Joueur, entraîneur ou manager, pour Golf Planète, ils reviennent sur l’incroyable victoire de Matthieu Pavon au Farmers Insurance Open. Riche et instructif. Verbatim.
Propos recueillis par Lionel VELLA
Maxime Demory (Manager de la St Laurent Golf Team dont fait partie Matthieu Pavon)
« C’est un jour historique ! Pour le golf Français, et bien sûr pour notre team. Par son travail, sa rigueur et son ambition, Matthieu montre à ses coéquipiers de la Team St Laurent que c’est possible ! J’ai vécu ce moment avec Jérémy (Da Silva, son kiné) qui était sur le parcours là-bas et qui me donnait les infos en temps réel ! J’ai appelé et envoyé des messages dans la nuit aux sponsors du Team (qui me font confiance depuis le début…) Nous étions tout simplement aux anges. C’est magnifique ! Bravo Matt ! »
Antoine Rozner (33e de la Race to Dubaï 2023)
« C’est exceptionnel ! Je suis resté scotché à ma télé jusqu’à la fin. Il a super bien joué… Un putting de feu. Quel beau moment ! Un grand bravo à lui et à son équipe. »
Matthieu, c’est quelqu’un qui prend aussi des décisions sur sa carrière et qui n’hésite pas à tenter des coups, comme ce coup au 18 qui est extraordinaire. Il a pris les risques qu’il fallait pour gagner le tournoi.
Thomas Levet
Thomas Levet (ancien membre du PGA Tour que Matthieu Pavon a cité lors de sa conférence de presse d’après 4e tour à Torrey Pines)
« La victoire de Matthieu est méritée. C’est quelqu’un qui a beaucoup travaillé, il a fait des choix dans son jeu, sur des techniques particulières. Et puis on voit que sous pression, ça tient. C’est quelque chose qui a été appris et qui a été ensuite maitrisée. C’est fort, bien qu’il y a des choses peu académiques dans son jeu à l’image de son chipping par exemple… Ce n’est pas dans les bouquins tout ça, c’est quelque chose que l’on doit inventer, que l’on doit discuter avec un coach. Avant de prendre une décision car il sait que sous pression, ça tiendra le choc. L’efficacité, il n’y a que ça qui compte. Et puis Matthieu, c’est quelqu’un qui prend aussi des décisions sur sa carrière et qui n’hésite pas à tenter des coups, comme ce coup au 18 qui est extraordinaire. Il a pris les risques qu’il fallait pour gagner le tournoi. Matthieu, c’est un gagneur. J’ai reçu quelques messages parce qu’il m’avait gentiment cité dans ses impressions d’après tournoi, des messages de personnes qui avaient fait des parties d’entraînement avec lui et ils m’ont tous dit qu’ils avaient été impressionnés par son jeu… Je me souviens de la première fois qu’il était venu, il y a longtemps de ça, à la maison pour s’entraîner, pour jouer des mini-tours US… Matthieu n’est jamais passé par les chemins les plus simples. Il a franchi toutes les étapes, en travaillant. Cette victoire, il ne la doit qu’à lui-même et à son équipe. Bravo Matthieu. Et maintenant, rendez-vous dans les Majeurs. Cela va être super de le voir évoluer au Masters ! »
Julien Brun (membre du DP World Tour et de la St Laurent Golf Team)
« C’est énorme ! Mais ce n’est pas si surprenant que ça. Je le côtoie depuis quelques années maintenant au sein de la Team St Laurent. On a aussi partagé pas mal de choses sur le Tour. Il bosse beaucoup, il a un gros physique, une belle équipe autour de lui. Et quand il est en forme, il ne s’arrête pas. Il est dans la lignée de ce qu’il a fait en 2023. C’est magnifique car cela va lui ouvrir des portes, jouer les Majeurs notamment… Il y a de belles choses qui se profilent pour lui. C’est top ! »
Sa mère et son père l’avaient amené à Arcangues passer une journée avec moi. Il devait avoir 13 ou 14 ans. Afin de faire un petit bilan technique de ce qu’il avait à travailler. J’avais vu que c’était un garçon de caractère. Fort et déterminé.
