Les joueurs du PGA Tour ne sont pas les seuls à être perturbés par la fusion, annoncée le 6 juin 2023, entre le PGA Tour et le Fonds d’investissement public (PIF) d’Arabie saoudite. Donald Trump, fervent défenseur du LIV Golf, est ravi, et il l’a écrit sur Twitter, mais dès le lendemain, sur fond de campagne électorale, d’autres hommes politiques américains sont montés au créneau. Ils sont d’un avis diamétralement opposé…
On pouvait s’y attendre, car l’attentat du 11 septembre 2001 contre les tours jumelles du World Trade Center est encore un sujet sensible aux Etats-Unis. Plusieurs représentants du peuple américain, un député et des sénateurs démocrates, ont immédiatement réagi à l’annonce de la fusion entre le PGA Tour, le Fonds d’investissement public (PIF) saoudien et, accessoirement, le DP World Tour (European Tour), sans faire de fioritures.
Un député démocrate de Californie, John Garamendi, a présenté dès mercredi à la Chambre des Représentants un projet de loi intitulé ‘No Corporate Tax Exemption for Professional Sports Act’, destiné à supprimer, totalement ou partiellement, l’exonération de l’impôt sur les sociétés dont bénéficient les sports professionnels. Un statut fiscal privilégié, basé aussi sur leur générosité historique envers les organisations caritatives.
Honte à Jay Monahan
« L’Arabie saoudite ne peut pas être autorisée à laver sportivement les horribles violations des droits de l’homme commises par son gouvernement et le meurtre en 2018 du journaliste américain Jamal Khashoggi en prenant le contrôle de la PGA », écrit notamment le député Garamendi dans un communiqué.
« Le commissaire du PGA Tour, Jay Monahan, devrait avoir honte de l’hypocrisie flagrante et de la volte-face dont lui et les autres dirigeants de la PGA ont fait preuve en permettant au fonds souverain d’un gouvernement étranger, dont le bilan en matière de Droits de l’Homme est inadmissible, de prendre le contrôle d’une ligue sportive américaine emblématique et d’éviter de payer un centime d’impôt fédéral sur le revenu des sociétés », ajoute le député californien.
Cette fusion va à l’encontre des joueurs de la PGA qui ont refusé des centaines de millions de dollars proposés par le LIV Golf, soutenu par l’Arabie saoudite, pour se ranger du bon côté de l’histoire et de la décence humaine.
Député John Garamendi
« Cette fusion va à l’encontre des joueurs de la PGA qui ont refusé des centaines de millions de dollars proposés par le LIV Golf, soutenu par l’Arabie saoudite, pour se ranger du bon côté de l’histoire et de la décence humaine. L’idée même selon laquelle le fonds souverain saoudien ne paierait aucun dollar d’impôt sur ‘l’argent du sang’ et sur des milliards de dollars de bénéfices potentiels, alors que d’innombrables familles américaines paient leur juste part et luttent pour joindre les deux bouts, est ridicule. Mon projet de loi, qui relève du bon sens, permettrait de réparer cette erreur et d’apporter toute la transparence que demande ce dossier », conclut le député Garamendi.
Dès le mardi 6 juin, quelques heures seulement après l’annonce surprise de la fusion entre le PGA Tour et le PIF, des sénateurs démocrates ont demandé aux autorités de régulation américaines d’examiner de très près l’accord à venir. Deux sénateurs du Connecticut, Richard Blumenthal et Chris Murphy, ainsi que Dick Durbin, sénateur de l’Illinois, font partie des sceptiques et ils ont écrit pourquoi.
C’est tellement bizarre…
Sénateur Chris Murphy
« C’est tellement bizarre, écrit le Sénateur Murphy sur Tweeter. Il y a quelques mois, des représentants de la PGA se trouvaient dans mon bureau pour me dire que les crimes commis par les Saoudiens en matière de Droits de l’Homme devraient les empêcher d’avoir des intérêts dans un sport américain majeur. Je suppose que leurs préoccupations ne concernaient pas vraiment les Droits de l’Homme… »
Le PGA Tour a mis les Droits de l’Homme sur le marché, en leur donnant un prix…
Sénateur Richard Blumenthal
Quant au Sénateur Blumenthal, il est allé encore plus loin dans la critique : « Le PGA Tour a mis les Droits de l’Homme sur le marché, en leur donnant un prix, et a trahi la longue histoire des sports et des athlètes qui prônent le changement social et le progrès. Je suivrai de près la structure de cet accord et ses implications », a-t-il prévenu.
Respect des lois en vigueur ?
Plus précis, plus technique, moins polémique, le Sénateur Durbin s’est exprimé dès mardi au Capitole : « La question est évidemment de savoir s’il existe ou non des lois en vigueur concernant les relations internationales, ou les transactions commerciales avec des pays étrangers, qui n’ont pas été respectées. »
La campagne pour les élections présidentielles de 2024 vient de démarrer et les rapports compliqués entre les USA et l’Arabie saoudite, dans de nombreux domaines d’activité, vont certainement faire les gros titres dans les prochaines semaines. Affaire à suivre, donc.
Photo : Robyn Beck / AFP