Avril 2001, après avoir remporté l’US Open, l’Open britannique et l’USPGA l’année précédente, Tiger Woods s’offrait sa deuxième veste verte, bouclant ainsi le Grand Chelem à cheval sur deux années. Grand absent du tournoi en raison de son terrible accident de voiture survenu le 23 février dernier, le Tigre n’était pas non plus au Champions Dinner mardi soir mais, nul doute qu’il était au centre des discussions. Comme d’habitude à Augusta.
“Un seul être vous manque et tout est dépeuplé” écrivait le poète Alphonse de Lamartine. Le grand absent de cette 85e édition du Masters c’est évidemment Tiger Woods, victime d’un terrible accident de voiture le 23 février dernier à Los Angeles (Californie).
Le Tigre poursuit en effet sa rééducation en Floride, chez lui, à Jupiter Island, après de multiples fractures à la jambe et à la cheville droites.
Il aurait été pourtant ravi de participer au Diner des Champions de Dustin Johnson ce mardi “une des mes soirées favorites dans l’année” a-t-il tweeté, et de fêter cette semaine son fameux « Tiger Slam » réalisé il y a vingt ans. Déjà !
Un 8 avril 2001 entré dans l’Histoire
Ce 8 avril 2001, en signant un score total de 272 (-16) grâce à des cartes de 70 (-2), 66 (-6) et deux fois 68 (-4), soit respectivement deux et trois coups d’avance sur ses compatriotes David Duval et Phil Mickelson, l’Américain décrochait, à 25 ans seulement, son quatrième tournoi du Grand Chelem d’affilée, à cheval sur deux années après l’US Open, l’Open britannique et l’USPGA 2000. Personne n’a fait aussi bien depuis…
Les Dieux du golf
« Je pense n’avoir jamais accompli quelque chose d’aussi grand, avait-il souligné après cette victoire, concluant en quelque sorte un Grand Chelem sans en être vraiment un puisque seul n’est « comptabilisé » un quatre à la suite sur une année. Je sais mieux ce que représente un sacre en Majeur, alors en gagner quatre de suite, c’est juste difficile à croire. Il faut que votre jeu atteigne son apogée au bon moment, que la chance vous accompagne, que tout se passe bien. Les Dieux du golf étaient avec moi. »
Absent pour la quatrième fois à Augusta
C’est la quatrième fois depuis ses débuts à Augusta, en 1995, que le Tigre manque à l’appel. En 2014, 2016 et 2017, il avait dû se résoudre à déclarer forfait en raison de plusieurs opérations au dos.
On était alors loin de penser qu’il réussirait l’impensable en s’offrant une cinquième veste verte en 2019, déjouant tous les pronostics.
À 43 ans, sous les yeux de ses enfants, Sam et Charlie, qui n’avaient jusque-là vu leur père dans la peau d’un vainqueur de Majeur que dans des rétrospectives sur DVD ou à la Télévision…
Symbole d’une nouvelle Amérique
Cinq fois victorieux à Augusta (1997, 2001, 02, 05 et 19), Tiger Woods est aussi devenu quelque part le symbole de cette nouvelle Amérique, rayonnante dans ce tournoi pas comme les autres, et dans un état de Géorgie où la ségrégation raciale n’a peut-être jamais été aussi prégnante. Où au début des années 80, il y a donc à peine quarante ans, les caddies étaient tous noirs et les golfeurs, tous blancs.
Lui, l’Afro-Américain (par son père) et Thaïlandais (par sa mère), balayait d’un seul coup cette idée reçue qu’un homme de couleur, au sein de cet Augusta National Golf Club fermé à triple tours, n’était bon qu’à garer les voitures au bout de Magnolia Lane ou à servir, à n’importe quelle heure de la journée, un repas à ces convives triés sur le volet.
Lee Elder, starter honoraire
L’homme aux 82 victoires sur le PGA Tour (co-détenteur de ce record insensé avec Sam Snead) aurait été aussi très fier d’assister ce jeudi, aux aurores, au coup d’envoi officiel de cette édition 2021 effectué par Lee Elder, 86 ans, premier golfeur noir à avoir disputé un Masters (en 1975), en compagnie des starters honoraires que sont Jack Nicklaus et Gary Player. 1975, l’année de naissance de Tiger Woods. Comme un signe…
Briser les barrières
« Lee était un pionnier, avait soufflé Woods l’an passé quand les organisateurs du tournoi avaient décidé d’offrir à Lee Elder ce rôle fort en symboles. C’est lui qui a brisé la barrière de la couleur ici et qui a ouvert la voie pour des joueurs comme moi puissent participer au tournoi. Il l’a fait en 1975. Je suis né en 75, et quand j’ai gagné en 97, il était au fond du green (du 18)… »
46 ans en 2022… Comme Nicklaus en 1986
La question que tout le monde se pose aujourd’hui est : reverra-t-on cet immense champion sur les greens manucurés d’Augusta ? Même si les informations concernant sa rééducation ne nous arrivent qu’au compte-gouttes, il semble que celle-ci se déroule « normalement ».
Le revoir jouer sur le PGA Tour en 2021 paraît être utopique mais le bonhomme a déjà prouvé à maintes reprises qu’il ne s’avouait jamais vaincu. Malgré l’horloge du temps, qui s’écoule inexorablement.
En avril 2022, Woods aura 46 ans. L’âge où Nicklaus décrocha sa sixième victoire au Masters 1986 et donc son 18e majeur. Encore un signe ?