Sans concéder le moindre bogey ce week-end sur le pourtant redoutable Albatros du Golf National, Guido Migliozzi, 25 ans, s’offre son troisième succès sur le Tour européen. Une victoire de prestige à -16 (268) grâce à une superbe carte dimanche de 62 (-9), record du parcours égalé. Leader depuis le premier jour, le Danois Rasmus Højgaard doit se contenter de la deuxième place à -15 (269) malgré un ultime 68 (-3). Meilleur Français, Paul Barjon, pour ses débuts dans son Open national, accroche la troisième place (ex-aequo) à -11 !
Lionel VELLA, au Golf National (avec François SCIMECA)
Trois ans et 115 jours après son dernier succès – c’était au Belgian Knockout 2019 –, Guido Migliozzi, 25 ans, remporte son troisième tournoi sur le Tour européen grâce à une magnifique carte de 62 (-9) sans la moindre erreur. Une prestation record qui lui permet de rejoindre dans les annales l’Argentin Eduardo Romero (2005), l’Allemand Martin Kaymer (2009) et… le Danois Rasmus Højgaard, 62 ce jeudi en entame de cette 104e édition du plus vieux tournoi d’Europe continentale.
Neuvième à -7 samedi soir, l’Italien, en quête d’un résultat probant depuis sa 4e place à l’US Open 2021 à Torrey Pines, accusait pourtant au départ de ce dernier tour du Cazoo Open de France 2022 cinq points de retard sur le leader, l’incontournable… Rasmus Højgaard.
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Parti en mode diesel en compagnie du Français Victor Perez, le natif de Vicence a enchaîné cinq premiers pars avant de revêtir la panoplie du vengeur masqué. Avec d’abord cinq birdies d’affilée entre le 6 et le 10 pour recoller quasiment aux basques des hommes de tête situés alors à -14 avant d’asséner une nouvelle saillie à partir du 13 avec trois nouveaux birdies de rang.
Profitant des nombreuses occasions manquées du trio en dernière partie composé de Højgaard (bogey 8 et 9), du Sud-Africain George Coetzee (triple au 15) et du Belge Thomas Pieters (double au 15), Migliozzi se retrouvait seul leader au club-house à -16 après un énorme birdie sur le 18, un coup de « fou » comme l’a confirmé son auteur en conférence de presse.
Step up @guidomigliozzi!!!!
He hits this shot into 18 as he looks to post -16. #CazooOpenDeFrance pic.twitter.com/ifos4jTocz
— DP World Tour (@DPWorldTour) September 25, 2022
Un exploit de trop pour Højgaard, toujours fâché avec ses mises en jeu, et qui a finalement dû se contenter d’une carte de 68 (-3) malgré un départ de champion (birdie au 2, eagle au 3). En tête depuis le premier jour, le Scandinave finit seul deuxième à -15… La plus mauvaise place sans aucun doute !
« Quelques erreurs stupides au cours des deux derniers jours m’ont coûté la victoire, regrette-t-il. Mais je suis toutefois content de la direction que prend mon golf en ce moment. Je frappe bien la balle et malgré le résultat final, j’ai apprécié cette semaine. Je dois en retirer évidemment tout le positif. Alors oui, ça pique un peu en ce moment, quelques minutes après la fin de ce tournoi, mais plus tard, ce soir, une fois que tout ça sera retombé, je suis certain que j’aurais beaucoup de raisons d’être fier. Surtout après ce qui s’est passé hier (+6 après trois trous joués). »
Mon objectif en cette fin de saison c’était de garder ma carte. Ce que je ressens, c’est une explosion d’émotions
Guido Migliozzi
Trois semaines après le triomphe sur ce même Albatros de l’équipe italienne amateur aux Mondiaux, Guido Migliozzi, dont le meilleur résultat cette saison était jusque-là une dixième place en mai au Dutch Open, devient donc le premier golfeur transalpin depuis Costantino Rocca en 1993 (déjà ici au Golf National) à soulever la Coupe Edward George Stoïber. Ce succès lui permet surtout d’effectuer un bond de géant (79 places) au ranking européen. Il pointe désormais en 21e position. De quoi bien mieux respirer après plusieurs mois de doutes…
« Mon objectif en cette fin de saison c’était de garder ma carte, résume-t-il dans un large sourire. Ce que je ressens, c’est une explosion d’émotions. Je me bats tous les jours sur les parcours, dans les tournois. Aujourd’hui le golf m’a donné quelque chose. »
Le voilà en tout cas parfaitement lancé dans la course à la qualification pour la prochaine Ryder Cup – débutée il y a quinze jours à Wentworth – qui aura lieu dans un peu moins d’un an chez lui, en Italie, sur le Marco Simone Golf Club de Rome…
Sur quatre jours, finir à cinq coups de la tête, ce n’est pas si loin que ça…
Paul Barjon
Qui sait si un golfeur français lui emboitera le pas mais il faut bien avouer que les rescapés tricolores du cut ce vendredi à St-Quentin-en-Yvelines ont souffert dans ce dernier tour. Seuls Paul Barjon et Julien Brun ont ainsi posté la même carte sous le par : 70 (-1). Si l’Antibois parvient à signer son cinquième top 15 de l’année (13e), celui qui vient de perdre sa carte sur le PGA Tour accroche une superbe troisième place ex-aequo à -11 en compagnie de Coetzee (71) et Pieters (70). C’est le 51e podium français pour 13 titres depuis la première édition en 1906.
« C’est mon meilleur résultat de la saison puisque j’avais fini 10e sur le PGA Tour en début d’année, confirme le Texan d’adoption. Dans l’ensemble, il y a beaucoup de positif même si à chaud, c’est un peu frustrant. Sur quatre jours, finir à cinq coups de la tête, ce n’est pas si loin que ça… On essaie tous de gagner et ne pas de se contenter d’un top 10. »
« Ce qui est sûr, c’est que je ne m’attendais pas à un tel résultat, embraye-t-il. Lundi et mardi, à l’entraînement, les frappes de balles étaient plutôt moyennes et puis mercredi après-midi, c’était très bon. Alors je me suis dit : « pourquoi pas ? » J’espère en tout cas être là l’an prochain car l’ambiance était super ! »
La déception prédomine en ce moment. Mais avec le recul, je me dis que la gagne pour -16, je ne l’avais pas
Antoine Rozner
Cinquième à trois longueurs du leader après 54 trous, Antoine Rozner termine au-delà du top 10 (11e à -6) par la faute d’un lourd 74 (+3) lesté par un double, trois bogeys et seulement deux birdies… Forcément déçu, le Racingman reste néanmoins optimiste sur les prochaines semaines, les prochains mois…
« La déception prédomine en ce moment, analyse le double vainqueur sur le Tour. Mais avec le recul, je me dis que la gagne pour -16, je ne l’avais pas. Faut être aussi lucide… J’aurais tellement aimé mieux finir ce tournoi. C’est un parcours où je joue bien en général mais aujourd’hui, je suis passé à côté. Le fond de jeu est toujours là, je joue bien depuis quelques mois… A moi de rester patient et je suis persuadé que ça va payer, que les portes s’ouvriront… »
Honneur aussi à toute l’équipe de France amateur présente début septembre aux Mondiaux puisque Julien Sale, Oihan Guillamoundeguy, Tom Vaillant et Martin Couvra finissent entre la 26e et la 45e places… La relève – Julien Sale a d’ores et déjà décidé de passer professionnel à l’issue de cet Open de France – est assurée !
Le leaderboard
Le leaderboard des autres français
Photo : ROSS KINNAIRD / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP