Pour cette dernière édition à Rancho Mirage avant le déménagement du désormais Chevron Championship (ex-ANA Inspiration) vers Houston, un trio de golfeuses tricolores est engagé, alliant jeunesse et expérience en Majeurs. Et si l’une des trois inscrivait son nom au palmarès, dix-neuf ans après Patricia Meunier-Lebouc ?
Par Lionel VELLA
Désormais 18e joueuse mondiale grâce à sa très belle 3e place obtenue le 13 mars dernier au Honda LPGA Thailand, sur la terre de ses ancêtres, Céline Boutier est incontestablement le fer de lance du golf féminin tricolore. En cinq départs en 2022, la Francilienne installée à Dallas (Texas) a ainsi déjà signé deux autres top 5 (4e au Tournament of Champions et au Gainbridge LPGA fin janvier).
A 28 ans, deux fois victorieuse sur le LPGA Tour, elle affiche une très forte expérience en tournois du Grand Chelem. Elle va ainsi prendre part ce jeudi à son 25e Majeur depuis ses débuts en 2013, alors qu’elle n’était encore qu’amateur (56e au British Open). Certes, son ratio est pour le moment mitigé : 11 cuts manqués, 8 fois au-delà du top 30. Mais elle est cependant parvenue à trois reprises à finir dans un top 10 : 5e à l’US Open en juin 2019 alors qu’elle était en tête après 54 trous, 6e au British Open au mois d’août suivant, et 7e au KPMG PGA Championship le 27 juin 2021.
Des roughs épais qui incitent à rester sur la piste
Pour la cinquième fois au départ du Chevron Championship (ex-ANA Inspiration), Céline Boutier n’a, en revanche, jamais brillé sur le Dinah Shore Tournament Course. Après deux cuts manqués en 2015 et 2019, il avait terminé 44e en 2020 (tournoi décalé en septembre en raison du Covid) puis 50e l’an passé avec une seule carte au-dessus du par (73 le premier jour).
« La première fois qu’on aborde le parcours, ça peut être assez intimidant car on joue rarement avec des roughs aussi épais durant la saison sur le LPGA, nous avait-elle expliqué avant l’édition 2021. Le tracé est assez long aussi… Il favorise les longues frappeuses. Cela peut déstabiliser au départ mais plus on le joue, plus on sait où se situent les pièges, où seront positionnés les drapeaux. En termes de stratégie, il vaut mieux savoir où placer la balle. Bref, sur ce genre de parcours, l’expérience aide toujours. La préparation du tracé ici est compliquée. Les fairways sont assez étroits avec, comme je l’ai dit, un rough plutôt épais, des greens assez fermes. C’est assez difficile d’arrêter la balle si on n’est pas sur le fairway. Après, tout dépend de la météo, avec ou sans vent. Avec, ça rend les choses moins évidentes mais ça reste un Grand Chelem. C’est un parcours bien plus difficile que ceux que l’on joue d’habitude sur le LPGA. »
Perrine Delacour, 30e au ANA 2020…
Avec quatre cuts franchis en cinq départs en 2022, Perrine Delacour est, elle aussi, dans une bonne dynamique sur le LPGA, ayant notamment enregistré une 13e place finale au HSBC Women’s World Championship début mars à Singapour. 87e au classement mondial, la Picarde a participé à douze tournois du Grand Chelem depuis 2015, dont cinq fois le KPMG PGA Championship, et n’a échoué qu’à quatre reprises. Son meilleur résultat, c’est ici à Rancho Mirage qu’elle l’a réalisé en prenant la 30e place à -3 en 2020. Elle n’a en revanche pas franchi le cut l’année dernière.
Passée professionnelle en août 2021, victorieuse dans la foulée sur le Ladies European Tour (LET), en Suède, Pauline Roussin-Bouchard, 21 ans, a validé son droit de jeu complet sur le LPGA en décembre dernier en finissant 2e des cartes marathon (sur 8 tours en deux semaines). Animée par une rage de vaincre innée, l’élève d’Alain Alberti, présent à ses côtés cette semaine en Californie, a brillamment débuté sa campagne US en s’offrant une 18e place au Gainbridge LPGA le 27 janvier puis en accrochant un top 10 (8e) le 3 février au LPGA Drive on Championship. 5e sur l’Epson Tour (ex-Symetra Tour) le 6 mars, elle a néanmoins connu son premier échec sur le LPGA la semaine passée au JTBC Classic à Carlsbad (Californie).
« Trop triste que le tournoi s’en aille »
Rookie sur le circuit US, Pauline Roussin-Bouchard a, elle aussi, déjà un petit background en tournois Majeurs. Si elle n’avait pas passé le cut à Evian en 2019, elle avait pris la 46e place à l’US Open 2020 avant de finir 38e à l’Amundi Evian Championship l’été dernier. Ce sera en revanche ses grands débuts à Rancho Mirage. En version Majeur faut-il le préciser.
« J’avais en effet joué le ANA Juniors Inspiration quand j’étais plus jeune, nous a-t-elle soufflé dans un entretien qu’elle nous a accordé récemment. Je n’avais pas été loin de me qualifier… Mais je suis trop triste que le tournoi s’en aille d’ici. Patricia (Meunier-Lebouc) avait gagné en 2003 (alors Kraft Nabisco Championship). C’est un tournoi qui m’a toujours tenu à cœur. J’ai toujours adoré l’endroit, son atmosphère, le parcours, qui est magnifique… Je me suis toujours dit qu’un jour je jouerai ce Majeur… Et le fait qu’une Française l’ait gagné, la motivation est encore plus forte. En plus, cette année, ce sont les 50 ans du tournoi… »
Photos : AFP