Un top 20 puis un top 10, les débuts de la Française sur le LPGA Tour sont clairement encourageants. Déterminée, l’élève d’Alain Alberti, caddeyée par Sébastien Clément, va dans les prochaines semaines disputer un maximum de tournois, dont le premier Majeur de la saison à Rancho Mirage à la fin du mois. Interview.
Propos recueillis par Lionel VELLA
Passée professionnelle en août dernier, déjà victorieuse sur le Ladies European Tour (LET), encore étudiante pour quelques semaines en psychologie à l’Université de Caroline du Sud, Pauline Roussin-Bouchard a décidé d’installer son camp de base dans cet Etat, à Columbia, plutôt qu’en Floride, et de se donner à fond dans son métier. Sur le plus relevé des circuits mondiaux féminins.
Qu’avez-vous fait entre le LPGA Drive on Championship début février sur le LPGA Tour et le Florida’s Natural Charity Classic sur l’Epson Tour (ex-Symetra Tour) le 6 mars dernier ?
J’ai fait beaucoup de sport. Je suis aussi rentrée chez moi en France afin de profiter de mes parents et de mon grand frère. Je suis allée dans les montagnes, mais en ne skiant pas puisque c’était les vacances scolaires… Ce petit break a duré tout juste cinq jours. Je suis arrivée le lundi et je suis rentrée aux Etats-Unis le dimanche, pour reprendre l’entraînement.
Vous reverra-t-on sur le Epson Tour en 2022 ?
Ce n’est pas prévu, non. Mais s’il y a un trou dans le calendrier, on ne sait jamais. Je dirais pourquoi pas mais pour le moment, ce n’est pas à l’ordre du jour.
Une incursion sur le Ladies European Tour (LET) est-elle envisageable ?
Oui… Je n’ai pas encore tout calé. Je vais jouer les Aramco (Ndlr, six tournois à 1 million de dollars de dotation chacun prévus entre fin mars et début novembre 2022). J’attends juste de savoir lesquels. Pour l’instant, c’est encore un peu incertain.
Et l’Open de France à la mi-septembre (15-17) à Deauville ?
Pour être honnête, ce n’est pas au programme. Le calendrier du LPGA est vraiment très chargé. J’ai vraiment axé ma saison aux Etats-Unis !
Maintenant, ce sont des détails à peaufiner. Et quelque part, c’est encore plus dur quand on est dans le détail.
Alors justement, comment jugez-vous vos débuts sur le sol américain dans le plus relevé des circuits mondiaux ?
C’est un bon début de saison. On a mis en place ce que l’on voulait avec Alain (Alberti). C’était aussi une prise d’informations sur les premiers tournois, enregistrer ce qu’il faut peaufiner pour la suite. La machine est désormais lancée. Du coup, je n’ai qu’une hâte, celle de reprendre en Californie dans quelques jours maintenant (Ndlr, à Carlsbad, au JTBC Classic du 24 au 27 mars).
Cette 9e place au LPGA Drive on Championship dès votre deuxième départ vous a-t-elle surprise vous-même ?
Non, pas forcément. Je ne suis pas en priorité attirée sur les résultats mais plutôt sur la satisfaction personnelle… Et puis, cela ne dépend pas que de moi. Le top 20 (18e au Gainbridge LPGA at Boca Rio fin janvier) a permis de voir où un jeu moyen pouvait me situer. J’ai ajusté tout cela pour la deuxième semaine et cela m’a ouvert les portes du top 10. Bref, j’ai encore plus appris pour mettre d’autres objectifs en place pour la suite des événements. C’est top.
Avez-vous identifié des secteurs de jeu sur lesquels vous devez un peu plus encore travailler ?
Non. Depuis un moment, avec Alain, on a bien identifié les choses sur lesquelles il fallait travailler. Je continue sur ma lancée. J’ai de bonnes stats mais il y a encore de la marge pour progresser. Sur les deux premiers tournois du LPGA, le putting est monté en puissance. C’est un gros point positif. Je suis d’ailleurs retournée travailler avec Brad (Faxon) le lundi juste après le tournoi sur l’Epson Tour. Maintenant, ce sont des détails à peaufiner. Et quelque part, c’est encore plus dur quand on est dans le détail (rires).
Vous évoquez Alain Alberti, votre coach. Va-t-il bientôt vous rejoindre aux Etats-Unis ?
Tout à fait ! Je vais jouer l’ex-ANA Inspiration désormais Chevron Championship (31 mars-3 avril). Il sera auprès de moi. Mes parents seront là aussi !
Pour moi, déjà avec l’US Open (en 2020) et Evian l’an passé, j’étais dans une dynamique de joueuse professionnelle.
