Après l’annonce des trois choix du capitaine Harrington et la fin du processus de qualification à Wentworth, Golf Planète passe en revue le profil des 12 joueurs amenés à défendre la Ryder Cup dans moins 10 jours à Whistling Straits. Un savant mélange d’expérience et de jeunesse !
Jon Rahm
26 ans, Espagnol 🇪🇸
Deuxième participation
1 victoire, 2 défaites (1 point)
Classement mondial : 1er
Forces
Le nouveau boss du circuit, récent vainqueur de l’US Open, possède un arsenal de coups qui devrait lui permettre de dominer le circuit pendant plusieurs années. Puissant, précis au driving avec son fade favori, il a aussi un jeu de fers aiguisé et un toucher de couturière autour des greens. Son putting oscille entre le fantastique (voir l’US Open et le BMW Championsip 2020) et l’excellent.
Faiblesses
Même si c’est un gagneur et un compétiteur hors norme, c’est peut-être dans le caractère du Basque que l’on peut déceler une faille. Bouillant, “Rahmbo” peut parfois piquer des colères exagérées sur le parcours, contre son caddie, les éléments, la malchance… Mais le jeune papa semble s’être assagi. Son individualisme peut représenter une difficulté pour les doubles. On l’avait vu au Golf National (deux doubles, deux défaites).
L’avis de la rédaction
En France, ni Justin Rose ni Ian Poulter en quatre balles n’avaient trouvé la clé pour épauler le n°1 mondial. Pourquoi ne pas le mettre en double avec Sergio Garcia ? Les deux Espagnols semblent s’entendre bien mieux que lors de l’arrivée fracassante de Rahm sur le devant de la scène. On voit mal en tout cas “Paddy” Harrington aligner Rahm aux côtés d’un joueur peu expérimenté.
Tommy Fleetwood
30 ans, Anglais 🏴
Deuxième participation
4 victoires, 1 défaite (4 points)
Classement mondial : 37e mondial
Forces
Le petit Anglais à la chevelure des “seventies” est d’une redoutable précision du tee au green. Sa capacité à jouer droit est précieuse notamment sur les parcours difficiles. Son association en double avec Francesco Molinari avait fait merveille sur le terrible Golf National en 2018 (quatre matches, quatre victoires). Souriant, affable, il sera encore une fois à n’en pas douter un équipier modèle.
Faiblesses
Son putting est parfois erratique, même si le grip pince fonctionne bien sur les petites distances. Il manque aussi un peu de puissance et n’a plus gagné depuis novembre 2019…
L’avis de la rédaction
En l’absence de « Fran » Molinari, il va lui falloir lui trouver un nouveau partenaire. Fleetwood s’entend bien avec tout le monde, mais on note qu’il avait joué le tournoi de double de la Nouvelle-Orléans avec Sergio Garcia en 2019. Il est aussi ami avec Rory McIlroy. Padraig Harrington pourrait peut-être aussi avoir besoin de lui pour faire équipe avec des joueurs moins expérimentés (on pense à Fitzpatrick).
Tyrrell Hatton
29 ans, Anglais 🏴
Deuxième participation
2 victoires, 3 défaites (2 points)
Classement mondial : 17e
Forces
Un grand jeu solide, du caractère, un putting acéré, Tyrrell Hatton s’est taillé une réputation de dur à cuire. Sorte de “pittbull” des fairways, il a tout pour faire un grand joueur de match play.
Faiblesses
Sa forme récente n’est pas très bonne (cut manqué à Wentworth alors qu’il était tenant du titre) et son driving est parmi les plus courts du circuit. Il n’est pas non plus le joueur le plus patient ni le plus facile à intégrer en équipe. Mais on peut compter sur lui pour amener du « fighting spirit » au camp bleu.
L’avis de la rédaction
A Paris, Thomas Björn l’avait fait jouer deux fois en quatre balles avec Paul Casey. On pourrait bien retrouver ce scénario à Whistling Straits.
Rory McIlroy
32 ans, Irlandais du Nord
Sixième participation
11 victoires, 9 défaites, 4 nuls (13 points)
Classement mondial : 13e
Forces
Même s’il n’a plus gagné de majeurs depuis 2014, et qu’il a quitté le top 10 mondial, le Nord-Irlandais reste un joueur exceptionnel, au swing explosif, au talent fou. Capable des coups les plus dingues, il reste peut-être potentiellement le meilleur joueur européen pour peu qu’il soit dans un grand jour.
Faiblesses
Putting en berne depuis plusieurs années, baisse de motivation, les explications du recul de Rory dans la hiérarchie et de son absence de grande victoire depuis plusieurs années sont nombreuses (même s’il a remporté le Wells Fargo cette année). En Ryder Cup, il a parfois été très bon, voire brillant, mais aussi parfois décevant, notamment quand il a été placé dans un rôle de leader.
L’avis de la rédaction
C’est un « vétéran » de l’équipe européenne désormais, mais il n’a jamais vraiment réussi à porter un jeune en double sauf le Belge Thomas Pieters en 2016. Son association avec Sergio Garcia a été plutôt prolifique par le passé. Celle avec Ian Poulter, autre “talisman” de l’équipe européenne, avait également fonctionné en 2018. On imagine bien ce duo réaligné en quatre balles. Avec peut-être un foursome McIlroy/Lowry qui ferait la fierté de l’Irlande.
