A 26 ans, Jon Rahm a remporté son premier tournoi du Grand Chelem dans un US Open qui restera dans les mémoires. La force de caractère colossale dont il a fait preuve pour aller chercher ce premier majeur est à l’image de son physique d’Hercule. L’itinéraire sans accroc de ce surdoué devrait le conduire vers d’autres triomphes…
Il y a plusieurs façons de remporter un premier majeur. On peut, comme Tiger Woods l’avait fait au Masters en 1997, exploser vite, très jeune à la face du monde et écraser la concurrence. On peut aussi, comme Phil Mickelson et Sergio Garcia, toujours à Augusta, attendre longtemps avant de décrocher la Une après plusieurs échecs, plusieurs regrets. On peut aussi faire du Jon Rahm.
Comme une évidence…
A l’image des trois champions pré cités, le talent fou du Basque a été reconnu dès son plus jeune âge et les plus grands succès lui ont été vite promis. Mais lui n’a pas gagné très tôt, ni sur le tard. A 26 ans, il s’est imposé dans cet US Open à un moment presque évident, un an après avoir été n°1 mondial, après plusieurs frémissements en Grand Chelem (7 top 10 avant ce titre).
Sa trajectoire vers les sommets aura été en tout point parfaite. Au terme d’un dimanche complètement dingue à Torrey Pines, il a conclu le tournoi façon chef-d’œuvre, par deux birdies sur ses deux derniers trous, deux putts de grand champion. La manière, le timing, tout porte à croire que Jon Rahm ne va pas s’arrêter en si bon chemin. Il est le digne héritier de Seve Ballesteros, son idole à qui il a rendu un hommage appuyé.
A win for Seve. pic.twitter.com/ka7G3fPyOB
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Les Mickelson avaient tout vu
Dès ses jeunes années, Jon Rahm Rodriguez, né le 10 novembre 1994 à Barrika au Nord de l’Espagne, a cassé la baraque sur les parcours de golf.
Il fait ses études à l’Université d’Arizona et domine de ses larges épaules le circuit amateur. Deux fois récipiendaire du Prix Ben Hogan qui récompense le meilleur joueur de « college », il remporte 11 titres entre 2014 et 2016 et occupe la place de n°1 mondial amateur pendant 60 semaines. Son swing est déjà considéré comme un modèle du genre.
From a young enthusiast to a major champion.
A closer look at Jon Rahm’s swing through the years. pic.twitter.com/MGRjNe0khF
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Son coach de l’époque n’est autre que Tim Mickelson, le frère de Phil. Tim prédit alors à son élève qu’il gagnera un jour un US Open. Phil parie avec l’ancien joueur Colt Knost que Rahm mettra moins d’un an à se faire une place dans le top 10 mondial lorsque l’Espagnol passe « pro » en juin 2016, juste après l’US Open remporté par Dustin Johnson où il finit meilleur amateur (23e).
En janvier 2017, Rahm enquille un putt de 18 mètres pour remporter son premier succès sur le PGA Tour au Farmers Insurance Open, déjà à Torrey Pines. Les frangins en connaissent un rayon côté golf…
Sportif accompli, maître zen en construction
Fan de hip hop, marié à son amour de collège Kelley Cahill (une ex lanceuse de javelot) qui vient de lui donner un premier enfant, Jon Rahm est un sportif accompli, passionné de tennis, de pelote basque, de football (il a joué au poste de gardien de but et est supporter de l’Athletic Bilbao), de kung fu… Cet art martial l’aide aussi à gérer son caractère bouillant sur les parcours. Même si sur ce plan-là, il y a encore du travail à faire…
Rahm a déjà cassé quelques clubs, pourri son fidèle caddie Adam Hayes, fait des mauvais choix au cœur de la bataille (on se souvient de son erreur stratégique lors du Players Championship en 2019).
Un cap, une péninsule
Mais la façon dont il a encaissé le coup dur de son contrôle positif à la Covid-19 alors qu’il menait de six coups le Memorial Tournament après 3 tours force le respect. Deux semaines plus tard, le voici champion du 121e US Open et redevenu n°1 mondial. Grâce à un finish étourdissant.
Alors jusqu’où peut-il aller ? Cette victoire iconique, sur le mythique parcours de Torrey Pines, obtenue au terme d’une bagarre de titans qui a impliqué Bryson DeChambeau, Rory McIlroy ou encore Brooks Koepka devrait placer sa confiance au firmament.
Quand on a battu en simple Tiger Woods pour sa première Ryder Cup ou battu Dustin Johnson dans un duel de cinglés au BMW Championship, la doute n’a pas vraiment sa place.
Mais le cap d’un premier majeur est toujours compliqué à franchir. Rahm a balayé d’un revers de sa large main les (rares) interrogations sur sa capacité à gagner les tournois qui comptent. D’autres viendront, c’est une certitude. Un cap de franchi ? Que dit-on, une péninsule, un océan de succès l’attend…