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Ce que l’on craignait à la lecture du communiqué du PGA Tour qui a suivi la réunion à la Maison Blanche le 21 février se confirme : malgré leurs discussions, le président américain Donald Trump, les représentants du PGA Tour, Jay Monahan, Tiger Woods et Adam Scott, et le gouverneur du Fonds d’investissement public (PIF) d’Arabie saoudite, Yasir Al-Rumayyan, sont loin de s’être mis d’accord. Selon plusieurs sources, cette rencontre s’est même soldée par une sorte d’échec.
Les langues se délient peu à peu. C’est sous la plume de l’éditorialiste Eamon Lynch de Golfweek que le “verdict” que l’on avait pressenti est tombé : non, la réunion à la Maison Blanche ne s’est pas déroulée comme escompté, et contrairement à ce que Donald Trump et certains médias américains ont bien voulu faire croire, on est encore très, très loin d’un rapprochement entre le PGA Tour et le LIV Golf.
Certains émettent même l’hypothèse que la fusion entre les deux circuits ne voit jamais le jour.
« Des sources bien informées laissent entendre que la réunion de jeudi à la Maison Blanche ne s’est pas déroulée aussi bien que l’espéraient les dirigeants du Tour, ce qui suggère que le gouverneur du PIF, Yasir Al-Rumayyan, reste déterminé à continuer d’injecter de l’argent dans la fournaise de son propre orgueil. Il n’existe aucun critère permettant de juger de la réussite économique de sa folie. Environ 5 milliards de dollars plus tard, la seule part de marché dont LIV peut se vanter est de posséder juste assez de joueurs pour que les fans se soucient de les voir revenir », écrit Eamon Lynch qui met également en garde les dirigeants sur la volatilité des fans de sports « Les fans passent à autre chose, plus rapidement que les stars d’un jour ne veulent l’admettre. Al-Rumayyan a davantage besoin d’un accord que le PGA Tour. »
Une dernière phrase qui témoigne également de l’inquiétude grandissante des médias détenteurs des droits du golf dans le monde qui constatent avec dépit la chute inexorable des audiences depuis le déclenchement de la guerre des circuits. Comme l’ont évoqué Paul McGinley ou plus près de nous Pascal Grizot, d’autres sports profitent du désintérêt palpable des téléspectateurs pour le golf.
Yasir Al-Rumayyan reste déterminé à continuer d’injecter de l’argent dans la fournaise de son propre orgueil.Eamon Lynch, Golfweek
Depuis sa réélection, Donald Trump a assuré que le problème allait trouver une solution rapide grâce à lui. Tiger Woods a lui aussi envoyé des messages très optimistes avec même des annonces un brin péremptoires : « Nous allons remettre le golf dans la bonne direction très rapidement. »
Les négociations sur la réunification sont officiellement en cours depuis qu’un « accord-cadre » a été annoncé entre le PGA Tour, le DP World Tour et le PIF saoudien le 6 juin 2023. Mais depuis, le fan de golf, lui, ne voit rien venir ou pas grand-chose.
Difficile de dire ce qui sépare encore le PGA Tour et le PIF d’une réunification. La volonté d’unifier les deux circuits n’est sans doute pas totale du côté du LIV. Ce ne sont pas les récentes déclarations de son nouveau patron qui vont laisser penser le contraire, ni la signature d’un contrat longue durée (jusqu’en 2031) avec l’étape du LIV à Adélaïde, en Australie.
Quels critères pour le retour des LIVers ?
Du côté du PGA Tour, rien ne garantit que le retour des joueurs “rebelles” se fasse dans la félicité. Les joueurs auront leur mot à dire même si des décisions importantes ont été prises sans eux par Jay Monahan. N’oublions pas qu’il s’agit d’une association de joueurs professionnels comme son nom l’indique.
Alors, sans parler d’une fusion, quelles pourraient être les premières pistes d’un rapprochement ? Des invitations de LIVers aux profils « bankables » sur le PGA Tour ? On parle de possibles apparitions dès le Players Championship dans 15 jours au TPC Sawgrass. Mais sur quels critères ? Sportifs ?
On peut imaginer que des récents vainqueurs en Majeur tels Bryson DeChambeau (que Rory McIlroy lui-même a appelé de ses vœux à voir de nouveau jouer sur le PGA Tour), Jon Rahm, Brooks Koepka et Cameron Smith soient en tête de liste. Ou Joaquin Niemann qui, en gagnant le Genesis Invitational en 2022, avait gagné trois ans d’exemption sur le circuit américain.
Photo : Cliff Hawkins / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP