Depuis 2015, Keith Pelley, 58 ans, est le patron de l’European Tour dont le circuit professionnel vient de prendre le nom de son principal sponsor, pour devenir le DP World Tour.
Ce directeur général, natif de Toronto passé par la télévision sportive et la gestion de clubs de hockey et de football américain, a déjà marqué de son sceau l’institution qui gère le développement du golf européen, notamment en signant un accord important avec le PGA Tour américain, en créant de nouveaux tournois et en attirant des investisseurs.
Alors que la saison va reprendre cette semaine à Abu Dhabi, Keith Pelley a accepté de répondre aux questions de Golf Planète et de faire un tour d’horizon de l’actualité golfique.
En commençant par le devenir de l’Open de France dont le sort inquiète encore certaines personnes chez nous.
OdF : Encore de bonnes nouvelles dans les semaines à venir
Vous avez rencontré Pascal Grizot fin décembre dernier. Quels ont été les principaux points de votre conversation ? Comme on ne connaît pas encore le sponsor de l’Open de France, les golfeurs français doivent-ils craindre pour l’avenir de ce tournoi ?
Keith Pelley : Avant de nous revoir à Londres fin décembre, Pascal et moi, nous avions conjointement annoncé en novembre le retour de l’Open de France dans le calendrier européen 2022 après une absence de deux ans en raison de la pandémie. L’Open de France se jouera septembre, au cours de la même semaine de la Ryder Cup 2018. Nous avons confirmé alors une dotation de 3 millions d’euros, soit le double de sa dernière édition en 2019. Comme je l’avais dit à l’époque, ceci souligne notre engagement envers le plus ancien Open national d’Europe continentale.
J’ajouterai que nous espérons partager des nouvelles plus excitantes à propos de l’Open de France dans les semaines à venir. Il est certain que les golfeurs et les fans français de golf peuvent se tourner vers l’avenir avec optimisme.
Nous sommes déjà tous ravis que nos champions se retrouveront, cette année, sur l’un des meilleurs parcours de golf d’Europe : Le Golf National près de Paris.
La Ryder Cup pourrait-elle être de retour au Golf National avant 2040 ?
Keith Pelley : Sans aucun doute, la Ryder Cup 2018 au Golf National a été un succès monumental. En dehors de l’aspect sportif qui fut un succès total, ce fut aussi la Ryder Cup la plus réussie sur le plan commercial en Europe.
Bien sûr, la performance de la Team Europe face aux USA y a contribué. Mais avoir organisé l’une des compétitions sportives les plus importantes du monde à Paris, sur un magnifique parcours de golf, a évidemment bénéficié de l’aura d’une des villes les plus mythiques au monde : ce fut une combinaison parfaite pour cet événement exceptionnel. Je suis sûr que Le Golf National et Paris fourniront également le meilleur pour les Jeux Olympiques de 2024.
Pour ce qui est des futures éditions européennes de la Ryder Cup, rappelons que la prochaine se déroulera dans une autre ville emblématique d’Europe : Rome où, l’année prochaine, le parcours Marco Simone accueillera la première Ryder Cup italienne. L’édition du centenaire se tiendra en Irlande, au Adare Manor en 2027.
Au-delà, rien n’est arrêté : nous avons reçu beaucoup de marques d’intérêt d’un certain nombre de sites potentiels de différents pays européens pour accueillir les Ryder Cups de 2031 et de 2035 : notre équipe est actuellement en train de les évaluer.
L’alliance avec la PGA connaitra de prochains développements
Combien de tournois DP World Tour pourraient rejoindre le PGA Tour dans un avenir proche, comme l’a fait le Scottish Open ?
Keith Pelley : Comme vous le savez, nous avons annoncé que trois événements seront co-sanctionnés par le PGA Tour en 2022 : le Genesis Scottish Open, le Barbasol Championship et le Barracuda Championship. Les trois compteront à la fois pour notre classement DP World Tour et pour la Fed Ex Cup du PGA Tour et offriront des opportunités de jeu pour les membres des deux circuits.
C’était la première annonce conjointe que nous avons faite après avoir signé notre alliance stratégique en novembre 2020. Jay Monahan et moi avions dit à l’époque que c’était vraiment qu’une première étape. Nos équipes respectives ont travaillé en étroite collaboration dans les coulisses, non seulement sur la programmation mais sur toutes les facettes de nos circuits.
