener 3 des 4 petites victoires du clan européen dans les 16 matchs de doubles des deux premiers jours.
La logique respectée
Quelques minutes plus tôt, sur le trou précédent, c’est Scottie Scheffler qui avait fait mordre la poussière pour la première fois de la semaine au numéro 1 mondial Jon Rahm.
Auteur d’un départ canon le rookie de 25 ans avait littérairement pris à la gorge le Basque avec 4 birdies d’entrée. Jamais il ne relâcha l’étreinte et infligea un sévère 4&3 au meilleur joueur du camp d’en face pour remettre les deux équipes à égalité dans la session de simples.
Le reste découle d’une logique implacable à une ou deux exceptions près. Les Américains étaient plus forts. Sur le papier et sur le terrain !
Leur victoire 19-9. la plus large depuis l’arrivée des continentaux dans la formation européenne en 1979, est à l’image de la domination américaine sur l’échiquier du golf mondial.
Les “20 glorieuses” de l’Europe du golf (7 victoires dans les 9 éditions précédentes) appartiennent au passé.
Le sursaut et les larmes de Rory
Alors même si Rory McIlroy, terriblement défaillant en doubles, a mis un point d’honneur à inscrire le premier point de la journée en s’imposant dans le premier match face au Champion Olympique Xander Schauffele, ce ne fût qu’un épiphénomène.
Un sursaut d’orgueil pour le Nord-Irlandais ému et conscient de sa responsabilité dans la tournure des événements.
Lui aussi a compris que quelque chose d’irrévocable et d’inéluctable venait de se produire sous ses yeux.
Si longtemps couvé par les Westwood, Montgomerie, Rose, Poulter, Clarke et consorts McIlroy n’a pas su endosser le rôle de leader d’équipe qui lui revenait.
Ses larmes lors de son interview d’après match racontent l’histoire de la fin de la génération qui l’a vu grandir et l’incapacité du fils prodige à reprendre le flambeau à l’heure où une page se tourne.
La destinée de l’équipe européenne et de sa fabuleuse épopée c’est aussi son destin. Il est censé être le trait d’union et a failli.
Westwood et Poulter finissent en beauté
Pour ce qui sera sans doute leur dernière Ryder Cup, Lee Westwood et Ian Poulter se sont offerts un dernier baroud d’honneur. Une dernière rasade d’adrénaline avec une victoire de prestige pour clore un chapitre inoubliable de leur vie de joueur.
Certainement amenés à prendre les rênes d’une sélection européenne dans les années à venir les deux anglais ont redoré, dimanche, leurs blasons respectifs,, bien cabossés par 2 défaites chacun en double en s’imposant en simples.
Victorieux de Tony Finau grâce à 3 birdies consécutifs à l’entame du retour, “Poults” restera invaincu dans ce format avec 6 victoires, 0 défaite, 1 nul.
Quant à Westwood, qui participait à sa 11e Ryder Cup (record de Sir Nick Faldo égalé), il a dépassé son aîné anobli au nombre de matchs disputés. Mené 2 Up avec 5 trous à jouer il a fini par prendre le meilleur sur Harris English au 18 pour son 47e affrontement en Ryder Cup !
Fitzpatrick 0 pointé, Johnson reçu 5 sur 5
Si le sourire ornait le visage des deux quadragénaires vainqueur de la Ryder Cup à 7 (Westwood) et 5 (Poulter) reprises malgré la défaite, il en est un pour qui l’histoire avec la compétition ne rime pour le moment qu’avec désillusion et déception.
Placé en dernière partie Matt Fitzpatrick a bouclé sa semaine avec une gratte au 18 pour s’incliner face à Daniel Berger. En 5 matchs (2 en 2016, 3 en 2021) le joueur de Sheffield n’a pas inscrit le moindre demi-point.
Celui qui a fait le plein dans cette 43 édition est bien sûr dans le camp d’en face mais difficile de dire s’il en retire une quelconque satisfaction tellement son visage reste impassible aussi bien dans la défaite que dans la victoire. Seul joueur vainqueur de ses 5 rencontres dans le Wisconsin Dustin Johnson est le plus vieux joueur de la Team USA (37 ans).
Un message à faire passer
En conférence de presse d’après victoire DJ est apparu plus détendu et fut l’un des premiers à prendre la parole. Mais rapidement le micro passa de main en main et le plus souvent dans celles des plus jeunes, avec quasiment à chaque fois le même message.
«Nous sommes jeunes, on a grandi ensemble, on se connait depuis l’université, on est un bon groupe. En ce qui me concerne c’est la victoire la plus importante de ma carrière. J’ai le sentiment qu’on a posé la première pierre d’une longue histoire avec cette compétition.» ont confié à qui mieux mieux Bryson DeChambeau, Jordan Spieth, Xander Schauffele, Scottie Scheffler, Collin Morikawa, Patrick Cantlay, Justin Thomas. Les leaders de cette Next Gen qui a déjà donné rendez-vous dans 2 ans en Italie.
Une rengaine réjouissante qu’a bien compris Steve Stricker et qui désormais n’a pas fini d’hanter les Européens.
Simples
Samedi 4 Balles
Samedi Foursomes
Vendredi 4 Balles
Vendredi Foursomes
© Richard Heathcote/Getty Images/AFP