Denis Fabre, directeur du golf de Saint-Cloud, est à la tête de l’Association des Directeurs de Golf de France.
Golf Planète l’a rencontré pour savoir dans quel état d’esprit se trouvent aujourd’hui les directeurs de golf. Et pour mieux appréhender leur réalité quotidienne.
GP : Les directeurs de golf sont les mieux placés pour parler du présent du golf et pour en dessiner des axes de développement. La première question est donc simple : dans quel état d’esprit sont aujourd’hui les directeurs de golf ?
Denis Fabre : Les directeurs de golf sont conscients des difficultés qui se dressent devant eux depuis quelques années : manque de nouveaux pratiquants, nombre de joueurs qui se découragent trop vite, chronophagie de la pratique, difficultés de l’apprentissage, manque de promotion sur le tourisme golfique, concurrence des autres loisirs, nouveaux modes de consommation du sport et esprit zapping….
Ces directeurs sont toujours autant déterminés d’être imaginatifs, d’anticiper et de s’adapter.
Notre association qui rassemble la plupart des directeurs de golf de France est consciente des problèmes rencontrés : elle réfléchit et travaille aux solutions à apporter afin que le golf soit encore plus populaire demain.
Quelle est la position de votre association concernant les nouvelles règles de golf et le jeu lent ?
DF : Tout ce qui peut être mis en œuvre pour lutter contre le jeu lent doit être entrepris. Les golfeurs partagent le même terrain de jeu et ils dépendent tous les uns et des autres pour pratiquer leur passion.
Les réponses au jeu lent sont difficiles à trouver pour les gestionnaires de golf car il suffit d’une seule partie pour ralentir l’ensemble des champs des joueurs et rendre beaucoup de joueurs grincheux !
Dans cet esprit, les nouvelles règles, le « prêt à jouer» mais aussi les pratiques alternatives comme le « Speed Golf » doivent nous aider à accéder à cette prise de conscience indispensable pour que chacun profite de notre formidable sport dans des temps de jeu acceptables.
Comment mieux attirer les jeunes vers ce sport encore et toujours trop méconnu en France ?
DF : Avec l’arrivée du digital, du partage sur les réseaux sociaux, les jeunes sont souvent en quête d’une « expérience » exceptionnelle : on peut s’en rendre compte au travers de leur recherche rapide de la performance.
Ainsi, la salle de gym, le crossfit, le futsal… sont appréciés par les jeunes car la technicité est moins importante à développer qu’elle ne l’est pour le golf.
On partage, moins sur les réseaux, la passion du golf : les équipementiers ont toutefois fait preuve d’imagination ces dernières années pour rendre le golf plus « fun » !
Il faut donc, là aussi, réfléchir ensemble, accompagner davantage les jeunes dans leur apprentissage, faire en sorte de leur organiser des parties adaptées à leur âge, avec des formules de jeu conviviales et ludiques.
Nous y arriverons tant le fait de jouer au golf demeure extraordinaire !
Quelles sont les évolutions à attendre en matière de parcours et d’équipements ?
DF : Nous pouvons estimer à ce stade que notre offre dans l’hexagone est adaptée et suffisante.
De nombreuses structures disposent de capacité à recevoir de nouveaux joueurs. Ainsi, tout joueur peut trouver une forme de pratique adaptée à son niveau de jeu, à son portefeuille, à sa disponibilité.
D’une manière générale, il convient d’espérer pour chaque structure une marge bénéficiaire supérieure lui permettant de réaliser les travaux d’entretien et les investissements nécessaires, les golfs ayant pour une grande majorité entre 20 et 30 ans d’existence.
Une très récente enquête de Erst&Young dévoile certains aspects économiques peu connus des clubs de golf ? quels en sont les grandes lignes ? et comment améliorer la rentabilité des golfs demain ?
DF : D’abord, voici, pour les lecteurs de Golf Planète, les chiffres clés à avoir en tête quand on parle de golf :
- 83 M€ sont investis chaque année par les golfs,
- 10 nouvelles structures en moyenne sont créés par an,
- 337.000 touristes golfiques chaque année en France dont seulement 17% sont des étrangers : ce qui démontre notre important potentiel dans ce domaine,
- 15.530 emplois au sein de la filière,
- une économie totale qui représente 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires.
Un parcours de golf est entretenu au quotidien par des intendants de terrain et des jardiniers toujours plus performants, et cet entretien est effectué de la même façon pour 5 ou pour 200 joueurs. Il convient donc de tenter de multiplier les départs sur le parcours mais aussi travailler sur le plaisir et « l’expérience client », sur et en dehors du parcours, le tout par une approche marketing et des actions commerciales adaptées.
Comment devient-on directeur de golf ?
DF : La plupart des directrices et des directeurs de golf actuellement en France sont issus de l’Académie Internationale des Métiers du Golf, souvent dans le cadre de reconversion professionnelle. Ou alors d’une filière universitaire de gestionnaire de golf ou enfin, d’écoles de commerce.
Il convient de souligner que la professionnalisation de notre métier est bien entamée et que les directions de golf sont aujourd’hui assurées par des responsables diplômés, compétents, passionnés et volontaires.
Un dernier vœu en faveur du golf en France ?
DF : Chaque membre de notre association souhaite que la magie du golf ne cesse jamais d’opérer auprès de tous ceux qui découvrent notre sport ! Le golf, c’est d’abord une passion !