C’est sur la terrasse de l’hôtel Ness by D-Ocean donnant sur la plage et son lagon que Julien Guerrier a répondu à nos questions. Tout près de la victoire à deux reprises en 2022 sur le DP World Tour, le golfeur français mise évidemment sur un premier succès en 2023. Mais pas seulement. Interview.
Propos recueillis par Lionel VELLA, à La Réunion
Avec Grégory Havret, Julien Guerrier est la tête d’affiche de ces 9e Internationaux de France professionnels de double. Avant de s’élancer ce vendredi en compagnie de son ami Thomas Rouyer, il nous a consacré un petit quart d’heure. En toute décontraction.
Golf Planète : Est-ce la première fois que vous participez aux Internationaux de France professionnels de double ?
Julien Guerrier : Non, c’est, je crois, ma troisième ou quatrième présence ici à La Réunion. La dernière fois que j’ai pris part à ce tournoi, c’était il y a cinq ou six ans. Pour moi, l’idée première de ma présence ici, c’est de passer du bon temps avec mon pote (Ndlr, il fait équipe avec Thomas Rouyer) et de jouer en compétition. C’est bien d’avoir une carte dans la poche, d’affronter d’autres joueurs et de travailler le fond de jeu afin d’être prêt pour les premiers gros rendez-vous de janvier sur le Tour européen…
Dans une carrière professionnelle, le haut niveau, c’est évidemment important mais il faut aussi vivre, passer des bons moments.
G.P. : Auriez-vous pu vous aligner cette semaine à Leopard Creek à l’Alfred Dunhill Championship ?
J.G. : Oui ! Je devais jouer ces Internationaux de double l’an passé mais j’ai eu le Covid deux jours avant. J’avais donc promis à Thomas qu’on allait remettre ça en 2022. J’ai par conséquent organisé mon calendrier de fin d’année autour de ça… Dans une carrière professionnelle, le haut niveau, c’est évidemment important mais il faut aussi vivre, passer des bons moments. Toute l’année, on est dans le stress. Décembre est un mois où il n’y a pas de gros tournois… Et puis l’Afrique du Sud, pour être franc, j’ai du mal à y briller… Sur les dix-huit fois où j’ai joué dans ce pays, je n’ai passé que trois cuts. Le ratio n’est pas très bon (rires).
G.P. : Quel bilan pourriez-vous tirer de la saison 2022 sur le DP World Tour ?
J.G. : A la fin de 2021, j’étais un peu énervé sur mon jeu car je faisais beaucoup de cuts mais je finissais assez loin dans le classement (Ndlr, 27 tournois joués, 18 cuts franchis, un top 10). Je terminais entre la 30e et la 40e place… Dans le ventre mou, quoi. Là où il n’y a pas beaucoup de points à prendre… Je me disais donc qu’il fallait à la rigueur mieux faire des top 5 ou des top 10 et manquer plus de cuts. C’est plus lucratif quelque part. Je l’ai fait en 2022 (Ndlr, 24 tournois joués, 10 cuts franchis, deux 3e places, deux top 10). Mais au final, je souhaite surtout avoir un peu plus de régularité dans mon jeu. C’est ce que je vise en 2023.
Plus les années passent, plus c’est difficile. Le sport de haut niveau, ça use !
G.P. : Sans oublier cette première victoire…
J.G. : Bien sûr. On essaie toujours d’aller chercher le plus haut possible. Mais plus les années passent, plus c’est difficile. Le sport de haut niveau, ça use !
G.P. : Vos deux dimanches au Cazoo Classic puis au Cazoo Open cette année où vous passez à côté de votre journée alors que vous êtes à la lutte pour la victoire, c’est de l’histoire ancienne ?
J.G. : Oui car je sais exactement ce qui s’est passé pour moi. C’était assez clair. Mais de là à dire que j’ai trouvé la solution… On sait qu’au golf, quand on croit qu’on a tout compris, ce n’est pas forcément le cas. Pour être honnête, j’ai vécu cette expérience et je sais qu’elle sera bénéfique pour la suite. Je suis forcément déçu de l’issue mais fier aussi. Il y a donc un peu un mixte des deux… Je suis en revanche plus déçu de ma fin de saison où j’ai ouvert un chapitre de mon après carrière.
G.P. : C’est-à-dire ?
J.G. : J’ai ouvert quelques portes, je me suis concentré sur des projets une fois que j’aurais raccroché et j’ai vu que mon jeu en avait pâti. J’ai donc refermé ce chapitre et je m’en occuperai le temps voulu.
On sait qu’on a trois ou quatre semaines dans une saison où on est à son top, il faut par conséquent optimiser ces moments-là pour faire ses points. Le reste du temps, ce sera se mettre en position.
G.P. : Vous êtes encore jeune pourtant…
J.G. : J’ai 37 ans. Mais, je le répète, le sport de haut niveau, ça use. Je suis sur ce point admiratif de garçons comme Greg (Havret) et Raph (Jacquelin)… Le fait d’aller toujours chercher la performance, cela passe toujours par des ressources mentales et physiques. C’est justement là-dessus que je travaille. Je suis en ce moment en préparation pour janvier… J’avais orienté ma préparation physique différemment ces dernières années. J’étais plus sur de la mobilité et un peu moins sur du physique. Aujourd’hui, je vois que les mecs tapent de plus en plus fort. Même si je suis long à la base, je vois que je me fais dépasser. Je rajoute donc un peu de physique mais je veux aussi éviter des blessures… Je consulte en ce moment un nutritionniste pour essayer de comprendre les choses, je fais des analyses de sang… Mon pouce, ça va mais j’ai eu quelques petits pépins depuis. Des tendinites, des inflammations, des soucis à la clavicule… L’an dernier, j’ai eu quatre infiltrations. A des endroits différents. Dans le dos, à la clavicule, deux fois dans les doigts… J’ai un terrain inflammatoire, et j’essaie de le régler. Mais je garde ça pour moi.
G.P. : Comment va s’articuler votre début de saison ?
J.G. : Je suis parti pour jouer trois blocs de quatre semaines avec quinze jours de repos durant les coupures. Je vais donc prendre part aux quatre premiers tournois de 2023, les trois dans les Emirats (Abu Dhabi, Dubaï, Ras Al Khaimah) plus Singapour avant de breaker…
G.P. : Quel va être votre objectif principal en 2023 ?
J.G. : Au-delà d’une victoire, je veux plus de régularité. Je veux gagner évidemment, mais depuis ma blessure au pouce, c’est cette régularité que je recherche en priorité. Quand on la trouve sous pression, la victoire suit le plus souvent. Plutôt que de forcer les choses… C’est un truc qui arrivera, on va dire, naturellement. On sait qu’on a trois ou quatre semaines dans une saison où on est à son top, il faut par conséquent optimiser ces moments-là pour faire ses points. Le reste du temps, ce sera se mettre en position. Des fois, ça va sourire, des fois non.
Photo : Getty Images