A 46 ans, le Rochelais est désormais à la croisée des chemins, le regard fixé sur un avenir qui s’annonce riche en opportunités. Notamment celle de poursuivre l’aventure sur le circuit sénior américain. Dans un peu plus de quatre ans si tout va bien. Inventaire !
Lionel VELLA, à La Réunion
Grégory Havret est, avec Julien Guerrier, la tête d’affiche de ces 9es Internationaux de France professionnels de double. Un événement que le Rochelais installé en région bordelaise depuis plusieurs années maintenant apprécie beaucoup. Il avait ainsi terminé cinquième en 2021 sur le golf de Bourbon en compagnie de son ami, Jean Damien Yvet. Ils sont d’ailleurs encore associés cette semaine sur le golf du Bassin Bleu.
« J’avais joué avec Laurent Pargade il y a une dizaine d’années, tente-t-il de se remémorer. Mais j’ai dû jouer ce Championnat de France au moins trois ou quatre fois. J’aime bien ce concept, c’est très sympa. Même si je cherche aujourd’hui à passer un maximum de temps en famille, ça m’embêterait de louper ce tournoi. J’apprécie beaucoup le format, le fait que je puisse jouer avec l’un de mes meilleurs amis, avoir ma femme auprès de moi… C’est vraiment sympa. »
Quatre années me séparent du Senior Tour, en Europe, ou des Etats-Unis. Idéalement, ce serait même les Etats-Unis d’abord.
Présent aux Cartes européennes (PQ3) à Tarragone (11-16 novembre), Grégory Havret, 46 ans, n’est pas parvenu à franchir le cut après 72 trous. Son avenir se situe aujourd’hui bien plus en « périphérie » du haut niveau qu’en son sein. Explications
« J’ai encore une catégorie sur le Challenge Tour mais je n’irai pas à l’étranger, même si j’ai pris ma cotisation, résume-t-il. En revanche, les étapes en France, pourquoi pas. Aller jouer au Vaudreuil, à Port-Royal, à Pléneuf… J’aime profondément le jeu. Il se peut aussi que je joue au Médoc, à Mont-de-Marsan, à la National Golf Week, à Arcachon, que j’adore (circuit français). Comme je veux garder du jeu si un jour j’entends être compétitif chez les Seniors, il va falloir bien gérer cela. Quatre années me séparent du Senior Tour, en Europe, ou des Etats-Unis. Idéalement, ce serait même les Etats-Unis d’abord. »
Coaching à Waterloo…
Une chose est sûre, le triple vainqueur sur le DP World Tour ne va pas chômer dans les prochaines semaines, les prochains mois. Les opportunités ne manquent apparemment pas. Notamment le coaching…
« Depuis deux ans, je concilie le jeu et le coaching puisque j’interviens dans un golf en Belgique, à Waterloo. Un club merveilleux. Cela représente une semaine par mois minimum, soit 15 semaines en 2022. Cela m’a donné une idée de ce que je voulais faire ou pas. Je m’épanouis beaucoup. J’ai quelques jeunes pros que j’entraîne un petit peu. Tout ce qui est lié à la performance, j’y suis attaché. Que ce soit pour moi ou quelqu’un que j’essaie d’accompagner. »
J’ai envie d’être bon, comme je l’ai été dans mon sport. A la TV, je n’ai pas envie qu’on dise qu’il vaut mieux que je continue à faire mes chips-putts.
Le design est également une éventualité à creuser tout comme devenir consultant pour la télévision. Une « reconversion » qui ne le laisse clairement pas indifférent.
« Cela me plairait bien, confirme-t-il. Mais c’est une chose de taper une balle, de faire un fade ou un draw mais être pertinent au micro comme le sont François Calmels ou Jean Van de Velde (consultants sur Golf+), c’est autre chose. J’ai envie d’être bon, comme je l’ai été dans mon sport. A la TV, je n’ai pas envie qu’on dise qu’il vaut mieux que je continue à faire mes chips-putts. On verra bien. Mais ça fait du bien de se sentir légitime… Il va falloir que je fasse mes preuves, c’est là tout le challenge de ma reconversion et de ce qui m’attend dans les 20-30 prochaines années… Et si possible avec autant d’épanouissement que les 30 premières qui viennent de passer. Ce sera juste différent… »
Quand on a connu les victoires, ces belles performances, ces moments incroyables et qu’on n’arrive plus à vivre ça, je ne le vis pas très bien pour être honnête.
Celui qui avait pris la deuxième place de l’US Open 2010 à Pebble Beach, battant au passage Tiger Woods avec qui il avait partagé sa partie le dimanche, n’appréhende pas cette « petite mort » que les sportifs de haut niveau gèrent plus ou moins bien quand est venu le moment de raccrocher…
« Je l’ai déjà vécu quelque part depuis quelques années, souffle-t-il. Et pour tout dire, c’est presque un soulagement. C’était un peu dur ces derniers temps. Et puis il y a un truc qui m’embête, c’est que j’ai du mal à monter le club, je suis un peu bloqué, pas à l’aise comme j’ai pu l’être… Quand on a connu les victoires, ces belles performances, ces moments incroyables et qu’on n’arrive plus à vivre ça, je ne le vis pas très bien pour être honnête. »
Un projet de practice du côté de Bordeaux…
« Mais bon, c’est comme ça, poursuit-il. Cela s’arrête pour tout le monde un jour ou l’autre. Cela s’arrêtera aussi pour Rory (McIlroy), tout n°1 mondial qu’il est. Il devra raccrocher à cause de l’âge ou pour une autre raison, quand il ne sera plus compétitif. C’est le cycle de la vie. Ce moment, je le vis bien grâce à ces opportunités qui m’offrent une certaine visibilité sur l’avenir. La télévision, Waterloo, j’ai aussi ce projet de lancer un practice à Bordeaux… Cela avance dans le bon sens. Ce n’est pas encore fait mais penser au concept, aux structures, à la manière d’enseigner, viser une certaine population de joueurs, ça m’éclate profondément. »
Comme il a aussi pris beaucoup de plaisir à se dévoiler dans sa biographie sortie le 16 novembre dernier. Une sorte de testament golfique…
« C’est un chemin de pèlerinage, savoir qui j’étais, conclut-il. J’ai appris plein de choses sur moi. Laisser ça à mes enfants, qu’ils soient fiers de moi… C’est une sorte de testament, oui… »
Photo : ANGEL MARTINEZ / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP