15 jours après son succès à Pléneuf, le leader du clan tricolore était au Vaudreuil cette semaine. Julien Brun nous a accordé un entretien où il est question des ingrédients à l’origine de son retour au premier plan après plusieurs années compliquées mais aussi de ses objectifs revus à la hausse, de son ami Paul Barjon et de son expérience en fac US.
Avec le recul que vous inspire cette victoire à Pléneuf qui vous a remis sur les rails 9 ans après votre victoire à Toulouse sur le Challenge Tour alors que vous étiez encore amateur ? C’est un gros “boost” pour la confiance ?
Cela ne change pas grand-chose. Mes résultats actuels et cette victoire s’inscrivent dans la continuité de ce qui se passe depuis un 1 an et demi. La seule chose qui a changé c’est que j’ai revu mes objectifs à la hausse.
Il y a aussi quelque chose de nouveau que j’ai pu expérimenter. Une forme de relâchement comme la semaine dernière. Je suis arrivé avec moins de pression, moins de stress, et par conséquent un manque d’activation la semaine dernière. Il m’a fallu le lendemain et le stress du cut pour me remettre dans le bon mode.
Là c’est passé. J’ai un peu plus de recul. J’ai une approche différente afin de me mettre dans le bon état psychologique pour faire un bon tournoi.
Votre nouveau départ coïncide avec l’arrivée d’Olivier Léglise comme entraineur ?
J’ai commencé il y a 2 ans avec Olivier Léglise, ici même au Vaudreuil. C’était une session de prise de contact.
Les mois qui ont suivi, on a mis en place les fondations au niveau du jeu et ça m’a permis de me lancer début 2020.
Je me connais, j’ai la bonne attitude, je sais rester patient et quand je suis en position de gagner je sais faire. Il me manquait de me mettre en position et il fallait que mon jeu me permette à nouveau de l’être.
Ensuite, sont venus s’ajouter à l’équipe, Mathieu David, un préparateur mental qui m’appuie dans la gestion de mon projet, puis Robin Cocq pour la gestion de la performance et qui m’aide au petit jeu, enfin j’ai désormais un préparateur physique à Prague.
Donc ce sont des petites choses qui se sont ajoutées petit à petit. Il n’y a pas eu de changement brutal. Le seul changement brutal c’est d’aller vivre à Prague. Mais ça aussi c’est super (rires).
Aujourd’hui 2e de la Road to Mallorca vous pensez déjà avoir un droit de jeu dans l’élite l’an prochain ?
Je ne calcule pas trop, il y a 20 places mais moi ce qui m’intéresse c’est d’être constant et d’amener cette constance avec moi sur l’European Tour s’il y a European Tour l’an prochain.
Plus factuellement je sais aussi qu’il vaut mieux terminer dans le top 5 voire 1er pour avoir la meilleure catégorie que celle du 20e.
J’ai joué avec Rham, DeChambeau, Spieth ou Justin Thomas. J’ai aussi beaucoup joué avec Schauffele
Un mot sur les performances de Paul Barjon avec qui vous étiez en Équipe de France et qui vous a suivi ensuite à la Texas Christian University. C’est impressionnant ce qu’il fait .
C’est super pour Paul, je suis super content pour lui. La façon dont il a construit son projet. Je l’ai vu démarrer très jeune quand il est arrivé de Nouvelle-Calédonie. Le voir réussir, accéder au PGA Tour c’est top. Il a déjà joué deux majeurs. C’est clair que ça donne envie et c’est là que je veux aller.
On voit que Victor Perez, Antoine Rozner et Paul Barjon sont passés comme vous par les facs US, une filière mise en place par la FFGolf. Il y a aussi l’exemple de Viktor Hovland le prodige norvégien ou celui de Jon Rahm le numéro 1 mondial. C’est vraiment la bonne voie à emprunter pour accéder au très haut niveau ?
C’est indéniable que ça marche. Ça met parfois plus de temps à se mettre en place. Le parcours peut s’avérer plus long. C’est moins fulgurant qu’un joueur qui passe pro à 18 ans car on reste souvent amateur jusqu’à 22/23 ans mais c’est un système qui fonctionne.
Aujourd’hui quand Victor, Antoine ou Paul arrivent sur des tournois, ils ne sont pas dépaysés. Ils connaissent l’ambiance, les parcours, les joueurs.
Moi j’ai joué avec Rham, DeChambeau, Spieth ou Justin Thomas. J’ai aussi beaucoup joué avec Schauffele. Ils avaient un jeu plus complet, plus costaud que moi. Le fond de jeu était meilleur pour ce qui est du driving, de la puissance.
J’avais d’autres armes, mais lorsque tu passes pro et que tu enchaines 20/25 semaines dans l’année, il faut avoir des fondations solides. Tu ne peux pas tout mettre sur le putting et le petit jeu, qui on le sait par définition sont des compartiments du jeu où “ça va, ça vient”.
Il faut scorer bas avec un super fond de jeu pour que dans la durée cela tienne. Aujourd’hui l’objectif c’est cette constance. Là par exemple c’est mon 10e tournoi sur les 12e dernières semaines.
Au final aucun regret lorsqu’en 2012 vous gagnez l’Open de Toulouse et la question de passer pro se pose ?
Après 2012 j’enchaine avec de bons résultats en 2013, l’année 2014 est excellente. J’ai eu des “invits” sur le PGA Tour et j’ai pu signer des gros contrats. Non je n’ai jamais regretté cette décision de différer mon passage pro. C’était ma décision. Cela m’a permis de me développer en tant que personne et d’avoir mon diplôme.