Notre annonce portait également sur le doublement du fonds de dotation de l’Irish Open à 6 millions d’euros. Nous continuons à chercher comment collaborer encore mieux au profit des deux Tours et à l’amélioration du golf mondial.
Je peux vous dire que nous sommes impatients de dévoiler plus de détails sur l’avancement de notre alliance dans les mois à venir.
Jay Monnahan siège avec vous à l’European Tour Board en tant qu’associé. Pourquoi n’avez-vous pas le même traitement au PGA Tour ?
Keith Pelley : Dans le cadre de notre accord d’alliance stratégique, le PGA Tour a pris une participation minoritaire dans l’European Tour Productions, la société de production média du groupe European Tour. C’est pourquoi Jay fait désormais partie du conseil d’administration du groupe European Tour.
Quel est votre sentiment sur les nouveaux développements de la prochaine Premier Golf League ?
Keith Pelley : Il y a eu beaucoup de rumeurs et de spéculations sur les ligues alternatives depuis de nombreuses années. Mes sentiments ou mes opinions restent les mêmes, à savoir que notre objectif est de travailler fermement avec le PGA TOUR pour continuer à améliorer nos produits au profit du golf mondial.
L’écosystème du golf est déjà très fort : les deux principaux circuits professionnels qui travaillent ensemble le renforceront sans aucun doute encore longtemps…
Nous sommes devenus un circuit mondial
Certains joueurs comme Colin Montgomerie ne sont pas d’accord avec la prééminence de l’argent dans le golf et expriment leur désapprobation lorsque l’European Tour prend une nouvelle appellation, celui d’une société commerciale des Émirats. Quelle est votre réponse à leur attitude nostalgique ?
Keith Pelley : Le fait que DP World soit devenu le sponsor principal du circuit européen est une étape importante de notre histoire. DP World et le groupe European Tour célèbrent tous deux leur 50e anniversaire en 2022 et l’accord nous a permis d’annoncer une dotation globale record de plus de 200 millions de dollars pour cette saison. Y compris des montants minimum de 2 millions de dollars pour chaque événement sanctionné par le nouveau DP Tour.
Lorsque nous avons fait cette annonce en novembre dernier, nous nous sommes également engagés à assurer un impact positif sur l’ensemble professionnel mais aussi à développer le jeu à l’échelle mondiale. Vous avez déjà vu l’impact qu’a eu cette politique sur le Challenge Tour avec la mise en place de la bourse John Jacobs et surtout d’un calendrier jamais aussi fourni pour 2022.
Bien entendu, le choix de ce partenariat à long terme n’a pas été une décision que nous avons prise à la légère. Ce n’est que la deuxième fois de notre histoire que nous avons un sponsor en titre pour notre circuit : après avoir été le Volvo Tour de 1988 à 1995, voici le DP Tour.
À partir du moment où j’ai rejoint le Tour en tant que directeur général, j’ai dit que l’European Tour était en quelque sorte un abus de langage : ce nom ne correspondait pas ni notre marque ni à notre réalité. Pour illustrer ce point précis, je vous signale que le calendrier annoncé en novembre comporte 47 tournois, dont 23 en Europe… et 24 tournois dans le reste du monde !
Dans ce sens, nous sommes donc devenu un circuit mondial : notre nom le reflète maintenant. Nous sommes donc ravis d’avoir le soutien de DP World qui est un partenaire exceptionnel pour nous depuis plus d’une décennie.
La technologie et la communication vont se développer
Comment imaginez-vous le golf en Europe dans 25 ans ?
Keith Pelley : Voici une question difficile ! Le rythme des évolutions et des changements au cours des dernières années a été rapide. Il est donc incroyablement difficile de se projeter aussi loin dans le futur.
Cependant, je dirais que le travail que nous effectuons actuellement avec le PGA Tour façonnera incontestablement de nombreux aspects de ce à quoi ressemblera le golf professionnel dans les années à venir : il offrira une voie solide et claire aux joueurs du monde entier pour concourir sur la plus grande scène du monde.
Nous continuerons également à assister à une plus grande utilisation de la technologie dans notre jeu.
Sur ce plan, notre circuit a été à l’avant-garde au cours des six ou sept dernières années, grâce à des innovations telles que l’interviews des joueurs sur le parcours. Nous continuerons à explorer les moyens d’améliorer la communication des joueurs et de leurs fans aussi bien sur les parcours qu’ à travers nos médias de diffusion.
Propos recueillis et traduits par Roland Machenaud
Photos DR, European Tour Medias, Ryder Cup, Rolex, HSBC