En tirant avantage d’une règle spécifique aux tournois pros pour sauver le par depuis une situation injouable, Xander Schauffele a provoqué de vives réactions. Une aubaine ou une faveur qu’aucun joueur amateur n’aurait pu obtenir dans pareille situation et qui confine à l’injustice…
On entend souvent les joueurs amateurs se plaindre des conditions de jeu trop « parfaites » dont bénéficient les professionnels. Des marshalls pour retrouver les balles, des tribunes qui stoppent la route de coups très égarés… On peut difficilement les contredire.
Le cas de Xander Schauffele qui a bénéficié d’un free drop sur son avant-dernier trou lors de la première journée du Wells Fargo Championship est encore plus parlant.
Sur un tournoi amateur, le n°4 mondial, leader du tournoi avec trois coups d’avance, n’aurait jamais pu obtenir un tel coup pouce du destin.
Injouable !
Le champion olympique en titre a égaré sa mise en jeu dans une zone boisée très hostile. Sa balle s’est immobilisée près d’une clôture, presque injouable. Obligé de s’accroupir pour atteindre sa balle, Schauffele pouvait difficilement lever le club et la route vers le green était barrée par des buissons épais.
En résumé, Schauffele était à 99 % injouable et pour les commentateurs TV comme pour les téléspectateurs, il était presque évident que le leader du tournoi allait devoir retourner frapper une balle sur le tee de départ (sa balle provisoire ne comptant plus) pour jouer son 3e coup.
D’une situation stressante, ça s’est transformé en par assez tranquille.
Xander Schauffele
Le pylône de la discorde
Sauf que dans sa ligne de jeu vers le green et le drapeau, le septuple vainqueur sur le PGA Tour a remarqué la position d’un pylône, placé là pour mesurer les coups des joueurs (utilisé par l’application « ShotLink »).
Le plus fort dans tout ça, c’est que l’Américain a réussi à convaincre l’arbitre qu’il pouvait exécuter le coup afin d’obtenir le déclenchement de la règle dite de “L’obstacle temporaire inamovible” (Temporary Immovable Object en anglais), en vigueur sur les tournois pros.
Une fois la décision prise et le point de dégagement établi (c’est-à-dire là où le pylône n’est plus dans l’axe de jeu), Schauffele a encore eu une latitude de deux longueurs de club. Résultat, il a pu dropper dans les épines de pins, dans une position très favorable. Pour effectuer son coup, il n’était plus obligé de s’agenouiller et avait une vue bien dégagée en direction du green.
De cette aubaine, il en fera un par miraculeux. Toute la scène est visible ici.
🚨🫳👀 #WATCH — The full video of the Xander Schauffele #DropGate situation 😲
— NUCLR GOLF (@NUCLRGOLF) May 9, 2024
Une grande partie de la toile s’est enflammée pour dénoncer ce « dropgate », notamment sur X. Pas pour accuser de triche Xander Schauffele, qui a usé des règles de golf jusqu’à la corde, et dans les règles de l’art comme le veut l’expression consacrée. Mais plutôt pour dénoncer ces “petites faveurs” dont bénéficient parfois les meilleurs joueurs du monde, contrairement aux amateurs.
En effet, jamais un joueur du dimanche n’aurait pu se prévaloir d’un tel dégagement gratuit qui l’aurait extrait du buisson.
D’abord parce qu’il y a rarement des pylônes pour mesurer les coups évidemment (comme il n’y a pas de tribunes autour des greens ou de panneaux de classement), ensuite et surtout parce qu’une telle demande aurait semblé indécente à ses partenaires… L’affaire est entendue. Retour sur le tee de départ !
Professionnels vs amateurs, la double peine
Xander Schauffele lui-même a reconnu qu’il avait été très, très chanceux sur le coup.
« Déjà, on a retrouvé ma balle dans les temps in extremis. Ensuite, elle était vraiment toute proche de la clôture. De là, je pouvais taper un fer 4 pour la garder basse et espérer qu’elle traverse tout le bosquet. Mais c’était risqué (sic). J’ai expliqué à l’arbitre que c’était le seul coup que je pouvais envisager, jouer ainsi en direction du green. On avait dégagé deux rochers avec mon caddie et on avait identifié ce pylône. D’une situation stressante, ça s’est transformé en par assez tranquille. »
Les joueurs du PGA Tour et des autres circuits professionnels sont déjà de bien meilleurs golfeurs que nous tous, compétiteurs du dimanche. Si en plus ils bénéficient d’avantages sur des points de règlement, on peut comprendre que cela puisse crisper le téléspectateur. C’est un peu la double peine. Mais ces obstacles inamovibles qui, parfois, offrent des opportunités inespérées aux champions sont là aussi pour nous aider à mieux vivre le spectacle.
Les « free drops » miraculeux n’ont sans doute pas fini de se multiplier sur les grands tournois. Il n’y a pas très longtemps, Jordan Spieth a visé volontairement le toit du club-house pour user ensuite de cette règle. Quel amateur aurait oser faire ça ? Aucun évidemment…