Ce sera votre premier Majeur en tant que joueuse professionnelle…
Exact. Mais pour être honnête, cela ne change pas grand-chose pour moi. Le statut professionnel, ce n’est qu’un titre sur un papier. Pour moi, déjà avec l’US Open (en 2020) et Evian l’an passé, j’étais dans une dynamique de joueuse professionnelle.
Que pouvez-vous nous dire sur ce tournoi mythique qui va se disputer pour la dernière fois à Rancho Mirage (Californie) avant de déménager, apparemment à Houston (Texas) ?
Je suis trop triste ! Patricia (Meunier-Lebouc) avait gagné ce tournoi en 2003 (alors Kraft Nabisco Championship). C’est un tournoi qui m’a toujours tenu à cœur. J’ai fait le ANA Juniors Inspiration quand j’étais plus jeune. Je n’avais pas été loin de me qualifier… J’ai toujours adoré l’endroit, son atmosphère, le parcours, qui est magnifique… Je me suis toujours dit qu’un jour je jouerai ce Majeur… Et le fait qu’une Française l’ait gagné, la motivation est encore plus forte. En plus, cette année, ce sont les 50 ans du tournoi…
En parlant de tournois du Grand Chelem, allez-vous pouvoir tous les jouer cette saison ?
Pour l’US Open (2-5 juin), il faudrait que je sois dans le top 75 mondial. Je me suis inscrite aux qualifications. Pour Evian (21-24 juillet), je ne sais pas. Ce sera aussi sur classement… Le seul qui était « assuré », c’est le Chevron puisqu’on se base sur la Money List du début d’année.
Quel va être votre programme dans les prochaines semaines, les prochains mois ?
Je fais donc tous les tournois en Californie. Après j’irai à Hawaï (LOTTE Championship, du 13 au 16 avril). En fait, je vais tout jouer au mois d’avril. Je pars ainsi pour six semaines et pour cinq tournois. Après, je réenchaîne en mai… Mon calendrier dépendra aussi de ma participation ou non à l’US Open. Tout dépendra aussi des classements, si je me qualifie ou pas. Même chose avec le KPMG PGA Championship (23-26 juin). Là, je ne suis pas sûr de rentrer dans le champ. Alors ce sera ou sur invitation ou sur mon ranking de l’année…
Avec Seb, on s’entend très bien. Il y a une belle osmose tous les deux sur le parcours. A la fin des Cartes US, je lui ai tout de suite demandé si l’aventure pour 2022 l’intéressait car je souhaitais qu’on continue ensemble.
Sébastien Clément est cette saison votre caddie attitré sur le LPGA. Quels ont été vos arguments pour le convaincre de vous suivre aux Etats-Unis plutôt que de rester sur le sac de Julien Guerrier sur le DP World Tour ?
Je lui ai juste demandé de savoir si l’aventure aux Etats-Unis le tentait. Après, c’était à lui de choisir. C’est vrai qu’on avait commencé à construire quelque chose de vraiment top l’an dernier, avec de beaux tournois, de belles performances… Avec Seb, on s’entend très bien. Il y a une belle osmose tous les deux sur le parcours. A la fin des Cartes US, je lui ai tout de suite demandé si l’aventure pour 2022 l’intéressait car je souhaitais qu’on continue ensemble.
Quelles sont ses principales qualités ?
Son professionnalisme… Il lit très bien les lignes sur les greens… Sa capacité à s’adapter… Ses blagues de m… (rires) ! On raconte que des blagues entre nous (rires). Il est très drôle. Mais on sait aussi faire la part des choses entre la rigolade et le boulot. On peut être naturel et bien s’entendre sur le parcours. Je pense que c’est ça qui fait une bonne relation entre un joueur et un caddie. On est toujours ouvert à la discussion. Et si on a des choses à se dire, on se les dit. C’est aussi simple que ça !
Où en êtes-vous avec votre cursus universitaire ? N’est-ce pas trop dur de concilier les deux ?
Cela n’a pas été évident à un moment. Mais là, ça va mieux. Tout se met en place.
Si tout va bien, quand obtiendrez-vous votre diplôme ?
Je n’aurai pas mon diplôme ! Si je le voulais, il faudrait que j’étudie jusqu’à décembre 2023. Et ce n’est pas du tout le but. J’ai continué car je voulais que la transition vers le professionnalisme ne soit pas trop difficile. Je ne voulais pas avoir que du golf tout le temps. Mais là, ça y est, je suis prête pour n’avoir que du golf devant moi. Par conséquent, mes cours s’achèvent la dernière semaine d’avril… J’aurais eu trois ans d’études de psychologie. Et si un jour je veux terminer, il me restera que quelques classes à prendre pour avoir mon diplôme. C’est ça qui est bien aux Etats-Unis. Tout ce que j’ai fait n’est pas perdu. Tous les crédits, toutes les classes sont validés. La fac me permet d’avoir à vie cette bourse pour les études, et ce tant que je ne n’ai pas validé mon diplôme…
©Symetra Tour