Casares, petit patelin espagnol sans lettre de créance, devient la capitale mondiale du golf féminin le temps de la 18e Solheim Cup, match-play de toutes les épithètes. L’Europe défend son trophée face à des Américaines très revanchardes. Attendus en grand nombre, les spectateurs ne devraient pas être déçus du voyage.
Par Philippe P Hermann
Au moment où les Etats-Unis et l’Europe peaufinent encore leurs équipes pour une nouvelle Ryder Cup disputée à Rome, un petit coin d’Andalousie reçoit son alter-ego féminin, autre événement biennal de référence.
Ça se passe à Casares, village dont le nom est complétement shunté par l’image omniprésente de Finca Cortesin établi sur cette commune, développement hôtelier résidentiel aux installations étoilées dont le parcours de Cabell Robinson. L’adresse est réputée et connue de tout golfeur fondu qui essaiment cette « Costa del Golf » au sud de Malaga, à la mesure des grands voisins de Valderrama, La Reserva ou Sotogrande.
Fait pour le match-play
Ce par 72 (5 860 mètres pour la Solheim Cup) est décoré d’une centaine de bunkers, d’obstacles d’eau variés, de mouvements de terrain et de « bermuda greens ». Il devrait être l’excellent juge de paix attendu pour la désignation du team vainqueur, comme il l’a été lors de trois championnats du monde de match-play.
Quelques trous mettront vite en lumière la forme du jour de chaque joueuse. Ainsi le trou n°4, un par 4 qui leur suggèrera une attaque à la volée selon la position des tees qui, pour les messieurs, sont à 305 mètres du green. Ou encore, le très long par 5 du 11 aux 600 mètres, certes rabotés pour tester les drivers féminins.
Et puis, il y aura le Cabell Corner formé des trous 16 (par 4), 17 (par 3) et 18 (par 5) dont les caractères se combinent idéalement pour pimenter l’animation finale d’un match-play.
Météo capricieuse
En septembre, le plus souvent, il fait chaud et beau dans cette région à deux pas de Gibraltar et du cocktail Atlantique/Méditerranée. La météo sait aussi y virer un coup de vent inattendu, voire une solide averse sans prévenir.
Le Team Europe connaît. Elle y a souvent joué. Les Américaines moins. Mais ne comptez pas sur les stars Lilia Vu, Nelly Korda ou Rose Zhang pour un « quand il y en a pour deux, il y en a pour trois. »
Leurs couleurs battues en Ecosse en 2019 et en Amérique en 2021, elles viennent pour arrêter cette série et sortir de l’équilibre entre les deux équipes depuis 2000. On attend donc quelques belles étincelles de ce match au sommet où seize des vingt-quatre joueuses ont gagné au moins un tournoi du LPGA Tour.
Un jour oui, un jour non
En match-play, il y a loin de la coupe aux lèvres. La vérité d’un jour n’est pas forcément celle du lendemain, ce qui fait toute la beauté de ce golf-là où le mental s’invite sans prévenir, où les émotions débordent. On pourrait même dire qu’il compte pour moitié.
Un petit souci, une mauvaise nuit, et la tête peut se faire pleine de balises impalpables. La précision du coup de golf peut en être affectée sans explication, ni préavis. Ainsi, en 1996 à St. Pierre (Pays de Galles) quand l’Europe, menant de deux points avant les douze simples, était proprement ratiboisée, perdant douze d’entre eux.
Votez Europe
Une fois encore, Team Europe n’est pas le favori d’une Solheim Cup de haute tenue. Cependant dix Européennes figurent au Top 50 mondial. Neuf ont l’expérience du tournoi et de sa pression face à cinq Américaines néophytes dont le mental souffrira inévitablement de cette lacune.
Comme Céline Boutier, actuelle leader du classement CME Globe du LPGA Tour, les filles du Team Europe connaissent bien leurs adversaires, fréquentant beaucoup ce circuit, le Ladies European Tour (LET) étant réduit à un stage de formation. De plus, tout complexe évacué, elles sont bien coachées par Suzann Pettersen, solide capitaine.
Avec l’avantage du terrain, l’alliance entre filles de Suède, du Royaume-Uni, d’Espagne, d’Irlande, du Danemark ou de France, pour conserver le trophée ferait plutôt figure d’un os trop difficile à ronger par un Team USA aux yeux plus gros que le ventre…