Viktor Hovland
23 ans (24 ans le 18 septembre), Norvégien 🇳🇴
Première participation
Classement mondial : 14e
Forces
Du tee au green, le jeune Norvégien possède un jeu complet et flamboyant. Il sait tout faire et avec le sourire. Et il gagne, aussi bien sur le PGA Tour que sur le Tour européen. Hovland a tout d’un futur très grand. Son grand jeu et notamment la précision de son driving est son atout n°1, mais il est aussi excellent sur les greens.
Faiblesses
Il a scoré un peu loin de ses standards au BMW PGA Championship (49e). Sa jeunesse, son inexpérience sont peut-être encore un handicap pour les très grands événements. Mais on demande à voir. Qui sait s’il ne sera pas déjà l’un des piliers des Européens.
L’avis de la rédaction
Il sera « rookie » et premier joueur venu de Norvège à disputer la “Ryder”, mais il se murmure qu’ils sont nombreux dans l’équipe européenne à vouloir jouer en double avec lui. En quatre balles ou en foursomes, on ne voit pas de formule où le Norvégien ne pourrait pas être à l’aise. Peut-être un vétéran pour l’épauler (ou se faire épauler) ? Poulter ?
Paul Casey
44 ans, Anglais 🏴
Cinquième participation
Quatre victoires, trois défaites, cinq nuls (6,5 points)
Classement mondial : 22e
Forces
Paul Casey semble se bonifier avec l’âge. Dans les grands événements, le “Popeye” anglais se distingue (4e du PGA Championship, 7e de l’US Open et 15e du British Open cette année). Il sait gagner aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis. En Ryder Cup également, il est monté en puissance au fil de ses apparitions. Il avait joué un rôle clé au Golf National. La solidité de son grand jeu est une assurance presque tout risque.
Faiblesses
Son putting est parfois hésitant (124e au stroke gained putting du PGA Tour en 2021). C’est un peu le baromètre et le talon d’Achille de son jeu.
L’avis de la rédaction
On pourrait le voir de nouveau associé à Tyrrell Hatton en quatre balles. Pourquoi pas un foursome avec Matthew Fitzpatrick ?
Matthew Fitzpatrick
27 ans, Anglais 🏴
Deuxième participation
Deux défaites (0 point)
Classement mondial : 26e
Forces
Le putting est la grande force du petit Anglais. Plutôt court au driving, il compense un grand jeu assez quelconque (en comparaison avec le reste des joueurs de la Ryder Cup) avec une réelle maestria autour des greens.
Faiblesses
Au-delà de sa première Ryder Cup totalement manquée en 2016 (avec son visage juvénile, il avait eu l’air d’un jeune garçon lancé dans la fosse aux lions), Fitzpatrick n’a pas un caractère très simple à gérer. Et sa forme du moment est inquiétante malgré son récent top 25 à Wentworth. Sur le papier, il semble être un cas délicat à gérer pour Padraig Harrington.
L’avis de la rédaction
Il jouera probablement uniquement deux voire un seul double. Avec un autre Anglais peut-être. Westwood ou Casey en foursomes ?
Lee Westwood
48 ans, Anglais 🏴
Onzième participation
Vingt victoires, dix-huit défaites, six nuls (23 points)
Classement mondial : 33e
Forces
Expérience, régularité, passion, respect de ses pairs, sécurité dans le grand jeu, Lee Westwood possède de nombreuses qualités qui lui ont permis de réussir une carrière pleine au très long cours. Il manque un majeur dans son formidable palmarès, mais son “revival” en haut des leaderboards après une traversée du désert (numéro 1 européen 2020, il a été désigné golfeur de l’année en Europe) est une bonne nouvelle pour Padraig Harrington car l’Anglais va aussi beaucoup apporter dans le vestiaire européen. Ce sera sa 11e Ryder Cup. Immense.
Faiblesses
Longtemps pilier et leader de l’équipe européenne, Westwood avait été en grande difficulté sur ses dernières Ryder Cup (0 point en 3 matchs en 2016 notamment). Le poids des ans ne lui permettra sans doute pas de multiplier les matchs. Sa forme récente est incertaine.
L’avis de la rédaction
On parierait plutôt sur deux foursomes pour “Old“ Lee. Avec un « jeunot », tel Fitzpatrick ou Hovland. A moins qu’Harrington ne soit tenté par une paire “vintage” avec son vieil ami Sergio Garcia (3 victoires sur 4 doubles en 2002).
Sergio Garcia (wild card)
41 ans, Espagnol 🇪🇸
Dixième participation
Vingt-deux victoires, 12 défaites, sept nuls (25,5 points)
Classement mondial : 41e
Forces
Sergio Garcia est le digne héritier de son idole Seve Ballesteros en Ryder Cup. Désormais recordman de points marqués dans l’épreuve, le vainqueur du Masters 2017 apporte sa passion, son enthousiasme et son expérience au sein de l’équipe. Equipier idéal aussi bien dans le vestiaire que sur les fairways, il a gagné des points avec des joueurs aussi différents que Jesper Parnevik, Lee Westwood, Luke Donald, Jose Maria Olazabal, Paul Casey, Rory McIlroy, Rafa Cabrera Bello, Alex Noren… Le joueur de Ryder Cup idéal.
