Présent la semaine passée au Joburg Open réduit à 36 trous, Joël Stalter a vécu des moments difficiles, entre un variant sud-africain plus contagieux et un véritable parcours du combattant pour tenter de rejoindre l’Europe avant la fermeture de l’espace aérien. Récit.
Propos recueillis par Lionel VELLA
Quand êtes-vous rentré en France ?
Je suis arrivé lundi soir d’Afrique du Sud et j’ai rejoint le domicile de mes parents en Lorraine via le Luxembourg.
Comment avez-vous vécu ce Joburg Open, premier tournoi de la saison du DP World Tour et finalement réduit à 36 trous ?
Ce fut un enfer ! Au matin du deuxième tour, on a appris que la Grande-Bretagne avait placé l’Afrique du Sud sur liste rouge à cause du nouveau variant (Omicron). Quasiment tous les Britanniques engagés dans le tournoi se sont alors scratchés et ont cherché par tous les moyens à regagner l’Europe avant la fermeture des frontières. C’est à ce moment-là qu’on a vraiment tous commencé à se poser des questions.
C’était complètement délirant. En plus, on ne savait pas si le tournoi allait se maintenir ou être annulé. On ne savait rien. On était dans l’incertitude totale.
Joël Stalter
C’est-à-dire ?
On s’est mis à consulter les horaires d’avions mais tout était complet ou alors les vols avaient été tout bonnement annulés. Les prix des billets se sont enflammés. C’était complètement délirant. En plus, on ne savait pas si le tournoi allait se maintenir ou être annulé. On ne savait rien. On était dans l’incertitude totale. J’ai malgré tout réussi à réserver trois vols différents afin que je puisse jouer mon deuxième tour la tête, on va dire, un peu plus libérée.
Mais ça ne s’est pas passé comme vous le souhaitiez…
Oui. Il y a eu un orage. Le jeu a été interrompu. Et c’était toujours autant la panique concernant le moyen de quitter l’Afrique du Sud par l’aérien. En fait, c’était le chaos ! Je n’avais alors plus qu’une envie, celle de rentrer chez moi au plus vite. J’ai dû anticiper un nombre incalculable de scénario. Si je faisais le cut ; si je ne faisais pas le cut ; si le tournoi était maintenu ; si le tournoi était annulé ; si mon vol était confirmé ou pas ; être certain d’avoir son résultat PCR à temps, et ça, selon les destinations. Bref, un vrai casse-tête. A ce propos, je trouve cela honteux que le tournoi n’a pas été annulé et que le Tour n’ait pas réussi à nous mettre tous dans un charter le samedi une fois que le tournoi a été réduit à 36 trous…
Pour ceux qui avaient un passeport européen, passer par Amsterdam était l’ultime solution. J’ai réussi à prendre un billet, comme les autres, mais à un prix exorbitant.
Joël Stalter
Parlez-nous justement de ce vol affrété par le DP World Tour et qui a été annulé…
Le vendredi soir, le DP World Tour nous annonce qu’un charter a été réservé pour le lendemain afin de permettre aux joueurs de rejoindre Dubaï. On s’est dit : « c’est super, on est sauvé ! » Mais juste avant de me coucher – j’étais avec Robin Sciot-Siegrist et Frédéric Lacroix – et après avoir annulé mes vols puisque le Tour nous avait prévenu qu’un charter était affrété, on reçoit un mail qui nous annonce que ce charter est finalement annulé. On ne pouvait plus rejoindre Dubaï. On s’est alors dit qu’on n’allait jamais réussir à partir !
Quelle était alors l’option qui vous restait ?
Pour ceux qui avaient un passeport européen, passer par Amsterdam était l’ultime solution. J’ai réussi à prendre un billet, comme les autres, mais à un prix exorbitant. Il fallait par-dessus le marché qu’on se débrouille pour avoir les tests PCR à l’heure. Le labo sud-africain nous avait expliqué qu’on allait recevoir les résultats à 8h00 mais on ne les a récupérés qu’à 14h00… Tout a été stressant du début à la fin…
J’ai beaucoup joué mais je n’ai pas bien joué. C’est ma plus mauvaise saison depuis que je suis passé professionnel.
Joël Stalter
Quand allez-vous reprendre la compétition maintenant ?
A la mi-février au Qatar ou alors au plus tard en Inde. Mais là, pour être franc, je ne m’en préoccupe pas du tout. Je suis très content de bénéficier d’un long break. J’en ai besoin. Mentalement surtout. J’ai besoin de reprendre de la fraîcheur. Passer à autre chose, pouvoir m’entraîner et mettre en place un plan de travail. L’avantage de ma catégorie (16c), c’est qu’au pire des cas, j’aurais une catégorie sur le Challenge Tour en 2023. Sur le DP World Tour en 2022, je pense que je pourrais jouer une vingtaine d’épreuves. Mais bon, aujourd’hui, c’est difficile de se projeter, vu ce qui se passe en ce moment avec le Covid…
Quel bilan tirez-vous de votre saison 2021 sur le Tour européen ?
Ce fut une année très difficile. J’ai beaucoup joué (27 tournois) mais je n’ai pas bien joué (7 cuts franchis, aucun top 10). C’est ma plus mauvaise saison depuis que je suis passé professionnel (206e à la Race). J’ai quand même beaucoup appris. A moi de faire le travail nécessaire pour revenir plus fort en 2022. Je vais devoir redoubler d’effort sur mon driving. Il a été très mauvais cette année (53,32 % de fairways touchés). Les autres secteurs de jeu sont assez bons mais ça reste malgré tout compliqué quand vos mises en jeu ne sont pas au niveau.
Photo : European Tour