Opéré de l’épaule juste après le BMW PGA Championship à la mi-septembre 2023, son absence devait osciller entre 12 et 18 mois. Présent cette semaine au Masters, l’Anglais, vainqueur de la veste verte en 2016, occupe la 8e place à -1 après 36 trous. Vous avez dit résurrection ?
L.V., à Augusta
Après une entame parfaite conclue par un excellent 68 (-4), Danny Willett a, comme tout le monde ou presque, coulé ce vendredi sous les rafales de vent digne d’un Open britannique en plein mois de juillet en Ecosse… Un difficile 75 (+3) avec notamment un double bogey (au 5) et un triple (au 18) concédés…
Mais malgré ce dérapage pas franchement contrôlé, l’Anglais, aujourd’hui âgé de 36 ans, demeure dans le coup pour la gagne. Il occupe ainsi la 8e place à -1 avant de s’élancer ce samedi à Augusta à 13h55 (19h55 en France) en compagnie du Néo-Zélandais Ryan Fox. Un résultat assez bluffant quand on sait qu’il n’avait plus joué au plus haut niveau depuis sa 64e place au BMW PGA Championship (DP World Tour) le 17 septembre dernier. Une grave blessure à l’épaule devait en effet l’écarter des fairways pour une période oscillant entre 12 et 18 mois.
27 trous de reconnaissance pour un dernier test… concluant
S’il avait au préalable prévu de ne venir à Augusta que pour le dîner des Champions, ses plans ont changé quand ses premiers tests le dimanche précédent le 88e Masters ont clairement été couronnés de succès. 27 trous de reconnaissance sans la moindre douleur. Banco donc pour prendre le départ jeudi matin. Totalement improbable.
Improbable comme sa victoire en 2016. Elle constitue d’ailleurs toujours aujourd’hui une énigme aux abords de Magnolia Lane. Tout près de déclarer forfait pour rester au chevet de sa femme qui venait alors de donner naissance à leur premier enfant, Danny Willett n’avait en effet rien d’un vainqueur en puissance.
Pour sa première au Masters en 2015, il s’était contenté d’une 38e place. Ce fils d’un vicaire de l’Eglise Anglicane et d’une mère suédoise prof de maths s’était malgré tout distingué quelques semaines auparavant en remportant le Dubaï Desert Classic, l’un des tournois les plus cotés de la saison sur le DP World Tour. Après trois premiers tours où il n’était jamais parvenu à jouer dans les 60 (70, 74, 72), Willett ne semblait nullement armé pour faire obstacle à Jordan Spieth, en route pour un second succès d’affilée. Le premier depuis Tiger Woods en 2002.
Le naufrage de Spieth dans l’Amen Corner
Le Texan possédait encore cinq coups d’avance à mi-parcours le dimanche. Mais comme souvent au moment d’entrer dans l’Amen Corner (l’enchaînement des trous 11, 12 et 13 où de nombreux Masters ont basculé), tout s’était dérèglé. L’Américain concédait un premier bogey au 10 puis un autre au 11 avant de sombrer sur le petit par 3 du 12 avec un quadruple bogey (deux balles dans l’eau). Il se retrouvait subitement avec trois points de retard sur Willett, qui n’en demandait pas tant.
Celui-ci, comme galvanisé, allait tenir le choc et rendre un sublime 67 (-5) sans bogey. Contre toute attente, il remportait le Masters devant son malheureux adversaire et un autre Anglais, Lee Westwood, abonné aux accessits (trois tops 3, 3 tops 5, 6 tops 10 en 21 participations). Comble de l’ironie, c’est ce même Jordan Spieth, vainqueur en 2015, qui lui remettait en Mondovision la veste verte dans la Butler Cabin. Totalement hagard.
C’est aussi ça la magie du Masters !
Photo : Masters Tournament