Faiblesses
Il a désormais plus de 40 ans, mais sa forme physique est intact. La seule véritable interrogation sur son jeu concerne son putting, dont les performances sont très sinusoïdales. En gagnant le Sanderson Farms fin 2020 et disputant le Tour Championship en 2021, il a montré qu’il était toujours compétitif.
L’avis de la rédaction
Rahm, Hovland (quatre balles), McIlroy, Wiesberger, Fitzpatrick (foursomes) ? Les possibilités de « pairings » sont multiples avec Sergio Garcia. « Paddy » a l’embarras du choix. Vu le pedigree de l’Espagnol dans l’épreuve, les 11 autres joueurs européens seront ravis de jouer avec lui…
Ian Poulter (wild card)
45 ans, Anglais 🏴
Septième participation
14 victoires, six défaites, 2 nuls (15 points)
Classement mondial : 48e
Forces
Hors Ryder Cup, Ian Poulter est un joueur accrocheur, solide du tee au green, mais sa carrière certes très respectable n’est pas tout à fait dans les standards des grands champions. Sauf que c’est la cinquième fois que l’Anglais est choisi en « captain pick » (2008 Faldo, 2012 Olazabal, 2014 McGinley, 2018 Björn) et ce n’est évidemment pas un hasard.
Dans cette épreuve, « Poult » est un autre homme, un autre joueur, toujours survolté, souvent performant, rarement décevant. Son chef d’œuvre reste bien sûr son finish lors du 4 balles de Medinah avec McIlroy en 2012. Inoubliable…
L’atout Poulter, c’est aussi son apport dans le vestiaire, où son sens de l’humour est aussi important que sa passion pour la Ryder Cup.
Faiblesses
Sans le feu sacré qui lui permet de rentrer des kilomètres de putt ou même des approches, Ian Poulter est un joueur plutôt court, au swing pas forcément conventionnel et qui a peu brillé dans les tournois majeurs. Sur les très longs parcours, il est rarement à la fête. Il vient de manquer le cut à Wentworth. Mais désormais c’est une autre ambiance qu’il l’attend…
L’avis de la rédaction
Il peut aider des joueurs peut-être plus timides à se transcender. Pourquoi pas l’aligner en foursomes aux côtés de Fitzpatrick qui possède un style de jeu assez similaire ? En quatre balles, on le verrait bien avec McIlroy, comme à Paris, ou avec Hovland.
Shane Lowry (wild card)
34 ans, Irlandais 🇮🇪
Première participation
Classement mondial : 40e
Forces
Avec son physique de 3e ligne de rugby, Shane Lowry en impose sur un parcours. Excellent joueur de mauvais temps, solide sous la pression, il avait donné la leçon à tous les ténors en remportant le The Open 2019 sur ses terres ou presque, au Royal Portrush. L’Irlandais est évidemment un joueur puissant mais il a aussi des mains en or. Son chipping de velours est un plaisir des yeux… A Wentworth, il a un peu coincé dans le finish pour aller chercher sa place aux points, mais sa wild card sonne comme une juste récompense.
Faiblesses
L’Irlandais n’est pas très constant au plus haut niveau. Il a déjà gagné un WGC aux Etats-Unis, il a gagné The Open, mais il disparaît parfois des leaderboards pendant plusieurs semaines. Et c’est un rookie. Malgré un palmarès étoffé, on ne sait pas comment il va vivre cette grande expérience;
L’avis de la rédaction
On a évidemment envie de le voir jouer en double avec Rory McIlroy, pour une réunification temporaire mais ô combien symbolique des “deux Irlande”. Il pourrait aussi être à l’aise au soutien du vétéran Lee Westwood.
Bernd Wiesberger
35 ans, Autrichien 🇦🇹
Première participation
Classement mondial : 63e
Forces
Huit fois vainqueur sur le Tour européen, Wiesberger obtient avec cette place en Ryder Cup la consécration de sa carrière. Il est le premier Autrichien à décrocher cet honneur. Il a tenu la pression à Wentworth pour aller chercher la “qualif” aux points. Son jeu est réputé dans tous les compartiments du jeu, sans être flamboyant. Cette saison, il s’est imposé au Danemark. Quand il est bien lancé dans un tournoi, Wiesberger peut scorer très bas.
Faiblesses
On ne l’a jamais vu à la bagarre dans un très grand tournoi, à l’exception du PGA Championship 2014 où il avait cédé lors du dernier tour (15e). Sur le circuit américain, c’est un quasi inconnu. Son manque d’expérience hors d’Europe est indéniable.
L’avis de la rédaction
Un quatre balles avec Sergio Garcia, avec qui il entretient de bons rapports, semblerait logique. L’Autrichien aura besoin d’un homme d’expérience à ses côtés.
Photos ©AFP/Getty