Les femmes et le golf… Le spectacle peut être d’une pureté exemplaire. Parce que..
Le PGA Tour américain est sorti de son break hivernal dès les premiers jours de janvier, ouvrant une nouvelle saison à Kapalua (Maui, Hawaï). Tard dans la nuit, vous n’avez peut-être pas suivi sur Golf+ les images du Tournoi des Champions disputé par une brochette de cracks menés par Dustin Johnson, le No 1 mondial.
Si vous les avez manqués, n’en soyez pas malheureux, près de quarante autres rendez-vous du circuit américain vous attendent jusqu’au Tour Championship de clôture le 2 septembre. Le European Tour ne sera pas en reste avec pratiquement autant d’événements, moins dotés tout de même, projetés dans un avenir aux contours sanitaires et économiques incertains.
Un départ qui pose question
Et voilà! Une nouvelle fois, nous causons golf et le sujet est abordé du côté mâle. Le jeu de dames ne fait toujours pas le titre du jour, une image de Tiger Woods est plus vendeuse, disent-elles…
Aux Etats-Unis, Mike Whan vient d’annoncer qu’il quittait la tête du LPGA Tour après onze années à sa tête en ayant pratiquement doublé le nombre de tournois et le montant des dotations d’une saison. C’est un progrès indéniable tout en étant loin de cette parité dont on parle beaucoup, mais que sœur Anne ne voit toujours pas venir.
Le LPGA Tour 2021 a lancé sa saison la semaine dernière (21 janvier). Quant au Ladies European Tour, qui a lié son destin à son homologue américain, on ne connaît pas encore son programme, ses membres espérant un gros pas en avant, prêtes à faire éclore de nouveaux grands talents comme la danoise Emily Pedersen, gagnante de trois tournois consécutivement à fin 2020.
Elles ne jouent pas comme nous, les hommes. Leurs hybrides visent le drapeau quand nous ciblons d’abord le green
Objectivement il n’y a vraiment pas de raison de minimiser la qualité de ce “jeu de dames”, plus délié, plus souple. La force en est absente. Le spectateur assimile ainsi plus vite les détails à son profit, bien plus facilement que face à la puissance d’un drive de Woods, deChambeau ou Johnson dont la vitesse d’exécution fait barrage à son décodage.
« J’ai toujours été un fan du jeu des femmes, mais pas autant qu’aujourd’hui« , dit Geoff Ogilvy, vainqueur majeur attaché au Vic Open australien où pros et « proettes » jouent ensemble. « J’ai tout compris en suivant l’US Women’s Open 2014 disputé dans la foulée du tournoi masculin sur le même parcours (Pinehurst No 2) dans les mêmes conditions. Entre autres, elles ne jouent pas comme nous, les hommes. Leurs hybrides visent le drapeau quand nous ciblons d’abord le green« .
Swing et tempérament de championnes
Cette approche du golf explique en partie le succès que rencontre aujourd’hui le golf féminin. Ce n’est pas trop tôt après l’ostracisme dont les dames ont longtemps souffert, rejetées, ignorées, rabaissées. Il croit et embellit, offrant de superbes championnes, animatrices exceptionnelles, joueuses de tempérament au swing sacrément efficace. Si vous avez eu la chance de suivre le Tournoi des Championnes et la remontée de Jessica Korda le week-end dernier vous comprenez.
Au Japon, le tour féminin devance largement le circuit masculin. En Corée, les professionnelles attirent d’énormes foules qui statufient les championnes. Aux Etats-Unis, la télévision est maintenant bien accrochée. Et en Europe ?
Malgré le départ de Mike Whan, il faut espérer que l’association LET/LPGA permettra au “jeu de dames” d’accélérer sa séduction du public. L’Evian Championship en sera une belle vitrine dès le 20 juillet. En allant à la rencontre du swing des meilleures du monde, efficace, performant, le spectateur comprendra mieux comment Emily Pedersen (170 cm, 58 kg) drive sa balle à plus de 240 mètres en moyenne et elle n’est pas la plus longue en Europe.
Membre d’une souriante génération de joueuses dont la moyenne d’âge est nettement en baisse, la jeune danoise sait aussi se mettre en valeur de façon photogénique tant pour vous, public à conquérir, que pour les caméras TV qui se sont multipliées. A rougir de plaisir.
Philippe P. Hermann
Photo principale Atsushi Tomura/Getty Images