Entre Pau, le plus ancien golf d’Europe continentale, et les links des Hauts-de-France, la FFGolf gère environ un demi-million de pratiquants. Parmi eux, un homme a joué au-dessus de la mêlée, contribuant à l’assise du golf français contemporain.
La chronique de Philippe Hermann
Une trentaine de jeunes pros, rejoints à l’occasion par le haut-du-panier amateur, sont de sortie d’une semaine à l’autre, pour une poignée sur le circuit de référence en Europe et, pour les autres, sur les circuits secondaires dont les tournois contribuent à leur formation.
Challenge Tour, Alps Tour, Pro Golf Tour, Swedish Golf Tour et le LETAS féminin sont autant de courtes échelles, niveau par niveau, pouvant conduire vers le pré-carré des cadors McIlroy&Co, le sommet du DP World Tour, ex-European Tour.
Tranquilo Seve, tranquilo ! Los altibajos son la vida!
Ainsi, les Langasque, Brun, Pavon sont des noms qui finissent par devenir familiers après de longues saisons d’apprentissage, de résultats obscurs, d’envies de tout envoyer paître, les plus solides restant en piste, quelquefois avec le coup de pouce d’une âme attendrie ou d’un aîné persuasif et autorisé.
Ainsi, Jean Garaialde a pu nous garder un certain Severiano Ballesteros, trop pressé de tout bouffer à 17 ans, et si découragé devant son absence de résultats probants. « Tranquilo Seve, tranquilo ! Los altibajos son la vida! ».
Jean Garaialde justement, que les moins de vingt ans (au moins) peuvent connaître, fêtera ses 88 printemps dans quelques jours. Ce chiffre est à peu près identique à celui de ses victoires dont cet Open de France si attendu en 1969, un titre gagné au forceps, décidé en playoff face à Roberto de Vicenzo, l’une des icônes du golf mondial à l’époque, plus connu par l’erreur commise sur sa carte de score lui faisant perdre un Masters qu’il aurait gagné.
Jean, le pionnier
À sa belle époque, fin des années 60, Jean s’ajoutera d’autres titres en Espagne, en Allemagne, en Scandinavie, remportant le Volvo Swedish Open 1970, mouchant Jack Nicklaus lui-même. Le plus remarquable, c’est qu’à cette époque, il tenait presque seul la maison golf France sur son aura.
Le tour européen balbutiait. Pas de circuits secondaires. Mais le champion basque était assez persuasif pour amener une grosse poignée de jeunes pros à sortir des pro-ams leur assurant un certain revenu pour aiguiser leur talent sur les tournois officiellement mis en place dès 1972 par un European Tour embryonnaire, où leur rémunération n’était qu’un espoir dans le meilleur des cas.
Ainsi, les Pascassio, Tapia, Alsuguren, Charpenel, Caussin, Darrieumerlou se faisaient un début de nom, suivis par les Cotton, Watine, les frères Léglise, Brizon, Larretche…
Fidèle parmi les fidèles
En 1975, Alain Quibeuf, le seul à passer le cut de l’Open de France terminait à la 48e place, gagnait juste 145 euros d’aujourd’hui. En 1980, Garaialde, toujours au départ, gagnait 328 euros.
Il était encore de la première incursion de l’Open de France sur l’Albatros, entouré de 26 pros. La génération Van de Velde commençait à garnir les listes de départ où il apparaissait jusqu’en 1992, assurant la soudure à 58 ans.
Depuis, Jean Garaialde s’est félicité des jeunes victoires embrayées par Jean van de Velde en Europe, ou celles de Remésy et Levet au “French Open” passé aujourd’hui sous la coupe du DP World Tour.
Heureux de voir le golf hexagonal tutoyer les meilleurs, voire les dépasser comme les récents Perez à St Andrews ou au Pays-Bas, et Rozner à Dubaï puis au Qatar, il ne manquerait aucun des grands rendez-vous du golf français, étant curieux de tout.
Douces pensées
Donnant son appréciation sur mille sujets, refaisant le monde avec les anciens, disponibles pour les selfies des juniors… Mais ces jours-ci, il n’est pas au Golf National et son absence ne passe pas inaperçue. La Côte Basque n’est pas une voisine immédiate du championnat à Guyancourt.