Qualifiée pour le LPGA Tour 2022 après une démonstration aux cartes américaines et une deuxième place finale, Pauline Roussin-Bouchard revient sur cet exploit et sur une année qui va la propulser sur le circuit le plus exigeant du monde… à seulement 21 ans !
Golf Planète : Aviez-vous une appréhension à devoir jouer huit tours en onze jours aux cartes du LPGA Tour ?
Pauline Roussin-Bouchard : J’ai une préparation physique adaptée pour faire beaucoup de tours de golf et beaucoup de tournois d’affilée. Je savais que j’avais les huit tours dans les jambes et dans la tête. Donc je ne me suis même pas posé la question. En plus, j’avais mon ostéopathe avec moi pour récupérer, donc c’était parfait ! Mentalement, je me suis dit que c’étaient deux tournois qui s’enchaînaient. Le dernier jour, j’ai moins bien joué, mais notamment parce que je savais que l’objectif était déjà atteint. Et en plus, j’ai mal putté. Ce n’était ni un souci de physique ou de mental.
J’ai pris le karma le dernier jour au 13
GP : À partir de quand vous êtes-vous dit que la carte était dans la poche ? Après le trou en un au 13 lors du septième tour ?
PRB : Pour la petite histoire de ce trou en un, j’avais dit pendant la reconnaissance que je n’en avais pas fait depuis dix ans et que s’il y avait bien une semaine pour en faire un, c’était celle-là ! Et c’est arrivé ! Après, la fin de tournoi a plus tourné à un duel avec la Sud-Corénne Na-Rin An. On avait pas mal d’avance sur le reste des joueuses. Il n’y avait aucun intérêt à finir première ou deuxième, mais on a quand même bataillé ! À la fin, on était presque en match play. J’ai produit le jeu que je voulais parce que j’ai notamment pris 18 greens. Mais j’ai perdu le fil au putting. J’avais moins peur de prendre trois putts et j’ai putté de manière plus agressive.
Au bout du compte, j’ai pris quatre fois trois-putts et une fois quatre-putts ! J’ai aussi pris le karma le dernier jour au 13 ! Ça faisait dix ans que je n’avais pas fait de trou en un et certainement aussi longtemps que je n’avais pas pris quatre putts. Et j’ai fait les deux en deux jours sur ce même trou numéro 13 ! Incroyable !
GP : Vous avez pu partager votre joie avec Agathe Laisné qui a pour sa part obtenu un droit de jeu partiel sur le LPGA avec sa 22e place…
PRB : On était super contentes toutes les deux. On a passé la remise des prix ensemble. C’est top ! Elle va pouvoir jouer une dizaine de tournois. Et après le re-ranking, elle en aura peut-être encore plus.
GP : Vous avez pu bénéficier de l’expérience de Sébastien Clément lors des cartes, mais il caddeye normalement Julien Guerrier sur le DP World Tour… Vous avez déjà une solution pour 2022 ?
PRB : Honnêtement… non !
Si je ne peux pas mener les deux de front, je n’hésiterai pas à sacrifier mes études
GP : Vous êtes toujours inscrite à l’université de Caroline du Sud. Où en êtes-vous de votre diplôme de psychologie et comment allez-vous vous organiser ?
PRB : Si je veux terminer mon cursus, il me reste à peu près trois ans. J’ai des cours le semestre prochain, mais je ne sais pas si je vais réussir à aller au bout de mon cursus. Je vais avoir deux fois plus de tournois l’année prochaine. Si je ne peux pas mener les deux de front, je n’hésiterai pas à sacrifier mes études. Je vais en tout cas rester dans un premier temps en Caroline du Sud, mais je réfléchis à aller en Floride, vers West Palm Beach où il y a des parcours incroyables. En plus, mon coach de putting Brad Faxon est en Floride, tout comme Patricia Meunier-Lebouc. Et tout ce qui est musculation risque de se passer ailleurs qu’en Caroline du Sud de toute façon. Je conserve sinon tout mon staff avec Alain Alberti en coach technique. En terme d’organisation de mon staff et de ma manière de travailler, il n’y a pas de changement notable.
GP : Avez-vous déjà une idée précise de votre calendrier pour les prochains mois ?
PRB : Je vais pouvoir rentrer sur beaucoup de tournois, mais pas forcément les Majeurs. Il y aura aussi certainement des tournois du LET à mon programme, mais le calendrier n’est pas encore sorti. Je vais en tout cas commencer la saison à Boca Raton la semaine du 27 janvier. Après mes deux premiers tournois en Floride, il y a deux épreuves en Asie et je vais avoir besoin d’un papier spécial pour pouvoir quitter les États-Unis. J’ai sollicité un rendez-vous à l’ambassade américaine à Paris pour avoir ce sésame, sinon je serai bloquée aux États-Unis jusqu’au mois de mai ! La date de mon rendez-vous va conditionner la date de mon départ aux États-Unis. Ça fait beaucoup de questions sans réponse, mais ça va, c’est pour faire de belles choses au bout du compte !
Une nouvelle page se tourne, mais c’est le même livre
GP : Connaissez-vous personnellement Céline Herbin, Céline Boutier et Perrine Delacour qui évoluent déjà sur le LPGA Tour ?
PRB : Nous sommes de générations différentes et je ne les connais pas bien. On a pas mal échangé avec Céline Boutier lors du dernier Lacoste Ladies Open de France. Elle joue super bien et elle est très sympa. Ça donne envie de faire aussi bien qu’elle ! J’ai également un peu parlé avec Céline Herbin à Bordeaux, qui est une fille super aussi.
GP : Continuez-vous la boxe et plus généralement les arts martiaux ?
PRB : Ah oui ! J’en fais depuis que je suis toute petite. Ça fait partie de la performance et je conserve tout ce qui fait partie de la performance !
GP : Comment vivez-vous cette ascension fulgurante avec déjà une place sur le LPGA Tour à 21 ans ?
PRB : Ça s’inscrit dans la continuité en fait. C’est une nouvelle page qui se tourne, mais c’est le même livre. Je vais engranger plein d’expérience sur le LPGA Tour au début, mais je ne vais pas jouer les premiers tournois de la saison juste pour prendre de l’expérience. Si je peux commencer fort, je vais commencer fort. J’ai hâte de vivre cette aventure à fond en tout cas ! C’est une aventure qui se vit en équipe. Mes parents vont s’organiser pour venir me voir régulièrement. Je suis contente d’être entourée de ma famille et de ma team. Ça donne vraiment envie d’aller de l’avant avec toutes ces belles personnes autour de moi !
Photos LPGA/ Ben Harpring / Pauline Roussin-Bouchard