Ce 105e PGA Championship de l’histoire restera celui de Michael Block, 3580e joueur mondial. Seul pro de la PGA of America à avoir franchi le cut, il a partagé ses parties du week-end avec Justin Rose puis Rory McIlroy. Auteur d’un trou en un sur le par 3 du 15, dimanche, il a terminé 15e et démontré que le golf n’est vraiment pas un sport comme les autres. Il sera à nouveau invité l’an prochain, pour l’édition 2024.
D.O.
Après trois tours impeccables, tous dans le par, et un excellent 71 dimanche, agrémenté d’un trou en un sur le 15, Michael Block a pris la 15e place du 105e PGA Championship, devenant le nouveau héros du Oak Hill Country Club de Rochester. Il n’est que l’un des 28 000 membres de la PGA of America mais il a porté très haut, toute la semaine, le flambeau de sa profession, en jouant aussi bien que possible sur un parcours très difficile, face à des rivaux très expérimentés. Un exploit ahurissant… et amplement mérité. Portrait.
Il peut enseigner à tout le monde… sauf moi. Il n’a pas la patience
Val Block (sa femme)
Val, l’épouse argentine de Michael Block, a enfin attrapé le virus du golf, il y a cinq ans. Elle joue 15 mais ne veut pas prendre de leçon avec son mari : « Il peut enseigner à tout le monde… sauf moi. Il n’a pas la patience », rigole-t-elle. A 46 ans, son mari a mieux joué jeudi et vendredi que ses compatriotes Patrick Cantlay, Max Homa, Xander Schauffele et Sam Burns, ou encore Jon Rahm, le numéro 1 mondial, Jordan Spieth et Justin Thomas, le tenant du titre.
Another one. Michael Block is dropping birdie putts and having fun doing it. 🐥#CorebridgexPGA | #PGAChamp pic.twitter.com/xM9zTq57kg
— PGA of America (@PGA) May 20, 2023
Avec son sweat à capuche orange et son large sourire, jeudi, il donnait d’abord l’impression d’être un pur amateur, ou un fan, égaré à Oak Hill après avoir déjoué la vigilance des services de sécurité. Puis, petit à petit, il s’est pris au jeu et le public de Rochester (New York) a commencé à le suivre de près, à apprécier son attitude si cool, si détachée.
Je ne fais qu’un seau de balles par semaine
Michael Block
Après avoir réussi son dernier putt vendredi, il a levé les mains en signe d’incrédulité, a essuyé une petite larme, puis il a passé près d’une heure avec les médias, pour raconter son histoire en long, en large et en travers. Il avait fait honneur à son invitation par la PGA of America, et il avait surtout très bien joué. Il a aussi dit qu’il s’entraînait rarement: « Les gens pensent que j’ai le meilleur job du monde, mais je ne fais qu’un seau de balles par semaine. » Personne ne l’a cru.
J’ai besoin d’un vrai travail, pour gagner ma vie chaque semaine.
Natif du Missouri, dans le Middle West, Michael Block se déplace lentement, d’un pas traînant mais déterminé. Il est le Head Pro de l’Arroyo Trabuco Golf Club à Mission Viejo, au sud de la Californie. Il y travaille depuis près de vingt ans et n’a jamais envisagé de devenir un joueur professionnel : « J’ai besoin d’un vrai travail, pour gagner ma vie chaque semaine. J’ai une vie parfaite car je peux être à la maison avec ma famille et venir ici pour jouer contre les meilleurs golfeurs du monde. Mais je ne voulais pas être sur le circuit, devoir rentrer des putts pour payer mon crédit. »
Prochain objectif : l’US Open avec son fils Dylan…
Comme c’est une belle histoire de famille de golfeurs, il y a aussi des enfants : Dylan, 18 ans, qui va tenter de se qualifier, avec papa, pour le prochain US Open en Californie, en juin au Los Angeles Country Club ; et Ethan, 16 ans, qui a joué 69 lors d’une compétition inter-collèges, jeudi dernier. Leur papa est un pro très raisonnable dans ses tarifs : 150 dollars pour une heure d’enseignement, 500 dollars pour neuf trous. Et chaque fin d’après-midi, il s’entraîne avec Dylan et Ethan.
Lorsqu’il ne travaille pas, son club libère Michael Block, souvent, pour jouer des tournois, être élu meilleur pro de la région par la PGA de Californie du Sud, neuf années sur dix, et gagner des invitations sur le PGA Tour. Cette semaine, à Oak Hill, il a pris son 25e départ sur le circuit américain, ce qui permet de comprendre un peu mieux pourquoi il est aussi à l’aise.
Premier cut passé, au 7e Majeur
Vendredi, quand il a terminé son 2e tour par un putt d’un mètre, pour sauver le par après être sorti d’un bunker, il a levé les deux bras au ciel. C’était son septième Majeur mais le premier où il passait le cut. En battant de huit coups son meilleur score dans un Majeur.
We are all invited to the Block party at Oak Hill. #PGAChamp
— PGA Championship (@PGAChampionship) May 19, 2023
Un « ace » pour finir en beauté !
Et l’histoire ne s’est pas terminée de façon banale puisque le bonhomme s’est tout simplement offert un trou en un magique sur le par 3 du 15, en « dunkant » sa balle sous le regard admiratif de Rory McIlroy, l’un des meilleurs joueurs de golf de la planète. Son 71 final (+1) lui assure une 15e place à +1 (281) et valide d’ores et déjà sa présence l’an prochain au Valhalla Golf Club de Louisville (Kentucky), pour l’édition 2024 du PGA Championship. Quelle semaine !
MICHAEL. BLOCK. ACE. #PGAChamp pic.twitter.com/YitD2QLDB7
— PGA Championship (@PGAChampionship) May 21, 2023
Photo : Scott Taetsch/PGA of America