Le commissaire général du PGA Tour, Jay Monahan, a prévu de rentrer cette semaine de son congé maladie. Il va devoir faire preuve de diplomatie pour restaurer la confiance de ses joueurs, totalement exclus des négociations secrètes sur une fusion éventuelle entre le PGA Tour et le circuit alternatif LIV Golf, souhaitée par le Fonds d’investissement public (PIF) saoudien…
La plupart des conversations, mercredi dernier avant le coup d’envoi du Genesis Scottish Open au Renaissance Club de North Berwick, ont tourné autour de l’audition du Sénat américain, au Capitole, sur le futur partenariat éventuel entre le PGA Tour et le Fonds d’investissement public (PIF) d’Arabie saoudite. Ce PIF qui avait débauché à prix d’or, l’an dernier, certains de ses meilleurs joueurs. Et les oreilles de Jay Monahan, le patron du PGA Tour, ont dû siffler, à plusieurs milliers de kilomètres de l’Ecosse. Quelques jours avant son retour au bureau, le 17 juillet.
McIlroy: motus et bouche cousue
Rory McIlroy, le plus farouche adversaire de LIV Golf, s’est bien gardé de s’exprimer, surtout après la révélation, mardi à Washington, qu’il avait eu une réunion très courtoise et constructive, fin 2022, avec Yasir Al-Rumayyan, le gouverneur du PIF, pour évoquer l’avenir et un possible rapprochement entre les deux circuits rivaux. Bien avant l’idée folle des Saoudiens, fin avril, d’en faire le propriétaire-joueur d’une équipe du LIV Golf.
Ce gars (Jay Monahan) était censé être là pour nous. Mais il ne l’était pas.
Xander Schauffele
En revanche, Xander Schauffele, le champion olympique de golf à Tokyo, n’a pas pris de gants: « On peut dire que c’est l’une des périodes les plus difficiles traversées par le PGA Tour. Ce gars (Jay Monahan) était censé être là pour nous. Mais il ne l’était pas. De toute évidence, il a eu des problèmes de santé. Je suis heureux qu’il se sente beaucoup mieux. Mais oui, il devra répondre à beaucoup de questions difficiles à son retour. Je ne fais pas confiance aux gens facilement. Il avait ma confiance, il l’a beaucoup moins aujourd’hui et je ne suis pas le seul à le dire ».
Pas informés du tout…
Totalement exclus des négociations qui ont duré plusieurs mois entre une poignée d’hommes influents, lors de parties de golf et de réunions secrètes à Londres, Venise et San Francisco, les joueurs du PGA Tour sont, pour la plupart, très énervés d’avoir appris dans la presse, à la télévision et sur les réseaux sociaux, qu’un accord-cadre avait été signé en vue d’une fusion éventuelle des deux circuits rivaux. Sans avoir été informés du tout par Jay Monahan, même avant l’annonce de l’accord, le 6 juin.
Il y a des désaccords sur certains points, et si c’est le cas il n’y aura pas d’accord durable, ça ne pourra pas fonctionner
Jordan Spieth
« On a vu des compte rendus, entendu des choses, puis vu d’autres compte rendus, et certaines choses ont changé, puis d’autres encore. Il y a des désaccords sur certains points, et si c’est le cas il n’y aura pas d’accord durable, ça ne pourra pas fonctionner », a estimé Jordan Spieth, interrogé sur le même sujet. « Honnêtement, nous ne savons pas grand-chose. Et je ne siège pas au conseil d’administration, je ne fais pas non plus partie du PAC (le Conseil consultatif des joueurs du PGA Tour) », a rappelé l’Américain, vainqueur de trois Majeurs en carrière, pour résumer le sentiment général.
« D’après les conversations que j’ai eues avec des joueurs, Jay (Monahan) va devoir gérer des problèmes de confiance un peu partout. Je pense qu’il en est conscient. Je suis sûr qu’il prépare un plan pour essayer de rétablir cette confiance », a ajouté Spieth, qui vient d’investir avec Justin Thomas dans Leeds United, le club de football anglais fraîchement relégué en 2ème division anglaise.
Scheffler est « un peu inquiet »
Autre réaction attendue la semaine passée en Ecosse, après l’audition de Washington, celle du numéro un mondial, Scottie Scheffler : « Nous n’avons pas vraiment appris grand-chose, encore une fois. Quand nous sommes en tournée, nous ne savons pas toujours très bien ce qui se passe et c’est un peu inquiétant. Ils n’arrêtent pas de dire que c’est une organisation gérée par les joueurs, mais nous n’avons pas vraiment les informations dont nous avons besoin. J’ai regardé une partie de l’audition et je n’ai rien appris. Je ne sais donc pas quoi dire. Aucun joueur n’a été impliqué dans les discussions qui ont abouti à l’accord-cadre (annoncé le 6 juin). Nous ne savons donc pas vraiment ce qu’il en est », a conclu le vainqueur du Masters 2022.
Photo: AFP