Olivier Léglise
Ugo Coussaud (membre du DP World Tour et la St Laurent Golf Team)
« Je me suis réveillé ce matin pour le dernier tour (du Ras Al Khaimah Championship) et j’ai vu qu’il avait gagné. J’ai été très ému car Matthieu, c’est un super pote. Je sais à quel point les Etats-Unis sont importants pour lui. De gagner, c’est monstrueux. Cela me rappelle de bons souvenirs avec lui… On sait d’où on vient tous les deux… C’est très fort et surtout mérité. Je sais qu’il va en profiter. J’espère qu’il va continuer sur cette belle lancée. J’aurais bien aimé être avec lui pour fêter ça… C’est vraiment trop cool ! »
Olivier Léglise (coach de plusieurs golfeurs français du DP World Tour)
« Cela fait depuis quelques années que l’on sait que Matthieu possède un jeu flamboyant. Et je pensais bien depuis quelques temps que son jeu se prêterait bien au style pratiqué aux Etats-Unis. Matthieu a une très belle portée de balle, très haute et en fade, ce qui convient parfaitement aux parcours américains. On était beaucoup à penser qu’il s’adapterait bien là-bas. Cette victoire est la suite logique de la confiance qu’il a accumulée depuis ces deux-trois dernières années et plus particulièrement ces deux-trois derniers mois. Il surfe sur un gain de confiance énorme depuis son succès en Espagne. Je l’ai croisé très souvent, notamment en tournoi puisqu’il fait partie du Team St Laurent dans lequel font partie trois joueurs avec qui je collabore (Brun, Coussaud, Hébert). Matthieu est pour moi en train d’atteindre un niveau de jeu de classe mondiale ! Je suis ami avec sa maman (Béatrice Pavon-Deler). Il vient de temps en temps à Arcangues (64) quand il a envie de faire du petit jeu. Sa mère et son père l’avaient amené à Arcangues passer une journée avec moi. Il devait avoir 13 ou 14 ans. Afin de faire un petit bilan technique de ce qu’il avait à travailler. J’avais vu que c’était un garçon de caractère. Fort et déterminé. Il est ensuite parti au Médoc où sa mère enseignait. C’est là qu’il a baigné dans le haut niveau en partageant les parties d’entraînement de Grégory Havret, Julien Quesne et Grégory Bourdy, joueurs déjà accomplis sur le Tour européen. Le petit Matthieu jouait avec eux et c’est cela qui lui a certainement fait gagner beaucoup de temps et lui a permis d’accéder à un très haut niveau quand il est passé professionnel. Il a été très inspiré dans sa jeunesse par ces joueurs. Mais je ne l’ai jamais conseillé, jamais entraîné… D’ailleurs, je ne sais même pas s’il se souvient de cette journée à Arcangues (rires). »
Benjamin Hébert (membre du Challenge Tour et de la St Laurent Golf Team)
« C’est énorme ce que Matthieu a réalisé. Depuis six mois, il fait partie du top 10 mondial. Gagner à Madrid, en tête au Nedbank après 54 trous, un énorme finish à Dubaï lors de la finale pour décrocher sa carte sur le PGA Tour… Depuis qu’il est là-bas, aux Etats-Unis, c’est un autre mec. C’est assez dingue mais en même temps, cela ne m’étonne pas. On a partagé les circuits pendant quelques années et je le côtoie lors des regroupements de la Team St Laurent. Je le vois aussi en dehors puisqu’on est quasiment voisins en Andorre. Quand il a quelque chose dans la tête, il est vraiment focus. Là, je pense qu’il a pris conscience de son niveau de jeu, avec tout le travail qu’il a mis en place. Il ne faut pas oublier que tout n’a pas été toujours rose pour lui. On lui a mis des bâtons dans les roues à certains moments… Comme il dit, cela l’a nourri, ça lui a donné du carburant, de la motivation, beaucoup d’envie… Aujourd’hui, il a réussi à s’entourer d’un super staff, avec des gens compétents qui lui permettent d’avancer. J’ai vu en lui, en deux ans on va dire, une importante évolution sur sa frappe de balle, sur sa trajectoire, où il a beaucoup réduit son effet gauche-droite (fade). Il tape beaucoup plus fort… J’ai toujours pensé que c’était aussi un super putter… Bref, il avait toutes les qualités requises mais, parfois, cela ne suffit pas. Pour y parvenir, il faut aussi de l’envie, de la motivation, une bonne paire de c… également. Il est entré dans le top 40 mondial (34e au 28 janvier 2024) et j’espère vraiment qu’il ne va pas s’arrêter là. Je suis hyper content pour lui. En plus, c’est un pilier de la St Laurent Golf Team, depuis des années maintenant. Il était là avant moi. Avoir un vainqueur du PGA Tour dans l’équipe, c’est juste énorme. Je suis très fier de faire partie de son entourage, plus ou moins proche selon les moments. Et cela nous motive énormément. Cela tire tout le golf Français vers le haut. Même moi, qui suis en difficulté depuis deux ans maintenant, ça me redonne un coup de boost. C’est super ! »