Autrefois solide golfeur (14 succès), aujourd’hui commentateur bien noté sur NBC TV, le Néo-Zélandais Frank Nobilo a estimé que le salaire des joueurs de golf était trop important. Une sortie qui a beaucoup fait parler.
de Philippe P HERMANN, à Dubaï
Nobilo n’en peut plus de vivre la dotation sportive qui devient de plus en plus folle un peu partout, confinant au ridicule quand il s’agit des footballeurs.
Depuis trois ans, c’est au tour du golf de se noyer dans le dollar. Dans les années 70 ou 80, les patrons s’appelaient Faldo, Langer ou Ballesteros – c’est dire le niveau – et l’Open de France faisait encore référence, jalonnant le grand livre du golf de vainqueurs mythiques, tout comme le Lancôme ou l’European Masters.
Quand l’un de ces géants (Tony Jacklin) remportait le classement général de la saison 1973, il mettait dans son sac un chèque de l’ordre de 30 000 euros. L’argent ne faisait pas le bonheur du club, du driver ou du putter. La classe, oui.
Clinquante
Dix ans plus tard, Nick Faldo posait son nom sur le même panneau d’honneur et comme, à chaque fraction décennale suivante, Montgomerie, Els, Stenson, McIlroy, le champion nord-irlandais près à en remettre une couche dimanche venu.
Ici, il a fallu un demi-siècle pour passer, depuis Jacklin, de 30 000 à dix millions que se partagent seulement 50 qualifiés, les meilleurs d’une saison, encore récompensés de dix autres millions avec le concours de Rolex.
Ce faisant, l’horloger genevois boucle son injection 2023 avec une nouvelle addition multimillionnaire, sans compter l’énorme budget engagé par ses multiples parrainages, Majeurs, Ryder et Presidents Cup compris.
Les jeunes pousses
Le petit monde du golf, sport de niche dit le public, alors qu’il est, individuellement, le plus pratiqué au monde, et jeu de riches ajoutent les mêmes, devient donc fou. C’est grave, docteur ?
Loisir de grands bourgeois nantis, il a certes été ici ou là mis sous séquestre, une fois établi hors des pays anglo-saxons. Heureusement, les jeunes pousses de plus en plus assidus, contribuent à lui donner une autre allure aujourd’hui.
Si vous étiez au Marco Simone Golf & Country Club pour la 44e Ryder Cup en septembre dernier à Rome, ou à Paris en 2018 devant votre télé, le rajeunissement du golf est l’évidence dans une ambiance à décoiffer les vieilles barbes.
Tant mieux, même si ce labyrinthe induit aussi des tombereaux de dollars. Pas dans vos poches, ni les nôtres, mais dans celles des circuits professionnels avec un déséquilibre notable, pour ne pas dire un fossé, entre le golf des messieurs et des dames.
La secousse Norman
Jusqu’au virage du 21e siècle, le golf genré malgré ses propres dieux du stade, de Palmer à Nicklaus ou Ballesteros entre autres, se tenait propre sur lui, son portefeuille juste bien rempli.
Depuis, bon an, mal an, le golf professionnel ne sait plus à quel dollar, euro, yen, livre, yuan se vouer. Les limites décentes sautent les unes après les autres et des fortunes flattent les joueurs qui tiennent la boutique sans être plus heureux pour autant, trop gâtés qu’ils sont, et bien moins que leurs agents, pivots de cette révolution financière qui passe par leur poche…
Le tout faisant sauter la banque depuis que Greg Norman est venu s’en mêler avec son puit sans fond de dollar qui a mis le « cheni » dans l’écurie, comme disent les suisses. Le « bordel » en langue française, ce dont se fichent éperdument les six français récompensés pour leur admirable saison et invités à disputer un bout du pactole mis en jeu à la finale de Dubaï.
Top six tricolore
Six, un heureux record. Rebond de l’événement si les scores sont là, des places sur le PGA Tour 2024, à l’Open britannique, au Players pour les dix premiers de dimanche non encore qualifiés. Rien d’insurmontable pour ce Top 6. S’ils sont là, Langasque, Perez, Pavon, Guerrier, Rozner et Brun savent comment et pourquoi.
Alors ne faisons donc pas la fine bouche. Faut vivre avec son temps, me souffle le collègue en salle de presse.…