Disputé traditionnellement au printemps, le Masters va se jouer cette fois en automne, à huis clos. Cela va-t-il changer la donne ? Les joueurs donnent leur avis.
La préparation
Oublié le traditionnel « Florida Swing » d’avant Masters, : ce sont plutôt des tournois sur la côté ouest qui ont précédé, deux à Las Vegas, un en Californie (également un au Texas et un autre aux Bermudes). Conséquence, il est difficile de désigner les joueurs en forme, d’autant plus que le favori Bryson DeChambeau a pris un mois de pause de compétition.
« C’est un challenge différent, d’être prêt pour ce grand rendez-vous sans aucune repères. Pour nous tous« , constate Tiger Woods. Le Tigre n’a de toute façon pas beaucoup joué en 2020, il est difficile de savoir vraiment où il en est. Mais même si Dustin Jonhson ou Brooks Koepka sont récemment montés en puissance, personne n’affiche vraiment une forme époustouflante depuis quelques semaines…
Moins de coups roulés
Les conditions de jeu
« Le parcours sera plus long, il va moins rouler, mais ce qui va le plus changer ce sont les coups autour des greens, le chipping. Fini les « bump and run« . » Tiger Woods est persuadé que les conditions humides vont avoir un impact sur le petit jeu essentiellement. On sait que de nombreux coups d’approche au Masters peuvent se jouer en tapant les contours du green puis en laissant rouler la balle, comme au trou n°3 notamment, où les joueurs ont traditionnellement un deuxième coup d’une cinquantaine de mètres pour attaquer un green minuscule. « Après les parties d’entraînement, on a déjà beaucoup de divots autour des greens, ce qu’on ne voit pas d’habitude, poursuit le tenant du titre. Vous verrez donc beaucoup moins de coups roulés. »
« Les fairways seront un tout petits plus hauts, je pense que cela va permettre une plus grand tolérance sur le contact du jeu de fers, estime Adam Scott, vainqueur en 2013. D’habitude avec le gazon très ras, le contact doit être très fin. Là ce sera un peu différent car il a fait chaud au début de l’automne et le Bermuda a beaucoup poussé. Et même si je n’ai pas encore pu m’en rendre compte, beaucoup de joueurs m’ont dit que l’impact le plus important pour eux concernait le petit jeu. »
« Pour moi il est évident que ces petits brins d’herbe en plus vont faciliter le petit jeu, confirme l’Anglais Tommy Fleetwood.
En ce qui concerne le putting, au contraire, les conditions automnales ne devraient pas être à l’avantage des joueurs.
« Il y a quelques tâches brunes déjà sur les greens qu’on ne voit presque jamais au printemps, constate un autre récent vainqueur, Jordan Spieth. Et quand on les voit, c’est l’assurance de greens rapides et fermes. Si la pluie ne les ralentit pas, cela pourrait être un gros challenge. »
Des averses sont toutefois prévues pour jeudi…
« Les spectateurs me rendent nerveux »
L’absence de spectateurs
Pour certains, cela ne changera rien à la donne, pour d’autres en revanche, le Masters à huis clos sera appréhendé différemment. « L’an passé les « patrons » m’ont aidé à gagner, c’est une certitude, confesse Tiger Woods. L’ambiance va me manquer, leur soutien aussi. »
« D’habitude l’atmosphère est électrique le dimanche, et avec l’expérience, j’ai appris à décoder les rugissements de la foule. Cette fois, nous n’aurons pas ces ‘informations’ « , prophétise Jon Rahm.
« En tant que compétiteur, cela ne change rien du tout pour moi, contredit Jordan Spieth. Le public va me manquer, mais son absence n’aura pas d’impact sur mon jeu. »
« Je pense que c’est mieux en ce qui me concerne, car ils (les « patrons », spectateurs du Masters) me rendent nerveux, reconnaît le double lauréat Bubba Watson, qui a avoué récemment avoir souffert d’un problème d’anxiété. Comme j’ai déjà gagné ici, ils m’offrent toujours une ovation spéciale quand j’arrive sur le green du trou n°11 et au départ du n°12. Je dois avouer que cela m’a souvent rendu nerveux.»
Le cas particulier de Bubba évoqué, tous les joueurs sont unanimes pour regretter l’absence de public. « Mais c’est une année particulière pour tout le monde, alors il faut rester relax devant la situation. Nous avons surtout de la chance de pouvoir jouer ce tournoi », conclut Rory McIlroy.