Dis Padraig, pourquoi tu tousses ? En s’imposant tous les deux ce dimanche, Rory McIlroy et Matthew Fitzpatrick ont ravivé d’une certaine façon la douleur de l’écrasante défaite subie par l’Europe face aux USA il y a trois semaines.
Dans notre carnet de notes de la Ryder Cup, Matthew Fitzpatrick et Rory McIlroy avaient reçu respectivement 2/20 et 5/20 et figuraient selon nous (et bien d’autres « observateurs ») parmi les plus grosses déceptions de Whistling Straits. Trois semaines plus tard, l’Anglais et le Nord-Irlandais ont donc remporté un titre de prestige, le premier à Valderrama sur l’un des parcours les plus exigeants de la saison, le second à Las Vegas pour s’adjuger son 20e titre sur le PGA Tour. Le timing est évidemment frustrant pour les fans européens. Ces deux succès amènent à plusieurs constats…
McIlroy veut faire plus simple
Concernant McIlroy, le voir triompher face à un champ de joueurs extrêmement relevé, notamment côté américain, remue le couteau dans la plaie de sa contreperformance dans le Wisconsion. On l’espérait leader sous les couleurs européennes, il a plutôt eu l’air d’une âme en peine notamment après ses trois défaites en double. Ebranlé, Rory avait pleuré tout son saoul à l’issue de cette semaine douloureuse sur le plan sportif. Encore une fois, le Nord-Irlandais avait semblé rattrapé par un trop plein d’émotions. Même si sa déclaration d’amour envers la Ryder Cup fut touchante.
Rory McIlroy was in tears after his match on Sunday. He REALLY loves the Ryder Cup.https://t.co/sA6LCZppV6
— GOLF.com (@GOLF_com) September 26, 2021
Trois semaines plus tard donc, le voilà lauréat sur le PGA Tour pour la 20e fois, “un grand accomplissement” comme il l’a dit lui-même, et de retour dans le top 10 mondial (8e). Le champion aux quatre titres majeurs a tenté d’expliquer ces montagnes russes émotionnelles et golfiques avec franchise, honnêteté et comme souvent un brin de candeur. “J’ai beaucoup réfléchi après la Ryder Cup, je me suis rendu compte que j’ai essayé dernièrement d’autres choses pour pouvoir être meilleur alors qu’en fait, quand je suis simplement moi-même, cela suffit.”
“Cette Ryder Cup a été énorme pour moi, vraiment. Oui, j’ai été très déçu de la façon dont j’ai joué et j’y ai beaucoup réfléchi. Je crois que je dois simplifier tout ce qui entoure ma carrière, je dois juste jouer au golf en étant moi-même.”
Ce n’est pas la première fois que Rory promet avoir trouvé la clé de ce qui l’empêche de performer de nouveau dans les grands événements. On attend donc de voir où cette nouvelle résolution va le mener, notamment lors du prochain Masters en avril et plus généralement en majeurs dans lesquels son compteur reste bloqué à 4 victoires depuis 7 ans !
En attendant, ses fans de sont bien sûr heureux de le voir de nouveau bien dans son golf. Mais on aurait bien aimé pouvoir compter sur un grand McIlroy pour défier l’Armada américaine. Rendez-vous à Rome, Rory, et surtout pense à faire simple (et doubles) en Italie…
Fitzpatrick, symbole d’une Europe en berne
Le cas Matthew Fitzpatrick semble bien différent. Le discret Anglais a remporté son 7e titre sur le Tour Européen à l’occasion du Masters d’Andalousie à Valderrama. Sur ce parcours très exigeant, la performance inspire le respect. Le joueur de Sheffield a vite rebondi après son échec en bleu après une deuxième Ryder Cup de laquelle il est sorti “Fanny”. Au total Fitz’ en est à cinq matchs, cinq défaites en deux participations.
A-t-il vraiment rebondi d’ailleurs, ou a-t-il profité d’une concurrence en berne ? On peut se poser la question.
Jon Rahm hors du coup et fatigué (cut nettement manqué), Fitzpatrick était le favori logique pour le week-end. Car derrière le n°1 et le 25e mondial (il était 28e avant de prendre le départ), aucun autre joueur ne figurait dans le top 50 mondial en Andalousie.
Le 3e mieux classé dans la hiérarchie mondiale était l’Australien Min Woo Lee (66e) qui a fini… deuxième. La relève tant attendue côté européen n’a donc pas brillé. L’Ecossais Robert McIntyre ? Décevant (53e). Le Norvégien Nicolai Hojgaard, l’Italien Guido Migliozzi, que l’on annonce comme possibles candidats à une sélection pour Rome ? Cut manqué. Tout comme le n°1 français Victor Perez.
La victoire de Fitzpatrick qui a 27 ans est en quelque sorte le leader de la jeune génération du golf anglais conduit à un constat peu rassurant : les jeunes joueurs issus du tour européen tardent à émerger et la « profondeur » de ce réservoir de talents issus Vieux continent s’amoindrit.
On peut même oser dire ici qu’au regard de l’image qu’a donné Fitzpatrick lors de ses deux apparitions en Ryder Cup – où son attitude s’apparentait à celle d’une jeune gazelle dans la fosse aux lions – on n’a guère envie de le voir endosser le maillot européen dans deux ans.
Et pourtant, comme il est l’un des fidèles du circuit européen et que son niveau de jeu lui permet d’y gagner sans pour autant produire du très grand golf, il risque bien d’en être…
A few words on last week! 🇪🇺 pic.twitter.com/Xxw0iUNWI7
— Matt Fitzpatrick (@MattFitz94) September 30, 2021
Harrington, coaching absent
Le dernier constat que l’on fera après ce dimanche plein d’ironie pour le camp européen concerne le coaching de Padraig Harrington. Ou plutôt son absence de coaching. Finalement, ce qui a peut-être manqué à McIlroy et à Fitzpatrick pour mieux jouer à Whistling Straits, c’est peut-être un capitaine charismatique. Capable de remonter ses troupes, de transcender ses joueurs. Rory s’est comme à son habitude mis trop de pression et Fitz’ n’a pas supporté le poids de l’événement.
Quelques mots du capitaine auraient peut-être pu les aider. Et même sans être dans le secret du vestiaire, il est apparu évident que la communication avec ses joueurs, notamment en amont de l’événement, n’a pas été le point fort de Paddy. Oui, il y avait moyen de faire mieux pour l’Europe. Ce week-end à double victoire sonne comme une évidence…