En 2005, Michelle Wie, 15 ans, faisait déjà sa 3e incursion chez les hommes au John Deere Classic. Si elle n’a pas franchi le cut, l’adolescente permit au tournoi de prendre une autre dimension.
Elle devait tout fracasser sur son passage. Battre tous les records du LPGA, remporter de nombreux Majeurs et faire la nique à ses collègues masculins. A 15 ans, l’Américaine Michelle Wie était au firmament avant même d’avoir pu emboucher les trompettes de la renommée.
Plusieurs tentatives infructueuses sur le PGA Tour
Sa carrière, aujourd’hui mise entre parenthèses, n’a pas eu les résultats escomptés avec seulement 5 victoires professionnelles dont 1 US Women’s Open en 2014 et plusieurs cuts ratés chez les… hommes. A ce jour, Babe Zaharias demeure la dernière à avoir réalisé cet exploit sur le PGA Tour. C’était en 1945…
A 14 ans, elle rate le cut au Sony Open d’un coup !
Sûre de son talent, l’Hawaïenne accepte en 2005 une invitation pour participer au John Deere Classic. Elle a déjà tenté sa chance à deux reprises, chez elle à Honolulu, au Sony Open. Elle y a notamment raté le cut pour un seul petit coup en 2004. Cette fois, pour sa 3e tentative sur le PGA Tour, elle est bien décidée à rentrer dans l’Histoire.
Une invitation controversée
Comme à chaque fois, sa venue n’est pas exempte de controverses. Pourquoi une adolescente qui n’a encore rien prouvé – elle vient de finir tout de même 2e du LPGA Championship – prend-elle la place d’un homologue masculin qui doit travailler ? Wie a une bonne raison : elle a besoin de jouer car, compte tenu de son âge, elle ne peut intégrer pleinement le LPGA.
Un score de -1 au premier tour
Tout commence dans le meilleur des mondes en ce jeudi 7 juillet 2005 quand la « record-baby-woman » de précocité (1 US Open amateur à 13 ans !) entame le tournoi par un 1er tour en 70, soit 1 en-dessous du par. Venu par milliers, le public constate tout d’abord que la teenager a troqué sa jupette (shocking !) pour un pantalon afin d’obéir aux normes PGA. Il s’aperçoit surtout qu’elle ne manque pas de puissance !
Sur le difficile par 5 du 17, elle frôle même l’eagle après avoir envoyé à son 2e coup un missile de 235 m au bois 3, à seulement 3 m du drapeau ! Mais hélas, son putting n’est pas encore à la hauteur de son petit jeu, très performant.
Son objectif marqué sur la boucle de sa ceinture
Wie va le prouver le lendemain avant de s’effondrer sur les 6 derniers trous. Confiante, elle arbore une ceinture achetée en France dont la boucle marque son score fétiche de 68. L’Américaine démarre sur les chapeaux de roues avec 2 birdies en trois trous. Wie a même la baraka, aussi grosse que son insouciance juvénile.
Sur le par 3 du 12 (elle a débuté par le retour), son tee-shot envoie sa balle vers les premières rangées de spectateurs. Fort heureusement pour elle, la balle rebondit sur le genou d’un homme qui déclarera plus tard « Je joue au football américain au poste de linebacker et je sais comment garder la balle en jeu sur le terrain. »
Elle est à -4 à l’aller du 2e tour avant de sombrer
Effectivement, la balle finit par atterrir à 12 m du trou. Chanceuse, Wie a aussi du talent : elle réalise une merveille de chip-in devant un public en transe. Celui-ci finit par chavirer de bonheur au 18 lorsqu’elle s’approche tout près du trou avec un coup de fer de 145 m… Après neuf trous, elle passe à -4 sous les yeux admiratifs de ses homologues masculins.
Michelle Wie est d’abord un produit d’appel
Le John Deere Classic a réussi son coup : le tournoi n’a jamais accueilli autant de personnes un vendredi et les organisateurs ont même été contraints de dresser une autre tente média pour accueillir la multitude de journalistes venus découvrir le phénomène. La majorité en est sûre : on a trouvé une Tigresse Woods !
Hélas, comme l’avenir le prouvera, elle ne va pas répondre aux attentes. Après un double bogey au 6 et un bogey au 7, Michelle termine dans le par, à 2 coups du cut. Mais l’expérience a été profitable, en ayant emmagasiné de… l’expérience. Ce sera pour l’année prochaine !
Elle tente à nouveau sa chance en 2006
En 2006, passée professionnelle et nantie de plusieurs contrats de sponsoring qui lui garantissent un revenu de 10 millions de dollars par an, la joueuse retourne dans l’Illinois, au TPC Deere Run. Mais ce n’est déjà plus comme avant, et son histoire avec le tournoi se termine en eau de boudin.
Après un premier tour en +6, elle abandonne au milieu du 2e tour invoquant la chaleur et la fatigue. Grand bénéficiaire de sa présence, le John Deere Classic ne lui en a pas forcément tenu rigueur…
Photo ©Matthew Stockman Getty Images via AFP