
Quand on consulte le dictionnaire médical, subir une rupture d’un tendon d’Achille n’est jamais une bonne nouvelle. C’est même plus inquiétant encore quand on s’appelle Tiger Woods, 50 ans à la fin de l’année, dont le corps n’a jamais été épargné par les blessures tout au long de sa très riche carrière. État des lieux.
L.V.
Une énième rechute. Celle de trop ? On en a bien peur. Hélas ! A bientôt 50 ans (le 30 décembre prochain), Tiger Woods a en effet annoncé ce mardi sur les réseaux sociaux avoir été opéré de son tendon d’Achille gauche, apparemment rompu comme le souligne lui-même l’ex numéro 1 mondial.
« Alors que je commençais à intensifier mon entraînement à la maison, j’ai ressenti une vive douleur au tendon d’Achille gauche, qui s’est révélé rompu (…) Ce matin (mardi 11 mars), le Dr Charlton Stucken de l’hôpital de chirurgie spécialisée de West Palm Beach, en Floride, a réalisé une réparation mini-invasive du tendon d’Achille. L’opération s’est bien déroulée et nous espérons un rétablissement complet. »
Temps de récupération ? Six mois !
Quand on tape sur la toile « rupture du tendon d’Achille », voici ce que l’on trouve en termes de durée d’absence et de rééducation prodiguée.
« Le temps de guérison d’une rupture du tendon d’Achille dépend de la gravité de la rupture et du traitement reçu. En cas de rupture partielle ou de rupture du tendon d’Achille avec un écart minimal entre les extrémités du tendon, et le port d’une orthèse ou d’une botte de marche, on peut estimer le temps de guérison de 6 à 12 semaines. Après une rupture du tendon d’Achille, le temps de récupération, selon la prise en charge, est d’environ 6 mois. La convalescence est de 3 semaines dans une résine en équin (en pointe du pied) sans appui puis 3 semaines dans une botte de marche avec appui, avec talonnettes de hauteur dégressive pour 3 semaines. Les chaussures spéciales ou l’attelle ne sont plus nécessaires six à huit semaines après l’accident. Les muscles du mollet doivent ensuite être renforcés avec un programme d’entraînement ciblé. Il est possible de refaire du sport trois à six mois après la fin du traitement. »
Un corps d’athlète jamais ménagé…
A la lecture de ces lignes, on comprend donc aisément que Tiger Woods ne sera pas au départ du 89e Masters de l’Histoire qui doit se tenir du 10 au 13 avril à l’Augusta National Golf Club (Géorgie). Mais au-delà de cette échéance, c’est l’avenir même de l’ancien numéro 1 mondial au plus haut niveau qui, plus que jamais, interroge. N’est-il pas l’heure pour lui de tirer un trait sur son immense carrière, jalonnée de 82 victoires, rien que sur le PGA Tour (record co-détenu avec Sam Snead), avec en point d’orgue ses quinze succès en Majeurs entre 1997 et 2019 ?
Depuis sa plus tendre enfance – il était déjà sur un célèbre plateau TV à l’âge de 3 ans faisant admirer ses prédispositions pour le jeu de golf – Tiger Woods n’a jamais ménagé son corps d’athlète, toujours affûté, de plus en plus bodybuildé au fil des ans, digne des plus grands sportifs, toutes disciplines confondues. Mais celui-ci, poussé très (trop) souvent à l’extrême, a régulièrement émis des signaux d’alerte. Plus ou moins graves tout au long de sa carrière.
Un dos opéré à multiples reprises
Ses problèmes au dos, résultante d’un swing hyper agressif et ô combien traumatisant, ont ainsi perturbé sa santé pendant plus de dix ans. Rien qu’en 2015, il subit en septembre puis en octobre deux opérations de micro-discectomie (ablation d’une Hernie Discale), atténuant des douleurs trop importantes mais qui vont l’obliger à se retirer de la compétition pendant plus d’un an.
Ses membres inférieurs ont également souffert à multiples reprises. En août 2007, à son apogée, son ligament croisé antérieur du genou gauche lâche. En avril de l’année suivante, il est de nouveau opéré du même genou afin de réparer des cartilages endommagés. Un mois plus tard, il souffre de deux fractures de stress au tibia gauche. Ce qui ne l’empêche néanmoins pas de remporter l’US Open en juin à Torrey Pines à l’issue d’un play-off sur… 19 trous le lundi. Malgré une jambe gauche fracturée à deux endroits.
L’accident de voiture qui a tout précipité
En avril 2017, il subit une arthrodèse vertébrale, sa quatrième opération du dos. Une intervention chirurgicale destinée à bloquer une articulation lésée par l’obtention d’une fusion osseuse (en général de l’extrémité des os) dans le but de corriger une déformation ou d’obtenir l’indolence. Cela ne l’empêchera pas de remporter son 5e Masters en avril 2019.
Mais le vrai « tournant » de cette longue litanie de soucis physiques, c’est ce terrible accident de voiture le 23 février 2021 à Los Angeles. Coincé dans son véhicule après plusieurs tonneaux, Tiger Woods frôle l’amputation de la cheville. Les dégâts sur sa jambe droite sont très importants (fractures ouvertes du tibia et du péroné). Il mettra plus d’un an et demi pour s’en remettre mais les séquelles sont encore visibles lors du Masters 2023 où, trainant la patte sous la pluie et le froid, il parvient néanmoins à passer le cut avant d’abandonner dans la foulée.
Personne n’est éternel
Ses apparitions se font de plus en plus rares mais le principal intéressé continue d’annoncer qu’il est loin d’avoir abdiqué, qu’il se sent toujours capable de rivaliser avec les meilleurs. Fuite en avant ? Déni ? Peur de cette petite mort, à savoir ici la retraite, que tout sportif de haut niveau craint plus que tout de vivre un jour ?
Une chose est sûre, le Tigre, s’il concentre toujours toutes les attentions de ses fans et des médias, ne fait plus le poids sur un parcours de golf face aux meilleurs joueurs. Il a fini 60e et dernier du Masters 2024 avant de manquer le cut en juillet à Troon lors du 152e The Open. C’est à ce jour sa dernière apparition à ce niveau d’exigence, même s’il a effectué quelques « piges » en décembre avec son fils, Charlie, au PNC Championship ou plus récemment au Tech Golf League (TGL) qu’il a lancé avec son ami, Rory McIlroy. Il était quelques semaines plus tôt passé une fois encore sur le billard pour une opération de micro-décompression du bas du dos.
Indiscutablement son talon… d’Achille !
Photo : Andrew Redington Getty Images via AFP