De quoi parle-t-on? De la place que conquièrent les femmes dans le golf, petit bout après petit bout. Bon, quelques intempestifs en ont le poil hérissé, mais inéluctablement, les dames montent au créneau du golf qui, longtemps, a été un pré-carré mâle ici ou là.
Heureusement, le panneau « No women, no dogs » n’est plus qu’un très mauvais souvenir pour l’anecdote.
C’est pourquoi, poussée par Peter Dawson, la nomination récente d’Annika Sorenstam à la tête de la Fédération Internationale de Golf (IGF) est une mini-révolution qui sonne bien. Reine du golf dans ses beaux jours, la voici Présidente en prise directe avec Thomas Bach, CEO du Comité International Olympique.
L’audace de Dawson
Ce n’est donc pas une petite affaire ménagère. La championne suédoise succède aux dix ans couverts par Peter Dawson. L’ex-patron du R&A (quitté en 2015) a de la suite dans les idées. Avant de libérer son poste exigeant à Saint Andrews, il avait déjà eu l’audace de poser les jalons de l’ouverture aux femmes des club-houses britanniques très « Gentlemen only » où de vieilles barbes sirotent leur whisky en feuilletant « The Independent », une Dunhill aux lèvres, bien calés dans des fauteuils au vieux cuir, avachi, posés devant les fenêtres ouvertes sur le 18.
De St Andrews à Augusta
Mais tout arrive, y compris de voir les joueuses rendre des scores en toute liberté dans les bastions machos qu’étaient Saint Andrews, Muirfield ou Troon.
Yes, they can… Le golf féminin se met au rythme du 21e siècle, se secouant tout azimut, l’accession de la reine Annika à la présidence de l’IGF en étant une belle image, sans doute d’Epinal, mais qu’importe. Longtemps hermétique à l’admission des dames, Augusta National contribue à cette avancée depuis 2019 en ouvrant son exceptionnel parcours aux interdites d’hier.
Juste à la veille du Masters en avril, ce tournoi réunit un panel des meilleures amateurs du classement mondial et fait déjà référence. L’immense majorité des spectateurs « live », autour des greens ou devant la télé, ont été totalement séduits par un superbe spectacle que les iconoclastes dénigrent pour de mauvaises raisons. Les drives ne volent pas à 300 mètres, c’est grave docteur?
D’irréductibles défenseurs du golf féminin
Autre démonstration, le travail de fond entrepris pour enfin sortir les pros féminines des dotations « peanuts » du Ladies European Tour. C’est l’effet « kiss cool » de son partenariat récent avec le LPGA Tour dont le patron Mike Whan ne traîne pas dans l’inutile, avec Franck Riboud (Evian Championship) parmi les chauds supporters d’un nouvel accueil des joueuses.
Et il y a encore ce Challenge Aramco en Arabie Saoudite doté d’un million et remporté par Emily Pedersen. Bravo pour cette percée, même si on reste sur la réserve en raison des mœurs d’un pays où les droits féminins sont des plus réduits. Pas de jupettes, pas de shorts, mais pantalons pour toutes sur les fairways du tournoi.
Le dernier majeur de la saison
Cette semaine, le golf féminin est encore à l’honneur 75e US Women’s Open, tournoi majeur disputé au Texas seulement pour la 2e fois. Au Champions Club à Houston, pas de spectateurs en foule, juste un échantillon des médias, mais une armée de caméras TV et une informatique aux prestations multipliées pour couvrir le tournoi (presque) comme si vous y étiez. Ainsi, dès le 7 décembre, pourra-t-on (virtuellement) s’asseoir au premier rang face au tee No 1 à côté justement d’Annika Sorentam ou de Michelle Wie.
Autographes, interviews et questions aux joueuses seront possibles comme des jeux proposés aux grands enfants que nous sommes. Cliquez sur www.womensopen.com et vous saurez tout.
Après la première visite de l’US Women’s Open au Texas en 1991, remporté par Meg Mellon, le golf féminin émerge enfin, vit, séduit et s’en donne les moyens. Mais il lui aura fallu près de trente ans.