Meilleur joueur Français à Augusta avec une 13e place obtenue en 2005, Thomas Levet est un fin connaisseur de ce tournoi mythique. Consultant pour Canal+ depuis de nombreuses années, il connait bien tous les pièges qui attendent les 92 joueurs pendant les 4 jours de cette édition 2020.
Bonjour Thomas d’abord un point sur les dernières infos que vous avez concernant les conditions de jeu à Augusta cette année. Il semble que ce ne sera pas si différent que lorsque le tournoi se joue en Avril.
Pour le moment il fait beau et sec. C’est parfois comme l’hiver sur la côte est des Etats-Unis. En revanche la pluie arrive. Peut-être la conséquence de l’ouragan ou de la tempête tropicale ETA qui se dirige vers la Floride.
Mais il va faire 25°c et au plus bas 12°c, la balle va voler pas de problème de ce point de vue là, en revanche si c’est très humide à cause des précipitations comme annoncé ça peut changer la donne. Et les gros frappeurs vont être avantagés encore plus qu’il ne le sont normalement.
L’autre point qui peut perturber le déroulement du Masters et donc influencer le rendement des joueurs c’est qu’il va faire nuit plus tôt et qu’en cas de pluie et d’interruption de jeu, les organisateurs n’ont pas vraiment de solutions de repli. On peut assister à un Masters éprouvant pour les nerfs de ce point de vue là.
1h30 pour commencer à trouver les bonnes sensations sur les greens
Vous avez joué plusieurs Masters, vous avez le meilleur résultat jamais obtenu par un Français à Augusta et vous commentez le tournoi pour Canal+ depuis plus de 10 ans. Que pouvez-vous nous dire du parcours vous qui le connaissez si bien ?
La première chose qui vous saisit quand vous arrivez sur le parcours c’est le dénivelé. On ne s’attend pas à voir autant de fortes montées et descentes. La deuxième chose, et c’est pour moi la plus importante, c’est vitesse naturelle des greens.
Même si les joueurs sont habitués à jouer des greens rapides là c’est extrême. Les pentes sont tellement prononcées. La finesse du contrôle de la distance est essentielle et je me souviens très bien qu’il m’a fallu 1h30 pour commencer à trouver les bonnes sensations et ne pas faire de putts de défense en décélérant pour qu’ils finissent au bord des trous. Il fallait avoir les bons réglages pour continuer à accélérer dans la balle.
Depuis 41 ans un seul joueur a remporté le Masters à sa première participation (Fuzzy Zoeller). L’expérience est, plus que sur n’importe quel parcours de grand chelem, essentielle à Augusta.
C’est un parcours plus tu le joues plus tu progresses. Il y a trop de dangers. Pour trouver le coup raisonnable ça prend du temps. Exemple le trou 3. Il y a plusieurs options et même avec une approche défensive en jouant un fer depuis le départ le deuxième coup n’est pas simple. En drivant près du green c’est aussi compliqué. Il faut du temps pour identifier le coup raisonnable. Pourtant le trou ne fait que 320 mètres mais ici, il faut oublier le drapeau. Jouer à droite et s’entrainer sur le putt en descente lors des parties de reconnaissance.
A Augusta il y a beaucoup de coups qui ne pardonne pas. Ça passe une fois, deux fois mais quand ça ne passe pas tu prends le bouillon.
Les par 5 sont des cibles faciles pour les longs frappeurs. DeChambeau a même dit qu’il allait jouer le parcours en par 67. Qu’en pensez-vous ?
C’est vrai que les par 5 sont atteignables en 2 et offrent des vraies opportunités de birdies. Le 8 se défend bien, le 2e coup en montée à l’aveugle n’est pas évident. Le 2, le 13 et le 15 pour Johnson, DeChambeau, Koepka, Rahm, McIlroy sont quasiment des par 4. Mais attention cela nécessite deux très bons coups. Si vous ratez le green cela peut aller très vite.